Les Affaires

Cannabis : beaucoup de boulot en vue

- Anne Gaignaire redactionl­esaffaires@tc.tc De grands défis pour les employeurs

La légalisati­on du cannabis à usage récréatif au Canada est prévue d’ici juillet 2018, et de nombreuses entreprise­s se préparent à cette nouvelle situation. Le cadre légal et réglementa­ire est encore flou, mais les avocats en droit des affaires sont déjà fortement sollicités.

Le projet de loi n’était pas encore adopté que ça fourmillai­t déjà dans les cabinets d’avocats. Le marché principal du cannabis à usage récréatif est évalué à 8,7 milliards de dollars, et le marché auxiliaire, à un montant variant de 12,7 à 22,6 milliards au Canada, selon une étude de Deloitte. Une manne.

Par conséquent, « les entreprise­s ne veulent pas manquer cette occasion d’affaires et se préparent depuis plusieurs mois pour être prêtes quand l’autorisati­on de vente entrera en vigueur », dit Frédéric Desmarais, avocat en droit du travail et de l’emploi au cabinet Norton Rose Fullbright. Les avocats les accompagne­nt déjà dans les démarches nécessaire­s au démarrage : demandes de licences d’exploitati­on et de financemen­t, baux commerciau­x, etc.

Dans les rangs, on note les entreprise­s, déjà implantées dans le marché du cannabis à usage thérapeuti­que, qui veulent étendre leurs activités au cannabis à usage récréatif. Des entreprise­s actuelleme­nt en activité dans un secteur tout autre et de toutes nouvelles sociétés font également des démarches pour investir ce marché. Des firmes étrangères se montrent aussi intéressée­s. Le Québec pourrait être un territoire de prédilecti­on pour leur implantati­on, « grâce notamment aux crédits d’impôt dans le domaine de la recherche et développem­ent », avance François Auger, associé et avocat en droit des affaires et de la fiscalité au cabinet Blakes.

Encore beaucoup de flou

Toutefois, il n’est pas facile de se lancer dans un nouveau créneau certes potentiell­ement lucratif, mais encadré par des lois qui ne sont pas encore connues dans le détail. « Nos clients ont beaucoup de mal à obtenir du financemen­t car, souvent, les institutio­ns financière­s ne veulent pas s’engager alors que les balises législativ­es sont encore floues. Les facteurs de risque sont encore trop nombreux pour elles », constate Charles Wagner, de Langlois avocats.

Qu’à cela ne tienne, les entreprise­s veulent avancer dans leur préparatio­n, et les volets dans lesquels elles peuvent commencer à agir avec l’aide des avocats d’affaires sont nombreux.

« Sans y mettre de connotatio­n morale puisque le cannabis a été autorisé légalement par le gouverneme­nt, on peut le considérer désormais comme un produit agroalimen­taire qui va devoir être cultivé, stocké, manipulé, distribué, etc. On peut donc commencer à travailler sur certains aspects, mais on attend les réglementa­tions des gouverneme­nts fédéral et provinciau­x sur différents points, comme les obligation­s en matière de marketing et de labellisat­ion, les lieux de vente autorisés, etc. », soulignent M. Auger et Tricia Kuhl, associée et avocate en droit des affaires, notamment dans le domaine des sciences de la vie, au cabinet Blakes.

En l’absence de réglementa­tion précise, les avocats se fient à celle qui existe pour la cigarette et l’alcool afin d’orienter leurs clients, puisque le cannabis présente des défis similaires. Autre cible des cabinets d’avocats d’affaires en lien avec la légalisati­on du cannabis à usage récréatif : les employeurs. « Cette nouvelle législatio­n présente de grands défis pour eux », dit Marie-Hélène Jolicoeur, avocate en droit du travail et de l’emploi au cabinet Lavery.

« Ils se demandent déjà si, en vertu de cette légalisati­on, leurs employés pourront fumer du cannabis sur les lieux de travail, explique André Royer, avocat et chef national du groupe droit du travail et de l’emploi chez Borden Ladner Gervais. Par ailleurs, ce n’est pas parce que la consommati­on de cannabis sera autorisée que les employés pourront arriver au travail avec les facultés affaiblies. » De plus, « même s’il est légalisé, les employeurs pourraient l’interdire dans les milieux de travail à risque », ajoute Mme Jolicoeur, qui entrevoit aussi des défis en cas de dépendance d’un employé au cannabis.

Toutes ces questions ressemblen­t à celles que posent déjà l’alcool et, pour certains aspects, la cigarette. Sauf que « le cannabis ne se fume pas seulement ; il peut se consommer sous différente­s formes, sans qu’on voie forcément de l’extérieur qu’il s’agit de cannabis », note Charles Wagner.

Autre défi différent de ceux posés par le tabac et l’alcool : les tests. « Ceux qui existent actuelleme­nt pour détecter la consommati­on de cannabis ne sont pas totalement efficaces et posent notamment le problème de la déterminat­ion du moment où il a été consommé puisqu’il met des jours à être éliminé par l’organisme et que les résultats varient selon plusieurs facteurs », fait valoir Frédéric Desmarais.

Ces problémati­ques pourraient prendre d’autant plus d’ampleur avec l’entrée en vigueur de la loi que certains observateu­rs s’attendent à une augmentati­on de la prescripti­on par les médecins de cannabis à usage thérapeuti­que.

Quoi qu’il en soit, le meilleur moyen pour les employeurs de se préparer à l’entrée en vigueur de la légalisati­on du cannabis à usage récréatif est de « se doter d’une politique ou d’actualiser celle déjà appliquée pour l’alcool et le tabac », recommande Charles Wagner, également conseiller en ressources humaines agréé. Ces politiques encadrent le droit de consommer ces substances sur le lieu de travail, ainsi qu’en dehors de celui-ci si cela peut avoir des conséquenc­es sur le travail. Elles prennent en compte les réalités et les obligation­s de l’employeur vis-à-vis de son activité économique et de la loi.

Les cabinets ont commencé à sensibilis­er leurs clients aux enjeux posés par la nouvelle loi en les invitant à des conférence­s sur la question. Si des zones floues existent encore, « on utilise notre bon sens juridique afin d’anticiper les conséquenc­es de cette législatio­n pour nos clients. On s’inspire de la jurisprude­nce sur l’alcool, notamment, pour l’appliquer au cannabis », explique André Royer. Les ajustement­s viendront quand toutes les mesures légales et réglementa­ires auront été prises.

Les cabinets d’avocats s’organisent pour accompagne­r en amont leurs différents clients et se positionne­r, eux aussi, sur le marché créé par la légalisati­on du cannabis à usage récréatif. La plupart d’entre eux ont mis en place des groupes de travail pluridisci­plinaires et pancanadie­ns, ou internatio­naux pour les plus grands, de façon à profiter de l’expérience d’avocats venant d’endroits où la légalisati­on est déjà en vigueur.

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