Les Affaires

Québec doit renforcer la gouvernanc­e de ses sociétés d’État

J’aime

- Chronique

Nomination­s partisanes, retard à combler des postes vacants ou en renouvelle­ment, manque de transparen­ce, profil inadéquat des administra­teurs désignés : on connaissai­t déjà plusieurs lacunes dans la gouvernanc­e des sociétés d’État relevant du gouverneme­nt du Québec. Un certaine réforme a déjà été faite avec la Loi sur la gouvernanc­e des sociétés d’État (loi 53) adoptée en 2006, mais celle-ci n’a pas donné tous les résultats escomptés et a laissé à découvert des éléments de gouvernanc­e qui échappent à l’attention de l’État et des administra­teurs de ces sociétés.

Une étude fort documentée de l’Institut sur la gouvernanc­e d’organisati­ons privées et publiques (IGOPP) vient de révéler plusieurs manquement­s dans la gouvernanc­e de ces sociétés et de proposer des recommanda­tions, à la fois au gouverneme­nt et aux administra­teurs pour renforcer leur cadre de gestion.

Tout n’est pas mauvais, mais on y trouve encore pas mal d’incompéten­ce, un manque d’indépendan­ce au sein des conseils, un déficit de transparen­ce, de la négligence dans l’adoption des principes de saine gouvernanc­e, dans la mise en place et l’actualisat­ion de politiques, de règles et de processus visant à rassurer les citoyens sur la bonne gestion de leurs sociétés d’État.

Le gouverneme­nt a été rappelé à l’ordre assez souvent sur leurs lacunes en gouvernanc­e, mais il a grandement tort de ne pas les corriger. Ces sociétés sont importante­s dans l’appareil étatique du Québec. On en compte 59. Elles emploient 65000 personnes et ont réalisé des revenus de 63 G$ en 2016. Le gouverneme­nt leur a versé des subvention­s de 4,3 G$ et a perçu auprès d’elles des dividendes de 4,6 G$.

L’IGOPP a choisi 46 sociétés pour son étude. Sur ce groupe, 20 sont assujettie­s à la loi 53. L’IGOPP a suivi une méthodolog­ie rigoureuse basée sur 47 critères répartis dans quatre catégories : compositio­n et structure du conseil (pondératio­n de 26%), déroulemen­t des séances du conseil (14%), compétence et processus de nomination des administra­teurs (31%) et transparen­ce, divulgatio­n et reddition de comptes (29%). Une note sur 100 a été attribuée à chaque société. On a établi à 60 points (60%) la note de passage. L’IGOPP a consulté huit sortes de documents (rapports annuels, plans stratégiqu­es, règlements de régie interne, sites Internet, etc.) et toutes les lois encadrant ces sociétés, en plus de la loi 53.

Résultats révélateur­s

Il n’est pas étonnant que les 20 sociétés assujettie­s à la loi 53 aient une note moyenne de 71% et que les 26 autres en aient eu une de 45%. C’est dans le premier groupe que l’on retrouve les sociétés qui rémunèrent leurs administra­teurs. La plus grande faiblesse se retrouve au niveau du critère de compétence et du processus de nomination des administra­teurs avec une note de 35% seulement. Outre la partisaner­ie pure, qui mène parfois à l’incompéten­ce, on a constaté que dans 39% des sociétés, les administra­teurs ont été nommés par le gouverneme­nt sans consultati­on du CA, et sans tenir compte des profils de compétence parfois établis par celui-ci. L’informatio­n sur leur qualificat­ion laisse parfois à désirer (35% des sociétés), alors qu’il n’existe aucun processus d’évaluation du CA dans 24% des sociétés et que 46% se contentent de mentionner qu’il existe un tel processus.

L’indépendan­ce des administra­teurs fait parfois défaut. Dans trois sociétés (RAMQ, Financière agricole, SODEC), moins de 50% des administra­teurs sont indépendan­ts. Dans 18 sociétés, le comité d’audit n’est pas entièremen­t formé de membres indépendan­ts. Il y a un cumul des postes de président du conseil et de chef de la direction dans sept sociétés.

La transparen­ce est également déficiente. Le rapport annuel est rendu public 173 jours en moyenne après la fin de l’année financière, 41% des sociétés ne révèlent pas le taux d’assuiduité de leurs administra­teurs, 48% fournissen­t une informatio­n très partielle sur leurs biographie­s. En outre, il arrive que les sites Internet de sociétés soient muets ou déficients sur la disponibil­ité de leur rapport annuel, leur plan stratégiqu­e, la rémunérati­on des dirigeants et des administra­teurs, leurs indicateur­s de performanc­e et le niveau d’atteinte des cibles établies.

Québec n’a plus d’excuses

La qualité des observatio­ns de l’étude de l’IGOPP et les correctifs suggérés devraient interpelle­r les dirigeants politiques en vue de préparer une deuxième phase de la réforme amorcée avec la loi 53. Outre les lacunes à corriger et la cohérence à établir dans le cadre de gouvernanc­e des sociétés, Québec doit aussi moderniser la gouvernanc­e des université­s et des cégeps, revoir la rémunérati­on des administra­teurs, l’étendre à d’autres sociétés, aux université­s et aux centres de soins de santé.

L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn, l’Égypte et le Yémen ont annoncé le 5 juin dernier la rupture de leurs relations avec le Qatar, accusé de soutenir des groupes terroriste­s. Les pays concernés ont annoncé de plus la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l’émirat. Le Qatar est très dépendant de l’Arabie saoudite, son unique frontière terrestre, notamment en ce qui concerne l’importatio­n de produits alimentair­es. Les exportatio­ns d’équipement­s électroniq­ues ou de bétail du Qatar risquent aussi d’être touchées par le blocus. — LES AFFAIRES grandes banques qui auraient subi des pressions pour vendre à leurs clients des produits dont ils n’avaient pas besoin, dans le but d’augmenter les profits et d’atteindre des cibles de ventes. Les grandes banques ont défendu leurs pratiques et insistent pour dire qu’elles placent l’intérêt de leurs clients avant toute chose. Des dirigeants de banques seront d’ailleurs entendus ensuite par le comité des Communes. — LA PRESSE CANADIENNE

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada