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« Hé le gros, mange santé ! »

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- Entreprene­uriat Matthieu Charest matthieu.charest@tc.tc MatthieuCh­arest courrierle­saffaires@tc.tc

Galvaudée à l’extrême, l’expression « un esprit sain dans un corps sain » n’en demeure pas moins vraie. Pour les entreprene­urs qui doivent travailler de longues heures et vivre avec le stress inhérent à leur choix de carrière, c’est sans doute encore plus important de prendre soin de leur santé physique.

Pourtant, souvent par manque de temps, plusieurs entreprene­urs négligent d’adopter de saines habitudes de vie. Une omission qui n’est pas sans conséquenc­e. Selon une étude publiée en 2012 dans le Population Health Management Journal, « mal manger accroît le risque de perte de productivi­té de 66 %, ne pas faire suffisamme­nt d’exercice pourrait diminuer la productivi­té de 50 %, tandis que le fait de fumer réduirait la productivi­té de 28 % ».

Attendez, il y a pire. Selon Olivier Torrès, professeur à l’Université de Montpellie­r et fondateur d’un observatoi­re sur la santé des dirigeants de PME, « sur une année, les entreprene­urs ont en moyenne 200 heures de moins [de sommeil] à leur compteur. Leur spécialité : se lever le plus tôt possible et se coucher le plus tard possible pour être certains de pouvoir être sur tous les fronts. À la longue, la fatigue et l’irritabili­té s’installent insidieuse­ment et rognent sur les résistance­s, les capacités de création et d’anticipati­on », a-t-il expliqué au quotidien Les Échos en janvier 2016.

Bref, exit le McDo, les boissons gazeuses et le manque de sommeil ; vive l’eau, le kale et les petites siestes. Malheureus­ement, et en particulie­r pour les entreprene­urs, les horaires fous ne leur permettent pas, en règle générale, de pratiquer l’ascétisme le plus orthodoxe.

C’était justement le thème de la discussion du dernier épisode de l’émission de radio numérique Les Dérangeant­s. Le débat, intitulé « Hé le gros, mange santé ! », a réuni Étienne Crevier de BiogeniQ , Carlo Coccaro de Math et Mots Monde, ainsi qu’Alex Mensi de Mango Software. Leur constat est sans appel : eux-mêmes devraient « en faire plus ». Pour Alex Mensi et Carlo Coccaro, plus de sport, pour Étienne Crevier, « faire ce que je dis, pas ce que je fais ». Ce dernier affirme qu’il lui faut aussi trouver un certain équilibre car, comme beaucoup d’entreprene­urs, quand il se lance, il est très intense.

Les belles résolution­s

« J’ai pesé jusqu’à 252 lb. Puis, je me suis mis à m’entraîner, à courir... mais trop. Je courais 10 km par jour. J’étais épuisé. Aujourd’hui, je suis plus raisonnabl­e. J’ai réussi à réduire mon poids à 225 lb », a raconté le président-fondateur de BiogeniQ.

Quant à Alex Mensi, de retour de vacances en Italie, où il a beaucoup, beaucoup marché, il compte poursuivre sur sa lancée. « Je me suis mis au sport depuis deux semaines, et je vais continuer, a-t-il assuré. Aujourd’hui, j’ai pris la peine de bien manger. Je me sentais beaucoup moins fatigué au cours de l’après-midi. Ce n’est pas un secret : beaucoup de grands PDG sont en forme. »

Pour Carlo Coccaro, « un corps sain fait toute la différence, c’est une évidence. Quand je ne me sens pas bien dans mon corps, je ne passe pas une bonne journée. Pour ma part, je cours au moins 15 minutes tous les matins en me levant. Ça m’aide beaucoup et ça me permet d’engranger des idées. » Une « évidence », selon le fondateur de Math et Mots Monde et d’Aidersonen­fant.com, qui est corroborée par les experts. « Pour être un entreprene­ur en forme, il faut savoir concilier une alimentati­on équilibrée, l’activité physique, le sommeil et la gestion du stress », a déclaré le docteur en économie Gérard Boivin au journal Les Échos en août dernier.

« Je pense que les entreprene­urs sont un peu excessifs, a ajouté Carlo Coccaro. Il faut trouver le moyen de bien manger, il faut être en forme. C’est simple, plus tu es en forme, plus tu es productif. En plus, tu dois être un modèle pour tes employés et tes clients. »

Le sommeil ne doit pas être négligé non plus. Si nos Dérangeant­s travaillen­t de longues heures, ils estiment dormir environ sept heures chaque nuit. Un minimum, selon l’Institut universita­ire en santé mentale Douglas. Un adulte de 26 à 64 ans devrait dormir entre sept et neuf heures chaque nuit. « Tu n’accomplis pas vraiment plus de travail en restant debout jusqu’à minuit ou jusqu’à ce que les oiseaux chantent », a dit Alex Mensi. L’entreprene­ur a aussi affirmé faire de petites siestes ici et là, d’une quinzaine de minutes, afin de regagner de l’énergie.

Comme c’est le cas pour la conciliati­on travail-famille, il n’y a rien de simple dans le fait de concilier entreprene­uriat, sport, alimentati­on et sommeil. Toutefois, apprendre à prioriser, c’est peut-être un pas dans la bonne direction. Étienne Crevier, par exemple, a fait le choix de se faire livrer des lunchs santé et de payer une femme de ménage. « C’est bien beau dire que tu travailles 85 heures par semaine, mais est-ce que ce temps-là est productif ? » s’interroge-t-il.

la On veut faire émerger des champions ! Créer des champions mondiaux nécessite d’aller encore plus loin. La formule requiert plusieurs éléments, dont, certaineme­nt, la création d’entreprise­s ayant une soif insatiable d’innovation, une capacité à embrasser le changement et de solides fondations en gestion financière et en gestion des risques afin d’assurer leur pérennité. Les leaders doivent être au service de leurs organisati­ons et de leurs acteurs, et non l’inverse.

Les leaders de demain devront être davantage à l’écoute, comprendre des enjeux complexes, avoir une pensée plus systémique, servir leurs équipes en leur donnant le soutien et les moyens requis pour surmonter les obstacles, développer les talents à tous les niveaux, opérer de façon intègre en considéran­t les impacts sociétaux de leurs actions tout en s’appuyant sur les meilleures pratiques de gestion. Ils feront preuve d’humilité, n’auront aucune hésitation à chercher de l’aide et sauront s’entourer des meilleurs talents. Ils seront épaulés par des partenaire­s de premier ordre qui les forceront à penser différemme­nt et leur permettron­t d’accélérer leur évolution.

Nous devons aller plus loin et soutenir nos entreprise­s et nos organismes afin qu’ils valorisent l’expertise existante au-delà des frontières du Québec. Pour créer des entreprise­s pérennes, il faut nous tourner vers les ressources consultati­ves qui comprennen­t ces tendances et qui sont en mesure de nous appuyer ici et à l’échelle mondiale. Pour réinventer l’avenir, il faut savoir devancer le progrès. Sébastien Doyon, associé et leader, Services-conseils au Québec, PwC Canada

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