Émotions contagieuses
Comment bâtir une culture d’entreprise ? Cette question servait d’intitulé à la conférence de Meredith Haberfeld, une coach américaine, à C2 Montréal ce printemps. J’ai réussi à me faufiler dans la salle pour y assister, mais ça n’a pas été facile tant l’atelier était couru. C’est que tout le monde veut découvrir le secret d’une culture d’entreprise forte. Pourquoi ? Parce qu’on n’a encore rien trouvé de mieux pour mobiliser ses employés, d’une part. Et parce que, d’autre part, la mobilisation est justement une denrée rare. Gallup parle même d’une crise de l’engagement au travail : d’après le sondeur, 51 % des Américains ne se sentent plus engagés vis-à-vis de leur travail.
Autrement dit, dans beaucoup d’entreprises, le coeur n’est pas à la fête le lundi matin. Et ne pensez pas devenir soudain l’entreprise la plus hot en ville en offrant à vos employés des bureaux en bois de grange, des aliments bio ou du kombucha... Meredith Haberfeld est formelle : vous jetteriez votre argent par les fenêtres, car ces mesures ont à peu près autant d’effet sur l’engagement qu’un sac en tissu sur le réchauffement climatique.
Alors vous pourriez penser à des congés payés ou à une meilleure couverture d’assurance. Oui, ces avantages sociaux sont essentiels, la majorité des employés les réclament. Cependant, comme beaucoup d’employeurs les offrent, ce ne sont pas ces mesures qui manquent le plus aux employés d’aujourd’hui et ce ne sont plus celles qui permettent à un employeur de se démarquer. En 2016, Gallup mesurait que 35 % des employés réclamaient de pouvoir choisir leur lieu de travail, un avantage que seulement 12% des employeurs disaient offrir ; et 40% des employés rêvaient de partager les profits de l’entreprise, ce que seulement 20 % permettent.
Détachons-nous de ces considérations matérielles. Elles sont importantes mais, comme le professeur de l’UQAM Jacques Forest l’a démontré, elles ne sont pas toujours centrales.
L’engagement repose principalement sur l’émotion. Ses ingrédients sont la vision, la confiance, les valeurs, l’autonomie, la raison d’être que l’entreprise partage avec ses employés, a énuméré Meredith Haberfeld. Ce sont aussi les compétences qu’elle valorise chez eux. « Organisez-vous pour que vos employés connaissent leurs forces », a repris un des participants à ma table pendant cet atelier, Stephen Goldberg, lui-même coach professionnel à Montréal.
Rappelez-vous aussi que les émotions sont contagieuses. La clé, c’est vous. Les employés dont le superviseur est lui-même hautement mobilisé ont 59 % plus de chances de l’être à leur tour, signale Gallup. Et Meredith Haberfeld conclut : « Les gens ne quittent pas une entreprise. Ils quittent une relation. »
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