Montréal bat des records touristiques FADQ : un rapport de l’IGOPP qui passe à côté de l’essentiel
Le nombre de visites touristiques par habitant augmente à Montréal Montréal rejoint New York et dépasse Londres Réponse du chroniqueur
Vous n’avez pas la berlue. Il y a beaucoup plus de touristes à Montréal qu’il n’y en avait auparavant. Au cours des 15 dernières années, la métropole québécoise a compté en moyenne deux visiteurs pour chaque résident du Grand Montréal.
Tout récemment, en 2016, l’achalandage a beaucoup crû, atteignant 2,49 visiteurs pour chaque Montréalais. Avec l’effet double du 375e anniversaire de Montréal et du 150e anniversaire du Canada, il y a fort à parier que Montréal connaîtra, en matière de tourisme, une année record en 2017.
Montréal n’est plus un secret bien gardé – sur la base de la métrique visites touristiques par habitant, nous sommes presque à égalité avec la ville de New York (2,52 visites touristiques par résident) et nous venons de dépasser Londres (2,32 visites touristiques par résident). Il suffit de faire une promenade rapide dans le Vieux-Port à n’importe quelle heure de la journée pour confirmer ce constat quantitatif avec une impression qualitative. Ainsi, il ne serait pas trop surprenant que Montréal prenne la première place parmi les grandes régions métropolitaines nord-américaines pour les visites touristiques en 2017.
Plus important encore, bien que la contribution du tourisme au PIB du Québec (2,5 %) soit à peu près similaire à celle des États-Unis, il y a beaucoup de place pour la croissance, sans toutefois devoir craindre une affluence étouffante à Montréal comme à Paris (4,1 visites touristiques par habitant en 2016) ou à Venise (7,7 visites touristiques par habitant en 2016). En revanche, le tourisme contribue pour 10% au PIB de la France (numéro un mondial). Peut-être n’est-il pas fou de vouloir un peu plus pour notre ville...
Dans l’ensemble, la métropole fait bien les choses, en favorisant des interactions « intelligentes » qui répartissent les 3,3 milliards de bénéfices liés au tourisme à Montréal et un peu partout au Québec. La ville met également l’accent sur des événements hors saison qui augmentent les visites hors de la période estivale. Les nouvelles chambres d’hôtel – plus de 2 000 sont prévues pour la fin de 2018 – accroîtront le nombre de nuitées, encourageant ainsi une plus grande interaction avec l’économie locale. Les contrôles de loyers et les règlements sur les séjours de courte durée dans les maisons privées garantissent que l’engouement pour la métropole ne forcera pas les Montréalais à se déplacer. Les améliorations apportées au transport en commun et aux infrastructures devraient également être priorisées, ce qui permettrait à la ville de mieux gérer les tensions saisonnières liées au tourisme et de s’assurer que Montréal reste habitable tout au long de l’année pour ceux qui l’aiment.
Afin de contribuer positivement à l’expérience touristique, les Montréalais ne devraient pas se contenter de « partager » leur ville. Nous devrions faire plus, parce que la contribution économique du tourisme nous aide à construire du future-proofingpour l’économie. L’expérience du voyage ne peut pas être automatisée : une expérience touristique authentique repose sur les interactions humaines et les échanges culturels. Alors, pendant cette saison estivale, même si une touriste vous attaque avec un selfie-stick ou tente de vous écraser avec un BIXI sur le trottoir, pensez-y à deux fois avant de pousser un gros soupir. C’est beaucoup plus rentable à long terme d’accueillir les gens avec un « bonjour- hi !» prononcé d’une voix enjouée. Dans son texte intitulé « Financière agricole : une gouvernance au service du privé », l’éditeur émérite du journal Les Affaires, Jean-Paul Gagné, dénonce très fortement la présence de l’Union des producteurs agricoles (UPA) au conseil d’administration de La Financière agricole du Québec (FADQ). Ses critiques s’inspirent d’un rapport de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP) qui va essentiellement dans le même sens.
Comme le rapport de l’IGOPP, M. Gagné passe à côté de l’essentiel. Au nombre de 5 sur un total de 13, les représentants de l’UPA sont en effet depuis toujours minoritaires au CA. En attribuant à l’Union plus de « poids » et de « pouvoir » qu’elle n’en a réellement sur les décisions et la gestion des enjeux, M. Gagné exagère. Aussi bien dire que le Parti québécois dirige le gouvernement du Québec et que le Nouveau Parti démocratique dirige le gouvernement du Canada... On sait que 4 des 13 membres du CA de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) sont issus du milieu universitaire ; M. Gagné dira-t-il que nos universités contrôlent le Code de la sécurité routière et les réclamations des usagers ?
L’éditeur oublie aussi que les producteurs agricoles assument de 30 % à 40 % du coût des programmes d’assurance collective et que leurs dépôts dans les coffres de la FADQ se chiffrent actuellement à plus d’un demi-milliard de dollars. N’est-il pas légitime, pour les producteurs, de compter sur la présence de leurs représentants afin de veiller au grain ? La gouvernance de la FADQ est-elle « au service du privé » pour autant ?
L’UPA est une organisation démocratique qui représente légalement les producteurs de l’ensemble des régions et des secteurs de production. Pourquoi une entreprise de services comme la FADQ ferait-elle abstraction des besoins de sa clientèle et de l’expertise de ses représentants, tout en conservant la pleine maîtrise de ses décisions ? La FADQ, qui a pour mission de soutenir et de promouvoir le développement du secteur agricole et agroalimentaire, pourrait-elle remplir efficacement ses objectifs sans la participation active des producteurs ?
Il est toujours imprudent de critiquer un groupe ou une organisation sans vérifications préalables. À preuve, il est faux de prétendre que la réforme annulée du Programme de crédit de taxes foncières agricoles prévoyait étendre sa couverture « à des non-membres de l’UPA ». La réforme prévoyait plutôt inclure des individus qui ne sont pas légalement considérés comme des producteurs au sens de la Loi sur les producteurs agricoles, notamment des propriétaires fonciers. Quant au rapport de l’IGOPP, puiser ses arguments dans un média faisant état d’un document qui n’a pas été rendu public me semble contraire à la plus élémentaire des rigueurs. cotisation syndicale pour bénéficier de l’aide de l’État. La SAAQ n’est pas au service des membres d’une quelconque université qui aurait le monopole de l’éducation.
2. L’abus de pouvoir que je dénonce, de concert avec l’IGOPP, repose sur la composition du conseil d’administration de la FADQ telle qu’elle apparaît dans son rapport annuel, et non sur l’article de lapresse.ca qui a été publié le 20 juin 2017. Le problème ne vient pas de ce que le CA de la FADQ compte cinq producteurs agricoles, mais du fait que les cinq sièges réservés à l’UPA sont occupés par de hauts dirigeants de ce monopole syndical et que l’UPA elle-même, et non le gouvernement, désigne ces administrateurs, ce qui est un cas unique dans l’ensemble des sociétés d’État du Québec. Jean-Paul Gagné