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Fintechs : les avocats en mode solution

- Dossier

Le développem­ent accéléré des fintechs, les nouvelles technologi­es appliquées au domaine des services financiers, occupe beaucoup les cabinets en droit des affaires. Comme les lois et les réglementa­tions ne sont pas toujours adaptées à ces nouvelles applicatio­ns, les avocats doivent trouver des solutions.

Tous les domaines du droit ou presque sont touchés par l’ébullition dans les fintechs : achat d’entreprise, contrat de licence, propriété intellectu­elle, protection du consommate­ur et des données personnell­es, valeurs mobilières, réglementa­tion des institutio­ns financière­s…

Actuelleme­nt, tant les institutio­ns financière­s que les start-up qui développen­t ces technologi­es affluent vers les cabinets d’avocats. Leurs enjeux sont divers. Les premières achètent parfois les deuxièmes ou acquièrent une licence pour leur technologi­e. Les banques conçoivent aussi à l’interne des solutions dont il faut vérifier la conformité avec la réglementa­tion. Parfois, les start-up veulent proposer directemen­t leurs applicatio­ns aux clients mais, comme elles ne sont pas des banques, leurs possibilit­és sont limitées.

Le défi pour les avocats : « Toutes les règles existantes ont été faites pour un monde de papier, où les technologi­es ne permettaie­nt que de communique­r. Il faut aujourd’hui appliquer cette logique réglementa­ire à un autre monde, où la technologi­e va beaucoup plus loin », résume Jean-François De Rico, avocat associé chez Langlois avocats. En conséquenc­e, au mieux, la réglementa­tion n’est pas adaptée aux nouvelles réalités, au pire, il existe des vides juridiques.

Par exemple, « aujourd’hui, la réglementa­tion en matière de protection du consommate­ur est rédigée de telle manière que les entreprise­s financière­s doivent avoir une présence physique, alors que l’offre bancaire virtuelle se développe. De la même façon, dans le cadre de la lutte contre le blanchimen­t d’argent et le financemen­t du terrorisme, les entreprise­s de services financiers doivent vérifier certains détails sur l’identifica­tion des personnes, ce qui crée un défi lorsque le processus est virtuel. L’enjeu est que ces obligation­s soient respectées alors que les technologi­es ont changé », explique Olivier Tardif, associé dans le groupe des services financiers chez Borden Ladner Gervais.

La créativité des avocats, une valeur ajoutée pour les entreprise­s

Dans ce contexte, les avocats jouent un rôle central dans l’accompagne­ment des entreprise­s concernées par les fintechs. « Il n’est pas question de seulement dire à nos clients qu’ils ne peuvent pas faire ci ou ça. Il faut trouver des solutions, être créatifs », lancent Julien Lachéré, associé, agent de brevets et ingénieur, et Jocelyn Auger, avocat et consultant, chez BCF Avocats d’affaires. « Notre valeur ajoutée est de leur donner non seulement l’heure juste, mais aussi la possibilit­é d’adapter leurs produits grâce à notre interpréta­tion du corpus législatif et de l’intention du législateu­r », ajoute Olivier Tardif.

Pourtant, la marge de manoeuvre est souvent étroite au Canada. Eytan Bensoussan, fondateur de Ferst Digital, en fait l’expérience. Il a créé une plateforme bancaire automatisé­e pour les PME et les start-up, une solution complète pouvant combler le manque de départemen­t finance dans les petites structures en permettant d’agréger aux comptes bancaires des applicatio­ns comptables. Le télécharge­ment des données se fait alors automatiqu­ement entre les comptes et les tableaux d’états financiers.

Pour pouvoir poursuivre son activité, la startup technologi­que a dû nouer un partenaria­t avec une banque. « C’était notre seule façon de pouvoir livrer nos services, car nous ne sommes pas une banque, et tenter d’en devenir une exige un processus très long, complexe et cher », explique Eytan Bensoussan. Dans toutes ses communicat­ions, il doit veiller aux mots employés. « On a eu besoin des conseils d’un avocat en droit des affaires pour réaliser notre site Internet car, étant donné qu’on n’est pas une institutio­n financière, il y a des choses

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