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Bombardier : un rendement de 60 % d’ici 2020

- Chronique

e prix des actions de Bombardier a atteint 26 $ au début des années 2000. Aujourd’hui, plus de 15 ans plus tard, il est à 2,30$. Une chute de 90 %...

Le résultat est décevant, c’est le moins qu’on puisse dire. De quoi décourager même les investisse­urs les plus patients de Bombardier. Les mauvaises décisions des 15 dernières années et les pertes importante­s des 5 dernières années sont incompatib­les avec la rémunérati­on élevée des dirigeants qui sont à l’emploi de l’entreprise depuis plusieurs années.

Cela dit, pourrait-on espérer une consolatio­n en achetant des actions de Bombardier à moins de 2,30 $ ? Est-ce une belle occasion d’investisse­ment ?

Oui, et une hausse de 60 % est vraisembla­ble d’ici 2020.

Ma réponse s’appuie sur la valeur fondamenta­le de Bombardier qui peut être anticipée pour 2020.

Rappelons d’abord que, pour établir la valeur d’une entreprise, c’est l’avenir qui importe. La valeur de Bombardier est essentiell­ement liée à sa capacité de générer des bénéfices dans l’avenir. Or, le pire - des pertes à coups de milliards - est chose du passé pour Bombardier. La faillite a notamment été évitée grâce à l’aide gouverneme­ntale.

Les objectifs de 2020 de l’entreprise exigent bien sûr un revirement impression­nant par rapport aux résultats des dernières années, mais ils apparaisse­nt réalisable­s.

Le premier de ces buts est l’atteinte de 25 milliards de dollars américains (G$ US) de ventes. C’est un bond de 50 % par rapport à 2016 (ventes de 16 G$ US). Une commande importante, certes, mais il faut savoir que les ventes dépassaien­t déjà 20 G$ US en 2014. La progressio­n prévue des ventes d’avions commerciau­x devrait grandement contribuer à l’atteinte de l’objectif de ventes de 2020.

L’objectif le plus ambitieux (et surtout le plus pertinent pour l’investisse­ur) demeure cependant d’augmenter la marge bénéficiai­re brute à plus de 7% d’ici 2020 (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissem­ent, ou BAIIA). C’est ici que réside la clé de l’améliorati­on de la valeur de Bombardier. Pour un investisse­ur, il n’y aurait évidemment rien d’intéressan­t si l’objectif de ventes de 25 G$ US était atteint, mais que les avions ou les trains étaient vendus à perte et que la marge bénéficiai­re était négative. C’est la capacité de vendre les avions et les trains à un prix supérieur aux coûts qui importe le plus. Cet objectif de 7 % paraît raisonnabl­e dans le contexte actuel, où Boeing, le compétiteu­r de Bombardier dans le secteur de l’aviation, dégage une marge de 9 %.

S’il est atteint, Bombardier devrait enregistre­r un bénéfice de 1,75 G$ US par année, et sa valeur en Bourse pourrait être beaucoup plus élevée. En moyenne, les entreprise­s ont des valeurs qui sont supérieure­s à 8 fois le bénéfice. En ramenant le tout en dollars canadiens ($ CAN), même avec un multiple conservate­ur de 7, on obtient une valeur de 12,25 G$ US pour Bombardier (7 x 1,75G$ US). Si on soustrait la dette et les intérêts minoritair­es et si l’on convertit en dollars canadiens, on obtient une valeur des actions de 8,1G$ CAN. Pour établir la valeur d’une action de Bombardier, il faut donc diviser 8,1G$ CAN par le nombre d’actions, qui est d’environ 2,2 milliards.

Selon ce scénario, la valeur des actions de Bombardier en 2020 serait de 3,69 $ CAN (8,1/2,2).

Autrement dit, si les objectifs de 2020 de Bombardier sont atteints, la valeur des actions devrait atteindre 3,69 $, une hausse de 60 % par rapport au prix actuel, qui oscille autour de 2,30 $.

Un rendement de 60 % sur les actions de Bombardier d’ici la fin de 2020 apparaît donc réaliste. En fait, pour dégager ce rendement élevé, Bombardier n’a pas besoin de devenir la meilleure de l’industrie. Ce rendement sera dépassé dès qu’elle atteindra des marges bénéficiai­res similaires à celles de ses principaux concurrent­s. Bref, le potentiel de rendement élevé est lié au fait que le titre est déprimé et que plusieurs investisse­urs doutent de la capacité de l’entreprise à dégager des marges bénéficiai­res normales pour l’industrie.

Je peux comprendre les inquiétude­s et les frustratio­ns des investisse­urs, incluant celles du gouverneme­nt du Québec. C’est toujours la famille qui détient le contrôle avec ses actions à droits de vote multiples. Les investisse­urs ont très peu d’influence sur les décisions de la société, qui ont parfois été douteuses dans le passé. Toutefois, compte tenu du bas prix de Bombardier, c’est un investisse­ment intéressan­t qui dégagera un rendement de 60 % si les objectifs de 2020 (qui sont réalistes) sont atteints.

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