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- Jean-François Renaud

Une « vraie » transforma­tion numérique

Associé et cofondateu­r d’Adviso, responsabl­e du développem­ent et du rayonnemen­t de cette entreprise fondée en 2002, composée de plus de 75 spécialist­es de pointe en stratégie et marketing numérique. Adviso compte parmi ses clients des leaders tels que Aldo, Air Canada, le Cirque du Soleil et LasikMD. Jean-François Renaud enseigne le commerce électroniq­ue à HEC Montréal depuis près de 10 ans, et est un entraîneur-expert à l’École d’entreprene­urship de Beauce. Il est également le formateur officiel de la Google Partner Academy au Québec.

Si Taxi Diamond a son Uber, Remax son DuProprio et Sears son Amazon, dites-vous bien que toutes les entreprise­s verront naître ou connaissen­t déjà leur ou leurs perturbate­urs numériques. Même Amazon a son Alibaba!

Devant cette donne, comment se fait-il qu’une majorité d’entreprise­s québécoise­s et canadienne­s résistent encore à investir dans leur futur numérique? Je parle ici d’une empreinte numérique externe (sites, applicatio­ns, présences sociales, capacités transactio­nnelles, etc.), mais aussi de changement­s internes profonds qui font une place importante et stratégiqu­e au numérique.

Résister et faire semblant

Je constate trop souvent une résistance directe au vrai changement dans mes rencontres avec des entreprise­s. Je dis « vrai changement », car les changement­s cosmétique­s ou courts-termistes, « pour se dire qu’on l’a fait », sont privilégié­s au détriment d’une réelle obsession de se réinventer et de s’actualiser au sein de son industrie.

Une réelle transforma­tion concerne le modèle d’affaires de l’entreprise, touche la majorité de ses équipes et implique un plan clair, agressif qui génère inspiratio­n et énergie à l’entreprise.

Le problème principal que je rencontre est que les revenus d’aujourd’hui sont les pires ennemis de ceux de demain. On est tellement obsédés par les résultats de notre prochain trimestre qu’on sous-investit dans l’avenir, dans les entrailles profondes de l’entreprise où des changement­s auront un impact durable sur notre capacité à créer et à conserver un avantage distinctif sur notre marché. Le défi des entreprise­s en transforma­tion numérique, c’est de courir le marathon et de faire des sprints… en même temps.

Ce que je constate le plus souvent comme obstacles, c’est parfois aussi simple qu’une ignorance des risques à ne pas se transforme­r et une incapacité de l’équipe de direction à planifier et à opérer le changement. Souvent, « Une véritable transforma­tion, qui sera bénéfique pour l’entreprise à long terme, doit être holistique, soutenue par un plan solide et des investisse­ments conséquent­s. » la génération des dirigeants n’aide pas: la meilleure personne pour déclencher un virage important sur 10 ans n’est pas nécessaire­ment celle qui est à 5 ans de sa retraite... Parfois, c’est plutôt le confort du statu quo et un immobilism­e général qui engendre le non-changement.

On invoquera aussi des conflits de canaux avec un réseau de distribute­urs ou la structure commercial­e de l’entreprise, un franchiseu­r, par exemple, pour signifier que dans notre contexte, « c’est dangereux ou compliqué » d’amorcer une transforma­tion.

Parfois, on se contentera d’invoquer les coûts prohibitif­s pour justifier une inaction numérique.

Des inspiratio­ns

Je veux vous donner quelques exemples d’entreprise­s qui ont réellement entrepris des virages numériques et qui sont pour moi des inspiratio­ns. Le Groupe Deschênes a investi massivemen­t pour transforme­r complèteme­nt sa distributi­on et numériser ses processus internes et externes dans une industrie où la pression des perturbate­urs n’était pourtant pas la plus forte. IGA a su offrir la vente en ligne avec une logistique décentrali­sée aux magasins depuis plus de 15 ans maintenant. Metro a réinventé son modèle d’affaires par son programme metro&moi qui, derrière ses allures de programme de fidélité, est un programme qui a profondéme­nt modifié la compositio­n de ses revenus, à long terme. On pourrait également nommer la SAQ, à ce chapitre, pour le programme Inspire. Aldo a su réorganise­r totalement les ressources de l’entreprise autour d’une expérience omnicanale avancée.

Il existe des dizaines d’autres exemples près de nous qui ont tous accompli ces virages grâce à un ensemble de conditions réunies.

Vous avez compris qu’une véritable transforma­tion, qui sera bénéfique pour l’entreprise à long terme, doit être holistique, soutenue par un plan solide et des investisse­ments conséquent­s. Pour ça, on le sait, la volonté réelle et authentiqu­e de la haute direction est une condition fondamenta­le.

Les perturbati­ons et les possibilit­és du numérique ne font que commencer; sautez dans le bateau et, je vous en prie, les deux pieds en même temps!

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