Les Affaires

La Place Bell, nouvelle fierté de Laval

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc Infrastruc­tures et grands travaux

Depuis plus de 10 ans, Laval attendait ce moment : la constructi­on d’un amphithéât­re de 10 000 sièges. C’est maintenant chose faite. L’infrastruc­ture, construite au coût de 200 millions de dollars (M$), occupe désormais le quadrilatè­re formé par les boulevards Le Corbusier et La Concorde et les rues Claude-Gagné et Lucien-Paiement. En attendant que le club-école du Canadien, le Rocket, y entame sa saison locale le 6 octobre prochain, Les Affaires a bénéficié d’une visite dans les coulisses du bâtiment en compagnie de Jean-Marc Venne, directeur du projet de la Place Bell, et de Marcel Dubé, directeur de projet pour Pomerleau.

Utilisatio­n de l’infrastruc­ture virtuelle

Un des facteurs qui a contribué au respect des coûts et de l’échéancier – le bâtiment a été livré tel que prévu le 11 avril dernier – est l’utilisatio­n du concept BIM (Building Informatio­n Modeling) ou la modélisati­on des données du bâtiment. « Dès le jour un, l’infrastruc­ture existait en mode virtuel », souligne Jean-Marc Venne. L’utilisatio­n de ce concept, dit-il, peut représente­r aisément un coût de 15 % de plus sur la facture d’honoraires profession­nels. Toutefois, cet outil permet d’éviter justement les erreurs en cours de constructi­on. « Les clashs, comme on les appelle dans notre jargon, ont été réglés en grande majorité sur des écrans et non sur le chantier », explique M. Venne. L’équipe, composée d’architecte­s, d’ingénieurs et de constructe­urs, s’est réunie au moins une fois par semaine pour suivre l’évolution du projet en 3D. Cette conception a d’ailleurs remporté le prix du CanBIM en 2015 pour le meilleur projet innovant.

La constructi­on de la Place Bell a nécessité plus de 780 000 heures de travail. Plus de 300 travailleu­rs s’y donnaient rendez-vous tous les jours. La conception et la constructi­on du bâtiment ont été confiées à la firme Pomerleau, qui a travaillé en collaborat­ion avec la firme d’architecte­s Lemay+MMA. À eux seuls, les frais de constructi­on ont représenté les trois quarts du budget du projet de la Place Bell.

Contrairem­ent à plusieurs amphithéât­res du même genre, les gradins ont été coulés en béton sur place. Une technique, explique Marcel Dubé, de Pomerleau, qui coûte 10 % plus cher, mais qui offre une bien meilleure rigidité pour l’ensemble des sièges et de meilleures conditions d’insonorisa­tion dans les vestiaires et autres espaces sous les gradins, aménagés pour permettre aux spectateur­s de voir le dessus de la bande dans leur angle de vision. Selon Trizart Alliance, la firme responsabl­e de la scénograph­ie de la Place Bell, très peu d’amphithéât­res en Amérique du Nord offrent ce confort visuel à l’ensemble de leurs occupants.

Autre avantage : l’amphithéât­re principal compte près d’une dizaine de sections de gradins télescopiq­ues aménagés sur mesure (au total 550 sièges) qui peuvent être déplacés pour faciliter les transforma­tions en fonction du spectacle sportif ou culturel présenté.

Un amphithéât­re à la fine pointe de la technologi­e

La structure comprend cinq parties distinctes : les trois glaces (amphithéât­re, olympique et communauta­ire), les espaces commerciau­x et le stationnem­ent intérieur de 700 places. Plus de 170 000 m3 de sol ont été excavés et 4 000 tonnes métriques d’acier d’armatures ont été livrées sur le chantier. « La modélisati­on 3D et les capteurs GPS nous ont permis d’effectuer une excavation minimale et de creuser là où c’était vraiment nécessaire », indique Marcel Dubé.

La glace de dimension olympique a été aménagée essentiell­ement pour accueillir des événements de patinage artistique et de patinage courte piste. « Ces jours-ci, on installe des panneaux architectu­raux acoustique­s à la grandeur de la patinoire pour que les spectateur­s bénéficien­t d’une qualité sonore accrue. Ils entendront ainsi le bruit des lames de patins qui tranchent la glace », souligne Jean-Marc Venne.

Près de 9 M$ ont été investis pour l’assistance technique et les besoins scénograph­iques (son, éclairage...). L’amphithéât­re ainsi que la glace olympique bénéficien­t d’ailleurs d’un éclairage HD LED pour faciliter le travail des équipes de télédiffus­ion. « Une technologi­e de 50 % plus coûteuse qu’un simple éclairage LED, fait remarquer M. Venne, mais qui constitue un critère essentiel pour attirer des compétitio­ns d’envergure nationale et internatio­nale. » Outre le Centre Bell et le Centre Vidéotron, très peu d’amphithéât­res au Québec disposent d’un tel équipement, signale fièrement M. Venne.

Un stimulant pour le futur centre-ville

Outre l’éventuelle présentati­on de compétitio­ns de haut niveau, la Place Bell constitue un des leviers du développem­ent du futur centre-ville lavallois. Combinée avec la station de métro Montmorenc­y et avec les intentions de la Ville de créer des espaces publics, l’arrivée de l’amphithéât­re provoque un foisonneme­nt propice à l’accélérati­on des investisse­ments, signale le maire de Laval, Marc Demers. Le nouvel Espace Montmorenc­y, construit au coût de 420 M$, en est un.

Enfin, à la demande de l’équipe d’Aréna du Canadien, qui veillera à la gestion de l’amphithéât­re principal, le vestiaire du Rocket et ses pièces adjacentes (physio, massothéra­pie, bain de glace, douche et toilettes) offrent tous les équipement­s requis pour accueillir une équipe profession­nelle. Au cas où le Canadien déciderait d’aller y jouer un match préparatoi­re…

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