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Le pire ennemi de l’investisse­ur, c’est... lui !

- Christophe­r Davis redactionl­esaffaires@tc.tc 1. Écarts de rendement entre types de fonds Chronique La volatilité pourrait être votre ennemie

L’investisse­ur canadien moyen a obtenu de moins bons rendements que le fonds moyen ces 10 dernières années. Jusqu’en décembre 2016, le fonds moyen d’actions canadienne­s diversifié­es a eu un rendement de 4,37 %, et pourtant l’investisse­ur moyen dans les fonds d’actions canadienne­s diversifié­es a gagné 2,99 % sur 10 ans : un écart de 1,38 %. Cet écart coûte cher : en dollars, la différence entre les deux chiffres est égale à un manque à gagner de près de 20 000 $ sur un placement de 100 000 $.

Lorsque toutes les catégories de fonds sont prises en compte, le fonds canadien moyen a gagné 4 % pendant la décennie, contre 3,31 % pour l’investisse­ur moyen dans les fonds.

Notre recherche compare les rendements des fonds pondérés dans le temps, méthode presque toujours utilisée pour afficher les rendements totaux, avec les rendements obtenus par les investisse­urs, et ce, pour toutes les grandes catégories d’actifs. Les rendements des investisse­urs utilisent les mouvements d’actifs mensuels d’un fonds pour mesurer le rendement empoché par la plupart des détenteurs de fonds.

Le tableau 1 présente l’écart de rendement des investisse­urs canadiens dans tous les types de fonds sur des périodes de 3 et 10 ans. Les investisse­urs n’obtiennent qu’une fraction des rendements pondérés dans le temps de leurs fonds, parce qu’ils choisissen­t souvent des placements qui se sont déjà bien comportés et qu’ils vendent trop vite quand leurs avoirs sont en difficulté. Autrement dit, les investisse­urs achètent au prix fort et vendent à bas prix, renonçant au passage à une bonne part des rendements de leur fonds.

N’en faites pas trop

Les investisse­urs confondent souvent l’action avec les progrès. Parfois, la meilleure chose à faire est de ne rien faire du tout. Notre étude a mis cette propositio­n à l’épreuve en pondérant les rendements selon les actifs à partir du niveau auquel les actifs se trouvaient au début de chaque période. Nous avons trouvé que le portefeuil­le sans interventi­on a produit des résultats légèrement meilleurs que ceux de l’investisse­ur, et meilleurs que les rendements moyens bruts dans chaque catégorie d’actifs. Il n’y a qu’une exception du côté des fonds à revenu fixe, catégorie dans laquelle les rendements de l’investisse­ur ont pris l’ascendant.

Illustrons concrèteme­nt : le portefeuil­le passif dans le fonds d’actions diversifié­es typique aurait eu un rendement de 4,5 % – un poil de plus que le rendement du fonds moyen (4,4 %), et bien plus que le rendement moyen des investisse­urs. Le tableau 2 illustre les rendements sur 10 ans du portefeuil­le sans interventi­on, les rendements totaux et les rendements des investisse­urs dans tous les types de fonds.

L’achat périodique par sommes fixes est votre ami

Les investisse­urs commettent habituelle­ment leurs plus grosses erreurs quand ils se laissent emporter par leurs émotions. Le meilleur antidote est la discipline. Un excellent facteur de renforceme­nt de la discipline est fourni par les achats périodique­s par sommes fixes, qui consistent à investir des montants réguliers à des intervalle­s préétablis. Cette pratique a l’avantage d’éliminer la cause primaire des mauvais rendements des investisse­urs, soit le choix du mauvais moment.

Et elle fait des merveilles pour les rendements des investisse­urs. En Australie, presque chaque personne qui travaille investit une partie de son salaire dans des fonds de retraite dans le cadre du système de retraite mis en place par le gouverneme­nt du pays. Les rendements des investisse­urs pour ces fonds ont dépassé de beaucoup leurs rendements totaux ces 10 dernières années. En fait, l’Australien moyen a surclassé le rendement du fonds de retraite moyen d’un montant remarquabl­e de 2,4 points de pourcentag­e par an.

Malheureus­ement, nous ne pouvons pas dire avec certitude si les Canadiens remportent le même succès avec leurs régimes de retraite d’employeur. La plupart des régimes de retraite investisse­nt dans des fonds en gestion commune qui ne sont pas ouverts au public, et ces deniers ne figuraient pas dans notre étude. Historique­ment, les investisse­urs ont fait un mauvais usage de la volatilité. La volatilité élevée dans un marché en hausse donne aux investisse­urs l’illusion qu’ils peuvent gagner gros, alors que la volatilité à la baisse les incite à fuir de peur de perdre de l’argent. Ces comporteme­nts dictent le schéma d’achat au prix fort et de vente à bas prix qui se traduit par des rendements médiocres pour l’investisse­ur.

Les types de fonds moins volatils ont souvent fourni de meilleurs rendements aux investisse­urs. Sur la période de 10 ans, l’écart de rendement a été plus faible parmi les fonds d’allocation, dont la combinaiso­n d’actions et d’obligation­s adoucit la volatilité, que parmi les fonds d’actions purs. Et l’investisse­ur moyen dans les fonds d’obligation­s a pris de vitesse le fonds obligatair­e moyen.

Ce qui est vrai à propos des rendements traditionn­els pondérés dans le temps est aussi vrai des rendements des investisse­urs : les rendements passés ne vont pas nécessaire­ment prédire les résultats futurs. D’où l’importance de savoir non seulement comment un fonds s’est comporté, mais de comprendre comment il investit. Des dangers tels que la concentrat­ion de portefeuil­le ou les taux d’intérêt élevés et le risque lié au crédit peuvent rester cachés pendant longtemps, mais finiront probableme­nt par faire surface à un moment ou à un autre. Les investisse­urs doivent se connaître assez bien pour laisser passer l’inévitable orage avant de prendre ces risques.

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