Les Affaires

Claudine Roy, entreprene­ure en série

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Quand je l’ai rencontrée, à la mi-septembre, Claudine Roy s’apprêtait à repartir en expédition avec un nouveau groupe d’amateurs de plein air et de la Gaspésie : pour la quatrième fois, au lieu de la traverser en plein hiver, elle leur proposait de la parcourir à pied, en bottines, comme elle le dit, de Matane à Gaspé.

Une randonnée pédestre unique, par étapes, avec des liens par autocar. Parce que, même si on est entiché de la région, 400 km à pied serait beaucoup demander… Et 200 personnes y ont participé. Des mordus ou des curieux. La réputation de ces excusions uniques est telle que Mme Roy doit toujours, à son grand regret, refuser des intéressés, faute de place !

Pierre Cayouette en est un habitué, hiver comme été. Auteur et journalist­e, il a entre autres écrit Aux commandes du destin, sur l’odyssée du pilote Robert Piché, et Lettres à un jeune politicien, avec Lucien Bouchard. Il a vu Claudine Roy à l’oeuvre : c’est « une véritable rassembleu­se, une ambassadri­ce de sa Gaspésie avec ce produit exceptionn­el », au point qu’elle convainc année après année des visiteurs comme Annick Cojean, grande reporter au journal Le Monde, d’y participer. Imaginez les retombées !

Elle aurait eu l’idée, il y a 15 ans, de créer la « Grande traversée de la Gaspésie ». Un milieu rude, des conditions difficiles entre mer et montagne en plein hiver, avec des haltes inédites, comme cette visite au fond de la mine de Murdochvil­le… et une réputation qui ne cesse de grandir. « L’activité est un prétexte, dit-elle, pour découvrir la Gaspésie, sa bouffe, sa culture et ses paysages. »

Tout le monde, ou presque, connaît Claudine Roy à Gaspé. Et pour cause : elle a investi, et s’est investie corps et âme, dans son coin de pays.

Il y a 34 ans, elle fondait un restaurant aujourd’hui indissocia­ble de Gaspé, le BriseBise. Pour y parvenir, elle a imaginé avant l’heure ce qu’on appelle aujourd’hui le sociofinan­cement. Près de 400 personnes ont répondu à l’appel. Le restaurant est aussi devenu un foyer d’animation culturelle et a servi de lieu de lancement à des artistes comme Isabelle Boulay. Mme Roy vient tout juste de le céder à un jeune repreneur, Simon Poirier, qui perpétue la tradition.

Infatigabl­e, elle a ensuite racheté au centrevill­e de Gaspé une jolie auberge en faillite, qu’elle a rebaptisée L’Auberge sous les arbres et qu’elle a superbemen­t redressée, au point que le site TripAdviso­r vient de l’inclure dans son palmarès des 10 meilleurs établissem­ents du Québec, avec la note de 5 sur 5 !

De nouveaux combats

Si ses affaires vont plutôt bien, elle sait que celles de sa région sont inégales. « La Gaspésie et les îles de la Madeleine demeurent, étonnammen­t, un des secrets les mieux gardés du Québec », dit-elle… en reconnaiss­ant qu’il n’est pas toujours facile de s’y rendre. « Il fait bon vivre ici, mais il y a des failles pour ce qui est du transport, admet-elle, déplorant le fait que le lien ferroviair­e, entre autres, est désormais interrompu. « Une tristesse incroyable », ditelle, sachant à quel point le trajet était spectacula­ire en bordure de la mer. Les liaisons par autocar, elles, sont moins fréquentes, alors que l’avion coûte cher…

De nouveaux combats qu’elle n’abandon- nera pas si elle trouve le temps de s’y consacrer entre son métier d’aubergiste et sa profession d’administra­trice de sociétés. Elle siège notamment sur le conseil d’Investisse­ment Québec, où elle se fait la fière promotrice des intérêts du Québec, à commencer par ceux de sa chère Gaspésie. – René Vézina

« Il fait bon vivre ici, mais il y a des failles pour ce qui est du transport. » – Claudine Roy, femme d’affaires originaire de Gaspésie

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