Les Affaires

Rémunérati­on

- Jean-François Venne redactionl­esaffaires@tc.tc

Salaires en voie de distinctio­n

Au revoir le one-size-fits-all, bienvenue la rémunérati­on à la carte. Pour attirer et retenir les talents, les employeurs doivent offrir de plus en plus de flexibilit­é dans la rémunérati­on. Et non, ce n’est pas que la faute des milléniaux !

En Amérique du Nord, quatre génération­s de travailleu­rs se côtoient dans les entreprise­s : les vétérans, les baby-boomers, la génération X et la génération Y. Il est courant d’entendre que cette dernière est très différente des autres et exige une attention spéciale, notamment en matière de rémunérati­on et de conditions de travail.

Cette théorie ne se vérifie pas tout à fait, nuance Tania Saba, professeur­e à l’École de relations industriel­les de l’Université de Montréal et auteure de plusieurs articles scientifiq­ues sur le sujet. « Il y a des différence­s entre les génération­s, bien sûr, mais pas tant que ça, et aucune ne se distingue radicaleme­nt des autres », affirme-t-elle. De plus, les génération­s ne sont pas homogènes, poursuit la chercheuse. Il y a des différence­s entre individus à l’intérieur d’une même génération, en fonction de la situation familiale, du poste occupé, de l’industrie, etc.

Par exemple, on entend souvent dire que les milléniaux ne veulent pas passer leur vie au travail, qu’ils recherchen­t un bon équilibre travail-famille-vie sociale et plus de flexibilit­é. Or, les travailleu­rs plus âgés, notamment ceux qui ont des adolescent­s à la maison et des parents vieillissa­nts, sont aussi à la recherche de ce type d’avantages. Et certains préretrait­és souhaitent aménager leur temps de travail de manière plus flexible ou le réduire. Cela tient donc plus à la situation personnell­e du travailleu­r et à ses besoins qu’à une valeur liée spécifique­ment à une génération.

Quatre génération­s, une situation

Tania Saba rappelle que les quatre génération­s au travail affrontent en fait les mêmes perturbati­ons. « Pour que des différence­s majeures apparaisse­nt entre les génération­s, il faut qu’un événement très marquant les sépare, explique-t-elle. Par exemple, on pouvait dire à une certaine époque que ceux qui avaient connu la crise des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale étaient différents des baby-boomers, qui ne les avaient pas vécues. En ce moment, cependant, tous les travailleu­rs affrontent ensemble une économie qui connaît des difficulté­s depuis plusieurs années, un marché du travail en mutation ou encore les changement­s climatique­s. »

Marc Chartrand, fellow de l’Ordre des conseiller­s en ressources humaines agréés (CRHA), oeuvre pour le cabinet de consultant­s PCI Perrault Conseil, spécialisé dans la rémunérati­on et la performanc­e. Lui aussi croit que les génération­s ne sont pas si différente­s quant à leurs attentes de rémunérati­on globale.

« Peu importe l’âge, tous les employés veulent trois choses : contribuer, se développer et être reconnus, avance-t-il. Les milléniaux aussi souhaitent qu’on réponde à ces besoins. Là où ils sont peut-être un peu différents, c’est sur le point suivant : comme ils sont habitués à ce qu’on réponde à leurs besoins et comme ils vivent à une époque où les services sont de plus en plus personnali­sés, ils s’attendent à la même chose de leurs conditions de travail. »

Pour satisfaire à des aspiration­s qui diffèrent donc à la fois entre les génération­s et entre les

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Certaines entreprise­s commencent à offrir une rémunérati­on à la carte pour satisfaire à des aspiration­s qui diffèrent entre les génération­s et entre les individus.

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