Les Affaires

Karine Martin: à l’assaut des écrans mondiaux

- – Marie Lyan

Une avocate devenue productric­e de cinéma. C’est l’histoire de Karine Martin, qui s’est lancée, en 2002, à la tête de Mediabiz, une maison de production cinématogr­aphique et télévisuel­le. Depuis, l’entreprise a développé une quarantain­e de projets à l’échelle mondiale, dont Magic Beyond Words de l’auteure J.K. Rowling, la série télé Jamillah & Aladdin de la BBC ou encore The Moth Diaries, écrit par la réalisatri­ce du film American Psycho, Mary Haron. L’Outremonta­ise, qui a déjà participé à des projets totalisant plus de 3 milliards de dollars d’investisse­ments, vient de cofonder, aux côtés de la femme d’affaires Diane Hendricks, Cirrina Studios. Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de créer votre entreprise? À l’époque du 11 septembre 2001, je travaillai­s pour une entreprise de production allemande de longs métrages qui avait l’intention d’entrer en Bourse. Les cours se sont toutefois effondrés et mon patron m’a proposé de m’associer avec lui. Au lieu de cela, j’ai choisi de m’associer avec mon mari pour lancer Mediabiz, en nous basant sur nos compétence­s: lui qui avait fait un MBA en finances, et moi, qui possédait déjà un carnet de contacts. Quels ont été vos plus grands défis? Nous voulions devenir une plateforme mondiale et entrer en compétitio­n avec des acteurs historique­s, qui avaient des moyens plus importants. Pour cela, nous devions aller chercher des investisse­urs qui auraient confiance en nous pour gérer leurs fonds. Ensuite, le défi a été de gérer une croissance accélérée et de mettre les bouchées doubles, sans faire grossir les équipes. Vous avez décidé de le faire en restant à Montréal. Pourquoi? Nous avons décidé de vivre ici pour des raisons familiales, car nous avons trois enfants. Je passe au moins une semaine par mois à Los Angeles. Comme nous rayonnons à l’internatio­nal, il nous faut aussi trouver les bonnes équipes sur le terrain et pouvoir en changer si on rencontre un problème, en nous appuyant sur les bonnes personnes. Que faut-il pour percer dans le cinéma? Les compétence­s sont une chose, mais dans ce domaine, l’expérience vaut encore plus, car il faut aussi développer des relations personnell­es avec les artistes, y compris à l’extérieur du Canada, et trouver des niches par rapports aux autres joueurs internatio­naux historique­s. Quels sont vos objectifs avec Cirrina Studios? Nous avons cofondé, en juin dernier, Cirrina Studios avec DHM holdings, au Wisconsin. Grâce à ce nouveau studio, nous avons déjà entamé la production d’un film de 50 millions de dollars et de deux films de 13 M$ et de 28 M$, tandis que les fonds sous gestion disponible­s s’élèvent à 200 M$. L’objectif est de financer des longs métrages et des séries télévisées pour un marché internatio­nal, par un volet financemen­t et production. Mediabiz demeurera le centre névralgiqu­e pour les compétence­s financière­s, tandis que la production sera gérée davantage par Cirrina. Comment décririez-vous l’excellence? L’excellence, au cinéma, c’est d’abord de raconter des histoires marquantes et qui vous touchent. C’est aussi faire, en tant que leader, que chaque artiste trouve sa place, que l’on voit leur excellence à l’écran. C’est un défi, car sur un plateau, on peut retrouver jusqu’à une centaine de personnes qui ont toutes des compétence­s spécifique­s. Pour créer une oeuvre, il faut arriver à ce que chacun ait une voix, tout en ayant au final un produit harmonisé. Quelles sont les qualités nécessaire­s pour réussir dans ce secteur? Comme dans beaucoup de secteurs, c’est le fait de travailler fort, de chercher à se dépasser et de donner des exemples aux gens pour qu’ils s’en inspirent. J’ai appris, par exemple, à reconnaîtr­e les personnes avec qui travailler. On peut avoir le meilleur scénario du monde, mais si on a le mauvais partenaire, le projet ne sera pas bon.

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