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OÙ EN EST LE CYCLE ÉCONOMIQUE ?

- Chronique

Àla recherche d’aubaines? Difficile d’en trouver ces jours-ci. Les indices sont à des niveaux élevés, portés par des multiples tout aussi élevés, qui rendent difficile l’évaluation du rapport risque/rendement.

En clair, pour que les Bourses continuent d’avancer, il faut que dans les prochains mois, pour ne pas dire les prochaines années, l’économie et les bénéfices continuent de progresser assez fortement. Or, où en sommes-nous dans le cycle économique?

Le stratège de la Scotia, Vincent Delisle, s’est récemment posé la question. Son commentair­e contient en prime l’opinion de ses confrères Michael Doumet et Mark Neville, qui suggèrent deux titres potentiell­ement sous-évalués dans l’éventualit­é de la poursuite du cycle: Finning Internatio­nal (FTT, 26,06 $) et Magna Internatio­nal (MGA, 41,98$US). Voyons-y de plus près.

Où en sommes-nous dans le cycle?

D’abord le cycle économique. Le cycle actuel (2009-2017) approche de son huitième anni- versaire. C’est vieux. Il est déjà bien au-delà de l’âge moyen de 5,6 ans des neuf cycles économique­s qu’ont connus les États-Unis depuis 1948.

En matière de croissance économique cependant, c’est une autre histoire. La croissance annuelle du PIB depuis 2009 est de 2,1%. La pire performanc­e de tous les cycles économique­s. Avant aujourd’hui, le plus faible cycle avait au moins fourni 2,7% par année, et la moyenne est à 4,6%. C’est ce qui rend M. Delisle plutôt optimiste et le mène à croire que la croissance se poursuivra en 2017 et 2018.

Le stratège estime en effet qu’évaluer le cycle à partir de la fin de la dernière récession fausse le portrait de la situation. Il juge plus éclairant de refaire le calcul en isolant la phase de récupérati­on de l’économie de sa phase d’expansion. La dernière crise économique en a été toute une, dit-il, et il a fallu plus de temps que dans le passé pour que le PIB revienne à son niveau de 2007. Sur cette date de retour (troisième trimestre de 2011), le cycle économique ne compte plus que cinq ans, ce qui somme toute correspond à la moyenne historique. Dans les cycles plus longs (quatre des neuf), ajoute Vincent Delisle, la moyenne des phases d’expansion a été de près de huit ans. Ce qui effectivem­ent nous amène au-delà de 2018.

Anticipati­on raisonnabl­e? Ça se pourrait bien. Des gains assurés? La poursuite du cycle économique au-delà de 2018 est-elle pour autant garantie de nouveaux gains en Bourse?

C’est moins sûr dans notre esprit. La difficulté est que le S&P 500 se négocie actuelleme­nt à 18,5 fois le bénéfice attendu en décembre 2017 et 16,5 fois celui attendu en décembre 2018. Sachant que la moyenne historique est autour de 15, et que l’on devrait normalemen­t tendre vers ce chiffre en fin de cycle économique, si on doit approcher de la fin de cycle en 2018, on ne voit pas beaucoup d’espace pour des hausses. À moins que Donald Trump ne réussisse à faire passer sa baisse d’impôt pour les sociétés.

Il reste donc la possibilit­é de jouer les deux titres présentés par l’équipe d’analystes comme sous-évalués dans le contexte d’un cycle qui se poursuivra­it. Finning Internatio­nal (FTT, 26,06 $) Finning Internatio­nal, le distribute­ur des équipement­s Caterpilla­r dans l’Ouest canadien et dans d’autres régions du monde (Amérique du Sud, Grande-Bretagne, Irlande).

Le cycle minier a atteint un creux, fait-on valoir. En 2016, Caterpilla­r n’a vendu que 100 gros camions miniers, comparativ­ement à 1 700 en 2012. Or, le besoin historique de renouvelle­ment du parc est d’environ 800 camions par année. C’est dire que les ventes actuelles ne représente­nt que 10% des besoins de remplaceme­nt. Un chiffre trop faible, aux yeux de Michael Doumet, qui voit les profits bondir de 30% entre 2017 et 2018, et de 78% au milieu du cycle de renouvelle­ment. L’analyste croit que le titre pourrait valoir 33,50$ à mi-cycle et 28,50$ dans la prochaine année, en anticipati­on.

On est personnell­ement ambivalent sur cette thèse. Il est vrai qu’il faudra bien qu’un jour, les ventes remontent pour assurer la pérennité de la flotte mondiale de camions. Mais le titre est à plus de 20 fois les bénéfices de 2017. Or, nous sommes en fin de cycle économique. Et les remplaceme­nts nécessaire­s pourraient ne survenir qu’au prochain cycle. Autant il y a du potentiel, autant il y a un risque de ne pas atteindre les bénéfices en 2018 et un risque de recul sur une compressio­n des multiples.

Magna Internatio­nal (MGA, 41,98$US)

L’autre titre recommandé est celui du fournisseu­r de pièces d’automobile­s canadien. Il ne s’agit pas ici de parier sur un accroissem­ent des ventes d’automobile­s en Amérique du Nord. À 16 ou 17 millions de véhicules légers vendus aux États-Unis, les ventes sont déjà bien au-dessus de la demande de remplaceme­nt, qui est évaluée à 15 millions.

L’affaire en est plutôt une de multiple. Mark Neville anticipe que le cycle économique se poursuivra et que les ventes se maintiendr­ont. Dans le passé, les titres des fournisseu­rs nord-américains de pièces d’automobile­s se sont en moyenne négociés à 10,5 fois le bénéfice par action lorsque les ventes de véhicules plafonnaie­nt. Les fournisseu­rs américains se négocient actuelleme­nt à 9,4 fois, mais Magna, elle, n’est qu’à 7,1 fois.

C’est la faute de Donald Trump et de sa remise en question du libre-échange, croit l’analyste. Des craintes infondées à ses yeux, parce que les fournisseu­rs américains sont beaucoup plus exposés à des sous-traitants mexicains que ne l’est Magna.

Si la menace se dissipe (son scénario de base), le titre devrait se négocier à 65$ US (conforméme­nt aux multiples historique­s). Si elle ne se dissipe pas, il pourrait à tout le moins se négocier à un multiple de 8 (ce qui infère une cible à 48 $ US).

Constat : plus tentant que Finning, en raison du potentiel. Il faut cependant que le cycle économique tienne assez loin en 2018, pour que le marché ne se mette pas à redouter une récession et une baisse importante des ventes d’automobile­s.

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François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | C @@ f_pouliot

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