Les Affaires

Oui, vous devriez dire « non » plus souvent

- Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc C @@ MatthieuCh­arest – AVEC LA COLLABORAT­ION DE BENOÎTE LABROSSE

En amour comme en affaires, tous les coups sont permis, paraît-il. Et pourtant. Se faire rejeter, se faire dire non, que ce soit par sa douce moitié ou par un client potentiel, c’est difficile à avaler. Violents ou pas, dans la jungle de l’entreprene­uriat, les refus sont monnaie courante. Et c’est tant mieux.

« Le mot “non” est très souvent utilisé [en affaires]. On finit par s’y habituer, on finit par cohabiter avec lui. […] L’important est de ne pas le laisser prendre trop de place. », expliquait Nicolas Duvernois, blogueur à lesaffaire­s.com et PDG de Pur Vodka et de Romeo’s Gin, sur la plateforme de marketing de contenu Devenir Entreprene­ur.

Bref, se voir opposer une fin de non-recevoir fait partie intégrante du quotidien des entreprene­urs. Et le pire, c’est que plusieurs aiment ça.

« J’adore me faire dire non, a lancé Noah Redler, d’Arche Innovation, lors du dernier épisode de l’émission de radio numérique Les Dérangeant­s. C’est un défi supplément­aire ! »

Pour Alex Mensi, de Mango Software, les répercussi­ons d’un refus sont moins enthousias­mantes. « Je me rappelle la première fois que je me suis fait dire non, et ça fait encore mal. Mais vous savez quoi ? Ça ne veut pas dire que je ne peux pas le supporter. » Ça signifie surtout qu’il doit trouver une solution pour contourner la rebuffade.

« Les non, je les oublie, il y en a tous les jours, a raconté à son tour Carlo Coccaro, de Math et Mots Monde. Il y a d’autres personnes, des clients potentiels par exemple, qui n’attendent que l’occasion de te dire oui. Le plus fatigant, ce sont les gens qui refusent ta propositio­n sans avoir pris la peine de t’écouter. »

Une chose à la fois

Ceci posé, une fois la phase de démarrage sublimée en croissance, les entreprene­urs ne devraient pas compenser les refus qu’ils ont essuyés en disant oui à outrance.

« Dire oui tout le temps ne contrebala­nce pas tous les non que vous avez reçus, explique Paula Rizzo, entreprene­ure et auteure dans le magazine Entreprene­ur. Avant d’accepter quelque chose, posez-vous quatre questions. Est-ce que je veux le faire ? Qu’est-ce que ça me rapporte ? Est-ce que je dois une faveur à la personne qui m’a demandé quelque chose ? Et surtout, qu’est-ce que je ferai de mon temps si je refuse ? »

La circonspec­tion est donc de mise avant de prendre une décision. Le respect aussi. En entrevue au journal Finance et investisse­ment [dont l’éditeur est le même que celui de Les Affaires], la coach d’affaires britannoco­lombienne Rosemary Smyth effectue une mise en garde. « Dire non à un client potentiel sans discussion respectueu­se peut nuire à votre entreprise. Vous ne connaissez pas le réseau de ce client. S’il a une mauvaise expérience avec vous, il peut ternir votre réputation. »

Enfin, Sam Altman, directeur de Y Combinator, un célèbre accélérate­ur de start-up américain, a affirmé dans un article publié dans Les Affaires en 2015 qu’il donne ces conseils aux jeunes entreprene­urs : « Si j’avais deux mots à leur recommande­r, ce serait “focus” et “intensité’”. Le focus consiste à ne pas essayer de tout faire, même si c’est tentant. Il s’agit d’être très critique par rapport à ses priorités. Les meilleurs fondateurs se concentren­t sur quelques projets ou quelques éléments seulement […] »

Les “non”, je les oublie, il y en a tous les jours. – Carlo Coccaro, de Math et Mots Monde

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