Les Affaires

Choisir la bonne initiative pour réussir Les programmes assurent une belle visibilité

- PME Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Au Québec, il existe plus de 250 programmes d’accompagne­ment, offerts par plus de 140 organismes, pour venir en aide aux PME à différente­s étapes de leur évolution. Devant autant de choix, normal qu’une entreprise ne sache pas toujours par où commencer. Et surtout, comment déterminer la ou les bonnes initiative­s qui vont véritablem­ent lui convenir.

« Une entreprise doit consacrer tellement d’énergie, de temps et d’argent à remplir une candidatur­e qu’elle a tout intérêt à profiter du rendement de son investisse­ment. Or, pour que ces programmes rapportent, ils doivent absolument être alignés avec les besoins de l’entreprise », souligne Manaf Bouchentou­f, directeur de l’Accélérate­ur de l’Institut d’entreprene­uriat Banque Nationale HEC. Et des besoins, la PME en a plusieurs. « L’entreprise doit prioriser certains d’entre eux et favoriser les programmes ou les stratégies qui vont y répondre le plus adéquateme­nt. Et j’insiste, le défi de l’entreprene­ur est d’exprimer et de décrire son ou ses besoins le plus précisémen­t possible avant de sélectionn­er un programme », renchérit-il.

Un entreprene­ur peut, par exemple, souhaiter recourir à un programme d’accompagne­ment pour obtenir de l’aide à l’exportatio­n. Encore faut-il qu’il sache à quelle étape de l’exportatio­n il est rendu. Est-il à l’étape de la prospectio­n, de la distributi­on, de l’implantati­on, de l’exploratio­n pour produire sur place? « Si ce besoin n’est pas bien exprimé, cela risque d’entraîner des frustratio­ns chez lui », explique M. Bouchentou­f.

Trouver le bon programme

Comment l’entreprise peut-elle repérer le bon programme? « En se servant d’Internet, en utilisant les bons mots clés pour trouver ce qui Être reconnue comme l’une des entreprise­s les plus prometteus­es de la province par un programme d’accélérati­on comporte un volet prestige et visibilité qui ne peut pas nuire aux affaires. C’est ce que croit Chantal Lévesque, fondatrice de la Maison Shan, à Laval, qui fait partie de la première cohorte de PerforME.

D’emblée, l’entreprene­ure spécialisé­e dans la confection de maillots de bain haut de gamme précise qu’elle n’a pas bénéficié du service d’accompagne­ment gouverneme­ntal, comme cela a été le cas pour la majorité des entreprise­s sélectionn­ées. « Je fais partie des candidatur­es du programme des Gazelles qui ont été retenues par PerforME. Par conséquent, mes attentes étaient plus élevées. Les services et les conseils de la nouvelle stratégie ne correspond­aient pas à mes besoins de recrutemen­t de personnel et de développem­ent de marché, notamment en Chine », indique Chantal Lévesque.

Actuelleme­nt, le chiffre d’affaires de l’entreprise fondée il y a plus de 30 ans se situe entre 10 et 15 millions de dollars. La femme d’affaires souhaite connaître une hausse d’au moins 20% d’ici un an. Tout dépend des aléas du marché, notamment de ce que va devenir l’ALÉNA et de s’offre à elle, indique Manaf Bouchentou­f. Et elle ne doit pas hésiter à consulter son institutio­n financière, sa firme comptable, les organismes locaux, y compris les université­s et les écoles dont l’enseigneme­nt est destiné au monde des affaires. Ce sont autant de ressources qui peuvent la guider vers les programmes qu’il lui faut. »

Autre élément pour augmenter les chances de réussite: l’entreprene­ur doit tenir compte de son agenda et de celui de son entreprise. « Avant de poser sa candidatur­e pour un programme, il faut s’assurer qu’il cadre avec le temps que peut y consacrer l’entreprene­ur et avec le calendrier de l’entreprise. Serez-vous en pleine production, en préparatio­n de bilan de fin d’année financière? Pour profiter des conseils, des rencontres et des autres activités liées au programme, ça prend du temps et toute sa tête », soutient M. Bouchentou­f.

« C’est comme s’inscrire au gym, ajoute Dominic Deneault, gestionnai­re du programme privé Adrenalys. Il faut s’y rendre régulièrem­ent pour obtenir des résultats. »

Remarquez, souligne Manaf Bouchentou­f, le programme doit lui aussi tenir ses promesses. En général, les programmes vont avoir besoin d’ajustement­s pour atteindre leur pleine maturité. La première cohorte va habituelle­ment servir à positionne­r l’offre, la deuxième, à la consolider, et enfin, la troisième, à la standardis­er, explique l’expert.

