Et si Sept-Îles devenait le plus important port du pays ? Saint-Laurent, le territoire urbain le plus industriel du Québec
Est-ce possible de miser sur la fermeture d’une entreprise de plus de 400 employés pour en faire un levier économique majeur pour sa région ? C’est le défi titanesque que compte relever l’équipe de Développement économique Sept-Îles.
Cette dernière souhaite profiter de la fermeture de l’usine de bouletage Cliffs Natural Ressources, qui a cessé ses activités en décembre 2014, pour redynamiser l’immense secteur industriel Pointe-Noire de 34,2 km2, soit le deuxième plus grand territoire industriel contigu de la province.
« La fermeture de l’usine Cliffs, qui occupait à elle seule 12 km2, permet désormais de rendre plus accessibles les voies ferrées qui traversent cette zone industrielle jusqu’au port. En fait, cette fermeture ouvre les portes au développement économique de ce vaste territoire industriel qui était jusqu’ici inexploité », explique Sylvain Larivière, directeur général et commissaire industriel de L’arrondissement Saint-Laurent est l’un des territoires industriels du Québec où l’on retrouve plus d’emplois que de résidents. Au dernier décompte, on recensait 109 567 emplois pour une population de 103 000 résidents.
« Chez nous, plus de 70 % du territoire est constitué de zones industrielles. La plus imposante d’entre elles, située à l’ouest de l’arrondissement, qui inclue la zone bordant l’autoroute 40, s’étend sur plus de 25 km2. Elle accueille 4 550 entreprises et génère plus de 99 000 emplois », soulève Josée Chiasson, directrice générale de Développement économique Saint-Laurent (DESTL).
Traversée par les autoroutes 40, 15, 13 et 520, et voisin de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, Saint-Laurent, la troisième plus grande zone industrielle contiguë du Québec, est devenue un territoire recherché par les entreprises au cours des 60 dernières années. « Ici, le mot d’ordre est simple : tu veux faire des affaires ? Viens t’installer dans Saint-Laurent ! Un effet d’attraction qui a créé plusieurs grappes, souligne Josée Chiasson. Ainsi, on Développement économique Sept-Îles. Actuellement, à peine 10 % de l’ensemble du secteur Pointe-Noire est développé. L’aluminerie Alouette et le port en constituent les principaux occupants.
Comment s’organise le développement ? Trois principaux propriétaires se partagent le territoire à développer : le port (8 km2), la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire (12 km2), qui a racheté les actifs de Cliffs, et le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles, qui détient plus de 14 km2.
Les principaux paramètres de développement devraient être mis en place d’ici un an. En attendant, l’organisation de M. Larivière a déjà commencé à cibler des entreprises de l’industrie lourde, des transformateurs de minerai de fer et des entreposeurs de marchandises en vrac.
« On entre carrément dans une ère nouvelle », soutient, enthousiasmé, Pierre Gagnon, PDG du Port de Sept-Îles. « Ce redéveloppement arrive juste à point avec notre nouveau quai multiusager qui sera inauguré au printemps 2018. Aménagé au coût de 220 M$, en partenariat avec cinq entreprises minières (Alderon, Labrador Iron Mine, New Millenuium Corporation, Tata et Champion), ce quai de classe mondiale, ouvert à l’année, peut nous permettre de devenir un des plus importants ports de vrac au monde, particulièrement grâce au développement minier de la fosse du Labrador. On pourrait même, d’ici dix ans, devancer Vancouver, qui occupe actuellement le premier rang des ports en importance au pays avec plus de 130 millions de tonnes par année. »
Enfin, l’absence de réseau de gaz naturel pourrait toutefois ralentir le développement du secteur. Un élément, concède Sylvain Larivière, qu’il faudra corriger au cours des prochaines années. On estime que la croissance industrielle du parc devrait s’échelonner sur les 20, voire les 30 prochaines années.