Oui, vous devriez dire « non » plus souvent
En amour comme en affaires, tous les coups sont permis, paraît-il. Et pourtant. Se faire rejeter, se faire dire non, que ce soit par sa douce moitié ou par un client potentiel, c’est difficile à avaler. Violents ou pas, dans la jungle de l’entrepreneuriat, les refus sont monnaie courante. Et c’est tant mieux.
« Le mot “non” est très souvent utilisé [en affaires]. On finit par s’y habituer, on finit par cohabiter avec lui. […] L’important est de ne pas le laisser prendre trop de place. », expliquait Nicolas Duvernois, blogueur à lesaffaires.com et PDG de Pur Vodka et de Romeo’s Gin, sur la plateforme de marketing de contenu Devenir Entrepreneur.
Bref, se voir opposer une fin de non-recevoir fait partie intégrante du quotidien des entrepreneurs. Et le pire, c’est que plusieurs aiment ça.
« J’adore me faire dire non, a lancé Noah Redler, d’Arche Innovation, lors du dernier épisode de l’émission de radio numérique Les Dérangeants. C’est un défi supplémentaire ! »
Pour Alex Mensi, de Mango Software, les répercussions d’un refus sont moins enthousiasmantes. « Je me rappelle la première fois que je me suis fait dire non, et ça fait encore mal. Mais vous savez quoi ? Ça ne veut pas dire que je ne peux pas le supporter. » Ça signifie surtout qu’il doit trouver une solution pour contourner la rebuffade.
« Les non, je les oublie, il y en a tous les jours, a raconté à son tour Carlo Coccaro, de Math et Mots Monde. Il y a d’autres personnes, des clients potentiels par exemple, qui n’attendent que l’occasion de te dire oui. Le plus fatigant, ce sont les gens qui refusent ta proposition sans avoir pris la peine de t’écouter. »
Une chose à la fois
Ceci posé, une fois la phase de démarrage sublimée en croissance, les entrepreneurs ne devraient pas compenser les refus qu’ils ont essuyés en disant oui à outrance.
« Dire oui tout le temps ne contrebalance pas tous les non que vous avez reçus, explique Paula Rizzo, entrepreneure et auteure dans le magazine Entrepreneur. Avant d’accepter quelque chose, posez-vous quatre questions. Est-ce que je veux le faire ? Qu’est-ce que ça me rapporte ? Est-ce que je dois une faveur à la personne qui m’a demandé quelque chose ? Et surtout, qu’est-ce que je ferai de mon temps si je refuse ? »
La circonspection est donc de mise avant de prendre une décision. Le respect aussi. En entrevue au journal Finance et investissement [dont l’éditeur est le même que celui de Les Affaires], la coach d’affaires britannocolombienne Rosemary Smyth effectue une mise en garde. « Dire non à un client potentiel sans discussion respectueuse peut nuire à votre entreprise. Vous ne connaissez pas le réseau de ce client. S’il a une mauvaise expérience avec vous, il peut ternir votre réputation. »
Enfin, Sam Altman, directeur de Y Combinator, un célèbre accélérateur de start-up américain, a affirmé dans un article publié dans Les Affaires en 2015 qu’il donne ces conseils aux jeunes entrepreneurs : « Si j’avais deux mots à leur recommander, ce serait “focus” et “intensité’”. Le focus consiste à ne pas essayer de tout faire, même si c’est tentant. Il s’agit d’être très critique par rapport à ses priorités. Les meilleurs fondateurs se concentrent sur quelques projets ou quelques éléments seulement […] »
Les “non”, je les oublie, il y en a tous les jours. – Carlo Coccaro, de Math et Mots Monde