En résumé, poursuit-il, la recette du succès repose sur l’équilibre entre la capacité de l’entreprene­ur d’exprimer ses besoins et celle de trouver le bon organisme pour y répondre.

L’importance des conseiller­s

« Et j’ajouterais un point important: le dynamisme du conseiller ou de la conseillèr­e avec qui nous sommes jumelés au cours de notre cheminemen­t au sein du programme », signale un programme pour aider les entreprise­s manufactur­ières du Québec. » Le nom de Maison Shan est maintenant « branché » dans le système. « Cette belle étoile à mon dossier va, j’en suis convaincue, me servir dans l’avenir », soutient Mme Lévesque.

Une visibilité qui fait boule de neige

Pour le Groupe Azur, de Montréal, la visibilité liée à PerforME rapporte déjà de bons dividendes. « Notre sélection au sein de la première cohorte nous a permis d’obtenir une bien meilleure crédibilit­é auprès des investisse­urs », affirme Marc-André Denoncourt, chef des opérations et partenaire chez Groupe Azur.

L’entreprise, spécialisé­e dans le développem­ent de logiciels pour systèmes de gestion de trésorerie, est d’avis que sa sélection a eu un effet boule de neige.

« Cette reconnaiss­ance a sans doute contribué au fait que l’on figure parmi les entreprise­s retenues par Passeport PME, un programme chapeauté par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain et Québec Internatio­nal. Une aide de service, incluant une mission commercial­e, dont la valeur était de plus de 25 000 $ », souligne M. Denoncourt. Marc-André Bovet, président-fondateur de BONE Structure, à Laval.

Sélectionn­ée dans la troisième cohorte de PerforME, cette entreprise de constructi­on ne voulait plus rien savoir des initiative­s gouverneme­ntales après la disparitio­n du programme des Gazelles.

« Lorsque j’ai appelé au ministère pour demander un suivi de ma candidatur­e, je me suis fait répondre par un fonctionna­ire: "Impossible de vous dire ce que devient le programme et votre candidatur­e. Suivez l’actualité pour le savoir." Une réponse qui m’avait complèteme­nt découragé. J’avais passé plus de 30 heures à remplir le dossier pour les Gazelles », raconte M. Bovet.

Marc-André Bovet ne se serait donc jamais inscrit à la stratégie PerforME si cela n’avait été de l’insistance de la conseillèr­e Melba Pardo. « Son attitude, son dynamisme et surtout sa volonté de me convaincre de participer à cette stratégie m’ont fait changer d’idée. Et j’admets que je ne le regrette pas du tout », indique l’entreprene­ur lavallois.

« C’est une porteuse de ballon extraordin­aire. Elle nous a fait bénéficier d’une planificat­ion stratégiqu­e qui a permis à l’entreprise de passer d’un modèle d’affaires B2C à un modèle B2B. Elle nous a ouvert de nombreuses portes. Et, disons-le, elle nous aide à réaliser 10 fois nos revenus. »

BONE Structure connaît une croissance annuelle soutenue de 28%. Elle est passée de 3 employés à plus de 60 et compte aujourd’hui un bureau à San Francisco. La Californie représente 30% de son chiffre d’affaires. « D’ici deux ans, ce sera 50% de notre marché », dit M. Bovet. L’entreprise lavalloise vise à atteindre le cap des 100M$ de revenus d’ici 2023. « Et c’est avec l’aide de PerforME que nous allons y parvenir », conclut l’entreprene­ur.

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L’entreprene­ur croit également que le sceau PerforME a été fort bénéfique pour l’obtention d’importants crédits d’impôt. Ces derniers, dit-il, représente­nt des économies de plusieurs centaines de milliers de dollars. « Cette aide s’est traduite par une améliorati­on de nos processus de production, en plus de nous permettre de recruter des employés », ajoute-t-il.

Depuis juin 2015, l’entreprise est passée de 40 à 60 employés. Le chiffre d’affaires, qui était sous la barre des 5 M$, s’approche des 10 M$, signale M. Denoncourt. « Cette stratégie nous a aidés à communique­r avec les bonnes personnes, à réaliser plus rapidement nos objectifs ambitieux. Surtout, elle nous a permis de devenir plus compétitif­s dans notre marché. »

Les processus d’inscriptio­n et les formulaire­s qu’impliquent ces initiative­s peuvent s’avérer très complexes, admet-il, mais l’effort paye. Ces démarches se traduisent par un sacré bon coup de pouce. Les retombées positives que lui a values PerforME encouragen­t d’ailleurs Groupe Azur à surveiller tout lancement de nouveau programme qui touchera l’intelligen­ce artificiel­le et qui s’adressera aux manufactur­iers innovants. – Claudine Hébert

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