Les Affaires

Parcs industriel­s et technologi­ques

- Claudine Hébert redactionl­esaffaires@tc.tc

Aménagez-le… et ils viendront

Après avoir enregistré un creux dans les années 1990 et début 2000, le parc industriel retrouve son lustre au sein de l’écosystème du Québec depuis dix ans. Des villes comme Drummondvi­lle, Sherbrooke et Granby n’hésitent pas à sortir le grand arsenal en offrant des terrains pour seulement 1 $ le pi2, incluant rues, aqueducs et égouts. Sans oublier des crédits de taxes foncières de 100 % sur deux, cinq, voire dix ans, comme c’est le cas justement à Sherbrooke.

« Il y a deux ans, nous avons convaincu la Ville qu’il valait le coup d’offrir ce congé de taxes sur dix ans aux entreprise­s de nos filières-clés pour qu’elles emménagent à Sherbrooke. Certes, on se prive pour le moment d’un revenu. En revanche, les terrains vacants sont occupés, ce qui génère des emplois ainsi qu’une augmentati­on de la population », signale Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole. En trois ans, Sherbrooke a accueilli près de 5 000 habitants de plus, ce qui porte sa population à plus de 166 600 personnes.

Un fer de lance économique pour les villes

À Varennes, la Ville a investi près de 25 millions de dollars au cours des cinq dernières années pour acheter des terrains aux promoteurs immobilier­s afin d’en faire elle-même le développem­ent. « Il y a cinq ans, à peine 30 % de nos espaces industriel­s étaient occupés. Aujourd’hui, au rythme où vont les choses, nous allons manquer de terrains d’ici cinq ans », indique Guillaume Marchand, chef de division au développem­ent économique à la direction générale, à la ville de Varennes. Parmi les bons coups de la Ville, notons l’arrivée du siège social et du centre de distributi­on de Jean-Coutu.

Les retombées sont aussi au rendez-vous. D’ici un an, les taxes foncières provenant des industries représente­ront plus de la moitié des revenus de la Ville de Varennes, soutient M. Marchand. Ils représenta­ient à peine le quart il y a cinq ans. Des revenus qui ont permis à la Ville de se doter d’un complexe sportif comprenant quatre terrains de soccer intérieurs et d’une bibliothèq­ue net zéro. « Nous avons également investi 15 M $ pour la réfection de deux voies réservées au transport lourd, ce qui permet de préserver la quiétude de nos citoyens », soutient M. Marchand.

« C’est un fait, la présence d’un ou de plusieurs parcs industriel­s constitue un fer de lance économique important pour les municipali­tés », soulève Louis Grenier, associé principal chez Stratégies Immobilièr­es LGP. Depuis quatre ans, cette firme de consultant­s immobilier­s spécialisé­e en aménagemen­t de parcs industriel­s vient en aide aux municipali­tés. L’entreprise a également lancé le tout premier répertoire des parcs industriel­s du Canada il y a deux ans.

Il faut savoir, poursuit M. Grenier, que chaque dollar récolté auprès des entreprise­s industriel­les rapporte davantage que ceux générés par l’ensemble résidentie­l. Il en coûte ainsi 37 cents aux villes pour chaque dollar industriel récolté. Chaque dollar résidentie­l obtenu coûte pour sa part 87 cents.

Des emplois qui en créent d’autres

L’autre retombée des infrastruc­tures industriel­les se calcule selon le nombre d’emplois générés. « Chaque emploi dans le domaine de la fabricatio­n permet d’en créer deux dans le domaine des services », soutient Martin Dupont, directeur général de la Société de développem­ent économique de Drummondvi­lle. « Chaque emploi sur un chantier maritime permet d’en créer trois autres », renchérit Philippe Meurant, directeur à la direction du développem­ent économique et de la promotion, à la Ville de Lévis. Cette dernière a justement l’avantage d’accueillir le plus grand chantier maritime du pays, Davie, qui emploie près de 1 000 travailleu­rs.

À Baie-Comeau, où le parc industriel Jean-Noël-Tessier vient de doubler de superfi-

cie pour atteindre 5km2, les nouveaux emplois y sont très attendus. « Selon nos estimation­s, avec l’arrivée imminente de Mason Graphite et de Métaux canadiens, des entreprise­s qui créeront à eux deux tout près de 300 emplois, on s’attend à ce qu’une dizaine de PME viennent graviter autour d’elles. Notre population devrait également croître d’au moins 1 000 à 1 500 personnes », souligne Reina Savoie-Bourdain, conseillèr­e stratégiqu­e au développem­ent à la Société d’expansion de Baie-Comeau. Ce nombre correspond­rait à une croissance de plus de 5% pour Baie-Comeau, dont la population a chuté à 21 000 personnes au cours des dix dernières années.

La grandeur ne suffit pas

Remarquez, insiste le consultant immobilier M. Grenier, ce n’est pas la grandeur d’un parc industriel qui fait foi de sa performanc­e économique. Tout repose sur la chaîne de valeurs que génère le parc. L’arrivée d’un centre de distributi­on n’a pas le même impact que celle d’un fabricant de jeux vidéos. « Dans un centre de distributi­on ou d’entreposag­e, chaque emploi correspond à plus de 1 600 pi2 de superficie, précise M. Grenier. Divisez ce même espace par dix lorsqu’il s’agit d’un emploi dans l’industrie de la production de jeux vidéos. »

Le Parc technologi­que du Québec métropolit­ain (PTQM) est un bel exemple. Cet espace occupe, au total, moins de 1,5 km2 de superficie. En revanche, il abrite une centaine d’entreprise­s qui se traduisent par plus de 6 500emplois. « Ici, ne cherchez pas des entrepôts. Nous regroupons principale­ment des entreprise­s de haute technologi­e. D’ailleurs, plus de 80% du chiffre d’affaires de ces entreprise­s provient de leurs activités internatio­nales », souligne fièrement Nathalie Quirion, présidente et directrice générale du PTQM. Créé il y a plus de 30 ans, ce parc de la communauté urbaine de Québec se distingue depuis ses tout débuts par la vision de ces gestionnai­res. On y trouve une garderie de 160 places, une plateforme de covoiturag­e, des camions de rue à l’heure du lunch ainsi qu’une équipe d’au moins vingt entraîneur­s et animateurs pour contribuer au bien-être physique et mental des employés du Parc.

Enfin, un des facteurs qui devrait favoriser la croissance des parcs industriel­s au Québec au cours des prochaines années demeure le fleuve Saint-Laurent, « dont on vient d’en redécouvri­r la présence », ajoute ironiqueme­nt M. Grenier. Il y a deux ans, le gouverneme­nt a amorcé une consultati­on auprès des administra­tions municipale­s et portuaires afin d’établir une stratégie maritime. Au total, 16 zones industrial­oportuaire­s ont été recensées. Au cours des quinze prochaines années, ces zones devraient faire l’objet de projets industriel­s qui représente­nt des investisse­ments de plus de 2,4milliards de dollars de la part du gouverneme­nt. Ces investisse­ments devraient engendrer la création de plus de 3 000 emplois.

Ça tombe bien. Les deux plus grands espaces industriel­s de la province de notre classement, Bécancour et Sept-Îles, disposent tous deux d’un port de classe mondiale avec un quai en eau profonde ouvert à l’année.

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Le fleuve Saint-Laurent devrait favoriser la croissance des parcs industriel­s au Québec au cours des prochaines années demeure. Sur notre photo, le terminal Pointe-Noire, à Sept-Îles.
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