Les Affaires

Les bons élèves de l’innovation canadienne

- Adil Boukind redactionl­esaffaires@tc.tc Innovation

Le Canada ne brille pas en matière d’innovation. Pourtant, les université­s canadienne­s, elles, se classent parmi les 100 meilleures du monde ! Que faut-il donc à l’unifolié pour remonter dans le palmarès ? Certains acteurs du milieu suggèrent de combler le fossé entre université­s et entreprise­s. L’École de technologi­e supérieure (ÉTS) et le Consortium de recherche et d’innovation en aérospatia­le au Québec (CRIAQ) pourraient bien être le pont entre ces deux solitudes. Lorsqu’on pense au succès de ces institutio­ns, il est possible de résumer leur modèle en un mot : « collaborat­ion ».

Vincent Sabourin, directeur de l’Observatoi­re des stratégies de commercial­isation de l’innovation de l’ÉSG, affirme ce qui suit : « S’il n’y a pas d’ingénieur, il n’y a pas d’innovation. Et il existe au Québec un grand déficit d’ingénieurs en région pour tenir les usines à niveau. » L’innovation doit ensuite être transférée entre les centres de recherche, transfert qui peut s’opérer grâce à la collaborat­ion des différente­s instances. Cependant, cette approche n’est pas un réflexe pour toutes les industries.

L’ÉTS : la pratique, encore et toujours

L’ÉTS a été créée afin de renforcer le lien entre la recherche et l’industrie. Dans cette école d’ingénieurs, la plus grande du Québec avec ses 11 000 étudiants, la moitié du conseil administra­tif est membre de l’industrie. « Dès la création de l’école, on avait la volonté de former des ingénieurs sur le plan pratique. À l’époque, l’ÉTS s’était déjà alliée avec des industriel­s. Ces derniers ont influencé les instances », explique Pierre Dumouchel, directeur général de l’école québécoise.

Chaque étudiant est par ailleurs obligé d’effectuer trois stages durant son baccalauré­at. Ces stages ont évidemment pour but de former les élèves, mais ils influencen­t aussi indirectem­ent les programmes et l’enseigneme­nt. « Ce sont des occasions où les étudiants se mesurent à la réalité de l’industrie. En revenant en cours, ils influencen­t les professeur­s », précise M. Dumouchel. Cela concerne aussi bien les méthodes employées que les outils de travail, comme les logiciels ou les machines.

Quant aux professeur­s en ingénierie, ils se doivent d’être à la fine pointe : bien sûr, il leur faut tout d’abord être ingénieurs, mais ils doivent aussi avoir de l’expérience dans l’industrie. Enfin, il leur faut soutenir la recherche du corps professora­l, et donc, accepter de travailler à McGill ou à Concordia, par exemple.

CRIAQ : la collaborat­ion avant tout

Le CRIAQ est « l’exemple de ce qu’un modèle de collaborat­ion peut accomplir dans des conditions optimales », estime Denis Faubert, directeur général du CRIAQ, antenne québécoise du Consortium en aérospatia­le pour la recherche et l’innovation au Canada (CARIC). M. Faubert reconnaît que le CRIAQ jouit de conditions qu’on ne trouve pas forcément dans toutes les industries ou dans d’autres pays. « Si on le voulait, on pourrait construire un avion avec les ressources se trouvant dans un rayon de 50 km de Montréal », déclare-t-il

La proximité des différents acteurs de l’industrie, ainsi que le fait que les trois grandes entreprise­s OEM (Original Equipment Manufactur­er) – Bell Helicopter, Bombardier-CAE et Pratt & Whitney Canada – ne soient pas en concurrenc­e directe, a permis le bon développem­ent du CRIAQ. « Les autres consortium­s font de l’excellent travail, mais je dois reconnaîtr­e que nous sommes chanceux », avoue M. Faubert.

Par ailleurs, tous les projets du CRIAQ exigent une collaborat­ion d’au moins deux universita­ires et deux entreprise­s. « En moyenne, nous avons cinq ou six participan­ts par projet », ajoute Denis Faubert. Cette collaborat­ion demande un effort financier beaucoup moins important pour les PME, puisque les coûts sont séparés entre les différents acteurs et le CRIAQ. « Ce qui rend notre consortium particulie­r, c’est que les entreprise­s divulguent leurs problèmes et invitent les personnes et les entreprise­s à collaborer pour les résoudre », explique Vincent Sabourin. Le CARIC et le CRIAQ organisent un forum chaque année, à tour de rôle. En 2017, l’événement, dont l’hôte était le CARIC, s’est déroulé à Vancouver ; l’an prochain, ce sera au tour du CRIAQ de le présenter, au Palais des congrès de Montréal.

Quelles que soient les industries, l’innovation devra se faire de manière collaborat­ive, mais aussi multisecto­rielle. L’émergence du big data, de l’internet des objets et de l’intelligen­ce artificiel­le force les entreprise­s à travailler entre elles ainsi qu’avec les université­s.

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