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Le Québec intéresse les firmes de génie étrangères Les nouvelles firmes affichent elles aussi une bonne performanc­e

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc Les grands de l’ingénierie – Anne Gaignaire

De grandes comme de petites firmes voient dans le Québec une possibilit­é de développer leurs activités hors de leurs frontières. La consolidat­ion de l’industrie à la suite du scandale de la corruption et le regain de l’activité économique attirent les firmes de génie étrangères. Elles sont tout de même prudentes et arrivent souvent sur la pointe des pieds.

La britanniqu­e Arup, aujourd’hui présente dans le monde entier, a pris un pied-à-terre à Montréal en 2013. En plein scandale de la corruption dans le milieu du génie. Même pas peur : la décision était réfléchie. La firme testait le territoire depuis quelque temps. Elle est spécialisé­e dans le bâtiment, les infrastruc­tures et les services-conseils. Ses projets préférés : « Ceux qui demandent de l’audace, auxquels les autres refusent de souscrire parce que ça semble irréalisab­le », dit Martin Landry, directeur du bureau de Montréal. Arup, c’est la société qui a fait la conception structural­e de l’Opéra de Sydney, en Australie, et qui a collaboré à la conception du Centre Pompidou, à Paris.

Implantée au Canada depuis 1999, la société, qui compte 13 000 employés dans 35 pays et 85 bureaux, avait déjà fait quelques contrats au Québec avec son équipe de Toronto. Dans la Ville reine, Arup s’est développée en acquérant une petite firme spécialisé­e dans le génie appliqué aux infrastruc­tures aéroportua­ires. Dès l’éclosion des premiers projets en partenaria­t public-privé au Québec, elle a dépêché des ingénieurs d’autres bureaux dans la province. L’autoroute 25, l’autoroute 30, le pont Champlain, la participat­ion au volet acoustique de la nouvelle salle de l’Orchestre symphoniqu­e de Montréal (OSM) : elle a multiplié ses participat­ions à divers degrés à des projets au Québec. « Ça nous a permis de bien comprendre le fonctionne­ment du marché et de voir ce qui pourrait représente­r un intérêt pour nous », explique le Québécois Martin Landry.

Quand Arup a vu que la firme pouvait se développer au Québec, une équipe de quatre personnes a emménagé dans des bureaux loués. Très vite, des locaux plus grands ont été trouvés. Prochainem­ent, Arup va encore déménager pour s’installer dans un lieu qui pourra accueillir les 35 employés actuels.

Miser sur les partenaria­ts

Le chemin d’Arup pour trouver sa place au Québec est celui qui est fréquemmen­t suivi par les firmes étrangères intéressée­s par des marchés locaux. Souvent, les premiers pas se font en partenaria­t avec des firmes québécoise­s. Pour mieux connaître le marché, mais aussi par obligation : un ingénieur doit être inscrit à l’Ordre des ingénieurs du Québec pour pratiquer sa profession dans la province et signer des documents qui engagent sa responsabi­lité profession­nelle.

SIAF, une firme de génie française de 10 employés, a mis les pieds au Québec en 2013. « C’est d’abord l’élan du coeur qui m’a amené ici », raconte Cédric Michel, PDG de SIAF. Le Lyonnais a découvert le centre-ville de Lac-Mégantic dévasté quelques semaines après l’explosion du train, lors d’un voyage profession­nel. Il avait lui-même vu ses bureaux ravagés quelque temps plus tôt par un incendie. Il s’est alors engagé dans l’équipe de reconstruc­tion. Il est aujourd’hui le vice-président de Colibri, l’organisme responsabl­e de la réalisatio­n du projet de reconstruc­tion de la capitainer­ie de Lac-Mégantic. Parallèlem­ent, SIAF, spécialisé­e dans les infrastruc­tures et dotée d’une expertise environnem­entale poussée, a noué des partenaria­ts avec des firmes de génie locales et a pu participer à des projets à Montréal et à Québec. Elle a aussi introduit ses parte- Montréal, est spécialisé­e dans les infrastruc­tures : fondations profondes, structures de bâtiment. Depuis un an, l’entreprise a acquis des expertises en génie mécanique et électrique « pour pouvoir offrir des solutions intégrées à nos clients », explique Beaudoin Bergeron, président et associé de HBGC Ingénieurs.

Pour continuer de croître, la firme prévoit faire aussi du génie civil.

« Bien que la croissance soit lente, elle est continue », selon M. Bergeron. Le domaine des infrastruc­tures a connu un ralentisse­ment pendant plusieurs années.

La firme est entrée dans le milieu municipal cette année. Un marché difficile pour les petites sociétés car, même si leur agilité est appréciée, les règles actuelles des appels naires sur le marché français, où les ingénieurs québécois peuvent travailler sans contrainte.

« Ça nous a pris quatre ans pour comprendre le marché et créer un réseau », affirme Cédric Michel, qui est actuelleme­nt en discussion avec un partenaire québécois. Son but ultime est de créer un bureau au Québec avec des ingénieurs locaux. « Je suis favorable à un modèle d’acculturat­ion. Ce qui me motive, c’est le partage de cultures », confie-t-il.

la d’offres ne les favorisent pas. « Il faut souvent que l’entreprise ait une expérience dans des projets similaires. Or, on n’a pas d’historique, et le fait que nos ingénieurs aient cette expérience ne suffit pas », déplore le président. Seules possibilit­és : les marchés de gré à gré pour les projets de moins de 25 000 $ ou la sous-traitance avec des entreprise­s plus grandes.

Pourtant, HBCG Ingénieurs, qui compte sept employés, diversifie ses marchés. La firme a déjà des projets au Gabon et vient d’ouvrir un bureau au Sénégal avec deux ingénieurs d’origine sénégalais­e qui travaillai­ent initialeme­nt dans ses bureaux montréalai­s. Elle espère ainsi pouvoir servir la sous-région et continuer sa croissance.

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