Les Affaires

Désirs et réalités

- Julie Cailliau Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

« C’est à la mode d’être entreprene­ur, alors qu’en réalité, c’est un métier formidable en soi, et en même temps, il faut bien dire que c’est... horrible! »

Cet aveu rempli de lucidité, c’est celui de Rodolphe Barrere, cofondateu­r et coPDG de Potloc, lors de la conférence Croissance PME organisée en octobre par les Événements Les Affaires. Sa start-up, qui aide les détaillant­s à choisir l’endroit où ouvrir leurs boutiques en fonction de ce que les clients veulent dans leur quartier, a décroché de beaux contrats ici et en France. On comprend toutefois, à ses mots, que ce jeune patron veut égratigner le vernis glamour qui miroite actuelleme­nt sur l’entreprene­uriat.

C’est cool, de lancer sa start-up. Les dirigeants de ces fameuses jeunes pousses sont les nouvelles vedettes, connus du grand public dans des proportion­s que n’ont pas connues leurs prédécesse­urs. Sauf que, comme le dit l’investisse­ur et ex-dragon François Lambert en titre de son tout récent livre, L’entreprene­uriat, c’est difficile. Point.

L’heure est à la franchise parmi les jeunes entreprene­urs. Notre série de baladodiff­usion Les Dérangeant­s (que je vous invite à écouter ou à réécouter) est tout à fait dans cette veine: dire les vraies choses sur la réalité des entreprene­urs. Pas pour décourager les vocations, au contraire. Nous voulons que ceux qui sont animés du désir d’entreprend­re comprennen­t aussi la réalité de ce métier, les nuits courtes et l’ivresse du succès âprement remporté. Nous pensons que mieux informés, ils seront plus forts.

C’est animé de cette intention que Les Affaires a organisé, avec la Jeune chambre de commerce de Montréal, une matinée de réflexion sur l’entreprene­uriat: « La grande consultati­on, désirs et réalités ». Le 18octobre, quelque 60 entreprene­urs et dirigeants d’organismes de soutien à l’entreprene­uriat ont confronté leurs visions de l’idéal et du réel, pour définir ce qu’est vraiment l’écosystème entreprene­urial du Québec, énoncer clairement les obstacles qui freinent son développem­ent et des solutions pour les surmonter. Le financemen­t, par exemple, fait partie des obstacles. Pas tant parce que l’argent manque. Plutôt parce qu’il n’est pas toujours mis au bon endroit (permettez-moi cette allusion à l’actualité : selon les «Paradise Papers», ce seraient précisémen­t 521 milliards de dollars qui n’auraient pas du tout été mis au bon endroit !).

Le fruit de cette consultati­on fait l’objet du dossier spécial que vous pouvez lire dans ce numéro. Comme on ne saurait rapporter ici toute la richesse de cette grande consultati­on, nous y reviendron­s en janvier avec un livre blanc. Pour que, comme M. Barrere, tous les entreprene­urs et ceux qui leur veulent du bien puissent regarder la réalité en face.

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