Rémunération
Salaires en voie de distinction
Au revoir le one-size-fits-all, bienvenue la rémunération à la carte. Pour attirer et retenir les talents, les employeurs doivent offrir de plus en plus de flexibilité dans la rémunération. Et non, ce n’est pas que la faute des milléniaux !
En Amérique du Nord, quatre générations de travailleurs se côtoient dans les entreprises : les vétérans, les baby-boomers, la génération X et la génération Y. Il est courant d’entendre que cette dernière est très différente des autres et exige une attention spéciale, notamment en matière de rémunération et de conditions de travail.
Cette théorie ne se vérifie pas tout à fait, nuance Tania Saba, professeure à l’École de relations industrielles de l’Université de Montréal et auteure de plusieurs articles scientifiques sur le sujet. « Il y a des différences entre les générations, bien sûr, mais pas tant que ça, et aucune ne se distingue radicalement des autres », affirme-t-elle. De plus, les générations ne sont pas homogènes, poursuit la chercheuse. Il y a des différences entre individus à l’intérieur d’une même génération, en fonction de la situation familiale, du poste occupé, de l’industrie, etc.
Par exemple, on entend souvent dire que les milléniaux ne veulent pas passer leur vie au travail, qu’ils recherchent un bon équilibre travail-famille-vie sociale et plus de flexibilité. Or, les travailleurs plus âgés, notamment ceux qui ont des adolescents à la maison et des parents vieillissants, sont aussi à la recherche de ce type d’avantages. Et certains préretraités souhaitent aménager leur temps de travail de manière plus flexible ou le réduire. Cela tient donc plus à la situation personnelle du travailleur et à ses besoins qu’à une valeur liée spécifiquement à une génération.
Quatre générations, une situation
Tania Saba rappelle que les quatre générations au travail affrontent en fait les mêmes perturbations. « Pour que des différences majeures apparaissent entre les générations, il faut qu’un événement très marquant les sépare, explique-t-elle. Par exemple, on pouvait dire à une certaine époque que ceux qui avaient connu la crise des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale étaient différents des baby-boomers, qui ne les avaient pas vécues. En ce moment, cependant, tous les travailleurs affrontent ensemble une économie qui connaît des difficultés depuis plusieurs années, un marché du travail en mutation ou encore les changements climatiques. »
Marc Chartrand, fellow de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA), oeuvre pour le cabinet de consultants PCI Perrault Conseil, spécialisé dans la rémunération et la performance. Lui aussi croit que les générations ne sont pas si différentes quant à leurs attentes de rémunération globale.
« Peu importe l’âge, tous les employés veulent trois choses : contribuer, se développer et être reconnus, avance-t-il. Les milléniaux aussi souhaitent qu’on réponde à ces besoins. Là où ils sont peut-être un peu différents, c’est sur le point suivant : comme ils sont habitués à ce qu’on réponde à leurs besoins et comme ils vivent à une époque où les services sont de plus en plus personnalisés, ils s’attendent à la même chose de leurs conditions de travail. »
Pour satisfaire à des aspirations qui diffèrent donc à la fois entre les générations et entre les