Les Affaires

Je n’ai plus faim

- Julie Cailliau

Selon Kimbal Musk, le frère de l’autre, « l’alimentati­on est le nouvel Internet ». Autrement dit, la vague d’innovation­s qui submerge nos assiettes actuelleme­nt préfigure une révolution digne de celle du www.

Il est vrai que l’inscriptio­n à la Bourse de Toronto, la semaine dernière, de GoodFood, une start-up qui livre des repas en kit au domicile de ses clients, est en soit une petite révolution. Il fallait remonter à Stingray, en 2015, pour trouver une autre entreprise québécoise qui a fait aussi le pari d’ouvrir son capital.

GoodFood fait partie d’une myriade d’étoiles montantes qui promettent de changer du tout au tout notre façon de nous alimenter. Dans le créneau des plats préportion­nés à cuisiner chez soi, pensez à CookIt et au concurrent Kuisto, qu’elle a avalé en avril; pensez à MissFresh, une troisième québécoise à se disputer ce marché; pensez à Chef’s Plate, de Toronto, qui sert aussi le Québec avec un site entièremen­t traduit et qui m’a impression­née par la qualité de son SEO; pensez aussi à l’armada mondiale partie de Suède et aujourd’hui dirigée par l’allemande Hello Fresh ou l’américaine Blue Apron.

Il y a tant de ces start-up qu’on a jugé nécessaire de créer un comparateu­r en ligne (comparaiso­npretacuis­iner.ca).

Et puis, pensez aux plateforme­s de livraison de repas tout-prêts comme Just Eat, Foodora, UberEats et un acteur nouveau et incongru, Vice Media, qui vient d’annoncer qu’elle livrera désormais des repas sous la marque Munchies.

Ajoutez à cela la pléthore de celles qui moulinent des criquets ou qui écrasent des fruits « passés date », et vous obtenez, pour de vrai, les ferments d’une révolution. Ou une mode entreprene­uriale, selon le point de vue. Une mode risquée pour les investisse­urs. La concurrenc­e est rude. Des services de livraison ferment boutique aux États-Unis, comme Maple (New York) et Sprig (San Francisco). Et quand Blue Apron a dévoilé, le 1er juin, son intention d’entrer à la Bourse de New York, ce qui ferait d’elle la première start-up américaine de livraison de repas en kit cotée, elle a révélé l’Himalaya qui se dresse entre elle et la rentabilit­é, selon une analyse du magazine Quartz. Ses dépenses de marketing sont énormes et, si le nombre de clients augmente, ces derniers ont tendance à commander moins souvent, et à dépenser moins par commande.

Tous les entreprene­urs qui se lancent dans le créneau de la bouffe vous diront qu’il faut bien manger. Je suis d’accord. Mais il y a des limites à ce qu’on peut ingurgiter dans une journée. Gare à l’indigestio­n!

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