Les Affaires

MÉTAUX : LÀ OÙ ÇA BRILLE ET LÀ OÙ ÇA BRILLE TROP

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | @f_pouliot

B ien que toujours relative, la confiance est de retour sur les marchés financiers. Les indices continuent de pointer vers de nouveaux sommets à New York et les prévisions économique­s laissent entrevoir des jours assez porteurs.

La Chine devrait notamment mieux performer que prévu en 2017, disait notamment, il y a quelques jours, le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), en haussant son anticipati­on de croissance du PIB de 6,2 % à 6,5 %.

La Chine est le plus important consommate­ur de métaux du monde. L’idée nous est donc venue de faire le tour du secteur pour voir s’il n’y aurait pas des occasions intéressan­tes à saisir.

Constat : ça brille un peu partout, mais tout ce qui brille n’est pas or. Fer : mieux vaut ne pas se laisser aveugler Le prix du minerai de fer est à plus de 80 $ US. Il y a un an, il était à 40 $ US.

À la source de cette spectacula­ire poussée, une accentuati­on de la demande en Chine, en raison des programmes de stimulatio­n économique.

Force est cependant d’avouer que beaucoup d’analystes se grattent l’occiput et ont de la difficulté à expliquer l’ampleur du redresseme­nt. Intuition : ça sent les fonds spéculatif­s. La difficulté est que leur entrée en scène est toujours suivie d’un moment où l’élan s’arrête, où les cours fléchissen­t, et où tout le monde cherche ensuite à sortir. Le fait que les analystes aient de la difficulté à rationnali­ser la poussée sur des bases fondamenta­les est indicateur que ce moment n’est probableme­nt pas tellement éloigné. Nickel : ici aussi ça semble un peu trop brillant À près de 5 $ US/livre, le prix du métal est en hausse de 34 % par rapport au creux de février 2016. Belle poussée, mais il y a beaucoup de points d’interrogat­ion pour la suite. La Banque Scotia explique le bond par le fait que l’offre a reculé de 3,1 %, alors que la demande en acier inoxydable grimpait sous l’impulsion de la demande chinoise.

Le problème est qu’il y a de l’artifice dans la baisse de l’offre. Afin de forcer les Chinois à construire des usines de transforma­tion dans son pays, l’Indonésie, premier producteur mondial, a mis en place un embargo sur les exportatio­ns de nickel non transformé. L’objectif était de faire monter les prix de la matière première. Problème : les Philippine­s ont pris le relais et comblé en partie la baisse de l’offre. Pour des motifs environnem­entaux, les Philippine­s pourraient aussi abaisser leur production (ce qui entraînera­it plus loin la poussée), mais l’Indonésie commence à envoyer des signes d’assoupliss­ement sur l’embargo (finances publiques obligent). Si les Philippine­s ne bougent pas, et que l’Indonésie assouplit, l’offre augmentera.

Pendant ce temps, les stocks demeurent importants. La Scotia évalue les stocks visibles à 546 000 tonnes, alors que le déficit n’a été que de 54 tonnes cette année.

Pas exactement une piste d’envol sans brouillard. Le zinc : là, ça devient étincelant Si l’on en croit l’équipe d’analystes de la Scotia, 2017 pourrait bien être l’année du zinc. L’arrivée en fin de vie et la fermeture de quatre importante­s mines entre 2013 et 2016 ont significat­ivement changé le jeu de l’offre et de la demande en retranchan­t l’équivalent de 8 % de la production mondiale.

Ce retranchem­ent n’a pas vraiment été comblé par de nouvelles ouvertures de mines, le signal de prix dans les dernières années n’ayant pas été favorable.

Si bien que la maison prévoit maintenant pour la période 2017-2019 des déficits de 618 000 tonnes, 423 000 tonnes et 212 000 tonnes. Le tout est à mettre en relation avec des stocks accumulés (inventaire­s mondiaux) visibles de 741 000 tonnes et probableme­nt entre 100 000 et 200 000 tonnes de stocks cachés. Le signal sur les prix risque d’être important.

La maison voit passer le métal de 0,95 $ US la livre en 2016 à 1,30 $ US en 2017 et 1,50 $ US en 2019. Le cuivre : ça ressemble au zinc, mais plus loin La commodité la plus embêtante du secteur des métaux. Le prix est en hausse de 25 % par rapport à l’an dernier, autour de 2,60 $ US la livre.

La plupart des analystes s’attendent à ce que 2017 et 2018 soient des années qui se terminent avec un marché où l’offre et la demande seront somme toute en équilibre.

La Scotia anticipe cependant d’importante­s complicati­ons d’approvisio­nnement pour 2020 et 2021. En raison de l’épuisement de certaines mines et du manque de projets. À son avis, il faut un prix à 3 $ US la livre pour inciter des minières à développer de nouveaux projets, et au moins quatre à cinq ans sont nécessaire­s. Si bien que les déficits prévus ces années sont respective­ment de 346 000 et 730 000 tonnes. Le tout est à mettre en perspectiv­e avec des inventaire­s à environ 1 million de tonnes. La maison voit le prix du cuivre atteindre à ce moment les 3,50 $ US.

On notera que le signal de prix est lointain. Prendre en compte également que la Chine représente actuelleme­nt 48 % de la demande mondiale en cuivre. Le chiffre est insoutenab­le à long terme, puisque l’économie chinoise est loin de peser aussi lourd dans l’économie mondiale. Des titres à considérer ? Évidemment, le mieux est de rechercher des sociétés exposées au zinc et au cuivre. Si on croit que les scénarios optimistes se matérialis­eront, la Scotia et Financière Banque Nationale aiment bien les titres de HudBay Mineral (HBM, --- $), Lundin Mining (LUN, --- $) et First Quantum (FM, --- $).

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