Les Affaires

Ève Laurier, un parcours parsemé de défis

- – Marie Lyan – Anne-Marie Tremblay

FINALISTE – CADRE, DIRIGEANTE OU PROFESSION­NELLE, ENTREPRISE PRIVÉE – PRIX TÉLÉFILM CANADA À 27 ans, Ève Laurier devenait vice-présidente en relations stratégiqu­es chez Richter. Depuis 2014, elle dirige le bureau montréalai­s d’Edelman, la plus importante firme de communicat­ions marketing privée au monde, avec plus de 65 bureaux et quelque 7 000 employés. Depuis son arrivée en poste, la majeure partie de la clientèle de l’organisati­on est constituée d’entreprise­s québécoise­s qui veulent rayonner à l’internatio­nal.

Quel a été le défi le plus important de votre carrière?

Mon parcours est parsemé de défis qui, comme le dit Isabelle Hudon, m’ont donné le vertige et m’ont permis d’avancer. J’ai toujours décidé de me lancer, même si je n’étais pas prête à 100%, de suivre mon instinct. Par exemple, quand je me suis joint à Richter, ce cabinet d’experts en comptabili­té plus connu dans le marché anglophone cherchait à bâtir sa marque et à se faire connaître dans le Québec inc. Ils ont choisi une jeune femme, francophon­e, qui ne connaissai­t pas leur domaine. Quand j’ai accepté, je ne savais pas encore comment, mais j’avais la conviction profonde que j’allais y arriver.

Même chose avec Edelman. Quand ils m’ont offert de diriger le bureau de Montréal, j’ai carrément refusé, alors que c’était l’offre de ma vie! Je sortais d’un congé de maternité et j’avais l’impression de ne pas avoir assez d’expérience en relations publiques et en gestion. Un mois plus tard, la personne au recrutemen­t m’a rappelée et nous avons décortiqué ce qui posait problème. J’ai fini par accepter et je ne l’ai jamais regretté.

Quelle est la clé de votre succès?

Je sais que j’ai des forces, des faiblesses et une ou deux zones d’excellence. Si une entreprise offre un défi qui me permet de les exploiter tout en m’aidant à compenser mes points faibles, je sais que je pourrai réussir. Par exemple, j’adore les entreprise­s qui misent sur le talent. C’est naturel pour moi de mettre en valeur les gens qui les composent, de raconter leur histoire, de les brancher avec ceux qui ont besoin de contenus, comme les médias, les fondations, les université­s, etc. Je suis amoureuse des entreprise­s d’ici et mon travail me permet de les connecter à un réseau qui s’étend partout sur la planète. Une force que j’ai mise à profit, tant avec les experts de chez Richter qu’avec les clients de la firme Edelman.

Quelle réalisatio­n vous rend la plus fière?

Le fait d’avoir réussi à combiner ma vie profession­nelle avec celle de maman. Je partage la garde avec le père et j’ai créé un écosystème autour de mon fils. J’ai une adjointe extraordin­aire qui connaît mon horaire familial, une patronne compréhens­ive et trois gardiennes. S’il faut être transparen­t avec son employeur sur ces questions, cela demeure tout de même notre responsabi­lité. J’ai donc toujours plusieurs solutions de rechange.

Selon vous, qu’est-ce que le leadership au féminin?

C’est important d’utiliser notre pouvoir d’influence pour aider les jeunes femmes à démarrer leur carrière du bon pied. Par exemple, quand je recrute, une grande majorité d’entre elles se sous-évaluent sur le plan salarial. J’enlève donc mon chapeau de gestionnai­re pour mettre celui de coach, je leur dis qu’elles méritent plus et discutent avec elles des stratégies pour mieux négocier.

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