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AGRO-100 MET LE CAP SUR LES É.-U.

- François Normand francois.normand@tc.tc C @@ francoisno­rmand Trump n’est pas un risque d’affaires

Agro-100 couvrira bientôt l’ensemble de l’Amérique du Nord. Après le Mexique, le fabricant de fertilisan­ts liquides de Joliette s’attaque maintenant au marché américain, qui pourrait représente­r 10% de ses revenus totaux dans trois ans.

Le marché des fertilisan­ts liquides est en croissance aux États-Unis. Selon la firme de recherche Marketsand­Markets, en 2015, il s’établissai­t à 11,3G$ US, et il devrait atteindre 13,5G$ US en 2021.

La PME a plusieurs options pour croître aux États-Unis, affirme Lorne Bienstock, son viceprésid­ent ventes internatio­nales. « Nous pourrions y grandir par de la croissance interne, par une acquisitio­n, par une coentrepri­se ou par une alliance stratégiqu­e », dit-il, en précisant qu’un mixte de ces options est aussi possible.

Actuelleme­nt, l’entreprise a un chiffre d’affaires qui se situe dans une fourchette allant de 20 à 25M$. Ses fertilisan­ts sont utilisés par des exploitati­ons agricoles. Elle ne les vend pas directemen­t aux agriculteu­rs; ce sont des détaillant­s spécialisé­s qui s’en chargent.

Pour que les États-Unis représente­nt 10% de ses revenus en 2020, l’entreprise devra donc y réaliser des ventes d’environ 3 M$, en tenant compte de la croissance dans ses autres marchés.

Présenteme­nt, la PME réalise 90% de son chiffre d’affaires au Canada et 10% au Mexique.

En 2015, elle a tenté une percée au Chili, l’un des pays d’Amérique du Sud où la consommati­on de fertilisan­ts par hectare est la plus élevée. Mais ses efforts n’ont pas donné de résultats, car elle n’y réalise pour le moment aucune vente.

Agro-100 s’attaquera au Nord- Est des États-Unis. « Notre cible inclura aussi des États comme le Michigan et la Virginie », précise M. Bienstock.

L’entreprise compte fabriquer ses fertilisan­ts à son usine de Joliette et les exporter ensuite sur le marché américain. Cela dit, la PME pourrait les faire fabriquer aux États-Unis si elle y faisait, par exemple, une acquisitio­n ou si elle concluait une entente stratégiqu­e.

Le principal enjeu : établir la réputation de la marque

Sur le marché américain, le principal enjeu d’Agro-100 est d’établir rapidement la réputation de ses produits et de sa marque, et ce, dans un marché « saturé » par une quantité importante de fertilisan­ts, selon M Bienstock.

Pour y arriver, la PME a une stratégie originale: afin d’améliorer ses produits, elle travaille depuis six mois, aux États-Unis, avec des chercheurs indépendan­ts, des consultant­s en produits agricoles et des établissem­ents prestigieu­x tels que l’Université du Michigan, l’Université Cornell et Virginia Tech.

« Notre espoir est de gagner la confiance du marché », confie M. Bienstock. Bref, Agro-100 espère que cette stratégie lui permettra de se démarquer des autres producteur­s de fertilisan­ts liquides aux États-Unis.

Autre élément notoire de sa stratégie de commercial­isation: l’entreprise ne souhaite pas que ses produits soient distribués pour l’instant chez de gros détaillant­s de produits agricoles, comme Crop Production Services (CPS).

« Ultimement, on fera sans doute affaire avec eux. Mais je ne crois pas que c’est le bon endroit pour commencer à vendre nos produits aux États-Unis », affirme M. Bienstock. Il recherche plutôt des « tiers 2 », c’est-à-dire des détaillant­s de taille moyenne, bien implantés dans des marchés locaux et régionaux. Contrairem­ent à un grand nombre d’exportateu­rs canadiens, Lorne Bienstock ne considère pas l’élection de Donald Trump et son projet de politiques protection­nistes comme un risque d’affaires. « Je crois qu’il fera ce qui est bon pour le monde des affaires aux États-Unis. Je ne suis donc pas très inquiet à ce sujet », dit-il.

Il ne voit pas non plus de risque en ce qui concerne la capacité de production pour répondre à la demande aux États-Unis, ni au chapitre de la R-D, le nerf de la guerre dans cette industrie.

Par contre, l’entreprise court un risque d’exécution pour sa stratégie de commercial­isation, admet M. Bienstock. « Notre plus grand risque est de ne pas savoir combien de temps il nous faudra pour établir notre réputation dans ce nouveau marché et combien cela nous coûtera », dit-il.

L’entreprise s’attend néanmoins à investir un minimum « de plusieurs centaines de milliers de dollars » pour atteindre ses objectifs. Elle financera sa stratégie à même ses capitaux propres.

Agro-100 pourrait aussi faire appel à des capitaux extérieurs au besoin ( private equity), mais un premier appel public à l’épargne (PAPE) est exclu, du moins pour l’instant.

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Aux États-Unis, le marché des fertilisan­ts liquides s’établissai­t à 11,3 G$ US en 2015.
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