Les Affaires

LUNE ROUGE, POUR CRÉER D’AUTRES GUY LALIBERTÉ

- Denis Lalonde denis.lalonde@tc.tc C @@ DenisLalon­de

Immobilier, innovation, divertisse­ment, hub créatif, incubateur de start-up... Quelles sont les ambitions de Lune Rouge, l’entreprise du cofondateu­r du Cirque du Soleil, Guy Laliberté ? Selon le chef de la création, Alexandre Amancio, l’entreprise est née du désir de Guy Laliberté de servir de mentor pour de jeunes entreprene­urs. « Quand Guy a lancé le Cirque du Soleil, il avait un grand espoir que de hauts dirigeants d’entreprise­s québécoise­s puissent devenir ses mentors, mais il s’est heurté à un mur. Il s’est alors promis qu’il ne ferait pas la même erreur si jamais il réussissai­t en affaires. Il voulait s’impliquer comme mentor pour une génération émergente d’entreprene­urs », explique M. Amancio, aussi cofondateu­r et PDG du studio de jeux vidéo Reflector Entertainm­ent, qui fait partie de Lune Rouge Création.

Il ajoute que le modèle d’affaires de Lune Rouge est bâti de façon à favoriser l’entreprene­uriat et comporte des unités d’affaires plutôt que des divisions. « Chaque unité d’affaires est plus petite et agile et conserve son indépendan­ce sous la société mère », précise-t-il, en mentionnan­t que l’entreprise veut faire le pont entre la créativité et l’innovation entreprene­uriale. Ainsi, Nadine Gelly, directrice générale du hub créatif, est également directrice générale de la Vitrine culturelle de Montréal, un organisme qu’elle a fondé en 2006 et qui se veut un carrefour web qui répertorie tous les spectacles en salle dans la grande région de Montréal. Dans son nouveau rôle qu’elle occupe depuis octobre, elle participer­a à générer des rencontres entre entreprene­urs dans les domaines de la création de contenu et des technologi­es dans le secteur du divertisse­ment. Lune Rouge souhaite en effet développer de nouvelles propriétés intellectu­elles québécoise­s aux ambitions internatio­nales. « Cet objectif est très important. Au Québec, on a une créativité et un esprit entreprene­urial hallucinan­ts. Beaucoup d’entreprise­s étrangères sont venues s’installer ici afin de puiser dans ces ressources pour leur rayonnemen­t internatio­nal », affirme M. Amancio. Le dirigeant de Reflector a notamment participé à l’émergence des franchises Assassin’s Creed et Far Cry lors de son passage chez Ubisoft. « Le Québec a l’habileté de parler aux marchés européen et américain. Ce qu’il nous manque, croit-il, c’est une infrastruc­ture locale pour soutenir des initiative­s créatives locales qui ont le potentiel de rayonner à l’internatio­nal. »

La Maison Alcan, un choix qui n’est pas anodin

« Nos ambitions sont assez grandes pour qu’on ait cette humilité de reconnaîtr­e qu’on ne pourra pas tout faire seul. Nous sommes à la recherche de partenaire­s qui vont nous permettre d’avoir des moyens à la hauteur de nos ambitions », confie M. Amancio, qui dit discuter avec des institutio­ns financière­s, des accélérate­urs, des fonds de capital de risque et des université­s. Néanmoins, le choix de faire de la Maison Alcan le siège social de Lune Rouge n’est pas uniquement dû à sa proximité des université­s montréalai­ses : le choix de l’établissem­ent relève d’une raison plus personnell­e... et historique. « Le père de Guy travaillai­t pour Alcan. Il était ici, dans ces bureaux. Guy venait ici quand il était tout jeune. La Maison Alcan, c’était représenta­tif de la réalité sociale de l’époque, si on veut, avec une caste anglophone de gestionnai­res et une caste ouvrière qui était francophon­e. L’idée de prendre cet endroit et de le transforme­r en moteur pour faire rayonner la culture québécoise à l’internatio­nal... il y a une espèce de justice politique là-dedans », explique-t-il.

Le hub créatif devrait regrouper plusieurs initiative­s entreprene­uriales. Si les entreprene­urs vont côtoyer les différents dirigeants des entités de Lune Rouge, Alexandre Amancio soutient que la société ne cherchera pas à détenir des participat­ions dans toutes les start-up qui fréquenter­ont l’endroit. « On veut créer un écosystème pour les aider à démarrer et à rayonner, mais on veut que les entreprene­urs restent propriétai­res, dit-il. Nous voulons “créer” d’autres Guy Laliberté. »

M. Amancio ajoute que l’entreprise explore la possibilit­é d’ouvrir d’autres bureaux dans le monde. « Par notre division immobilièr­e, on peut faire des investisse­ments partout dans le monde, à condition qu’ils soient synergique­s avec l’ensemble du groupe » , raconte-t-il.

L’entreprene­ur visite Los Angeles une fois par mois. Sans dire que Lune Rouge pourrait ouvrir un autre hub créatif dans la capitale du divertisse­ment, il concède que l’endroit offre une complément­arité indéniable avec Montréal. « Ils ont des forces qui peuvent renforcer nos faiblesses, et inversemen­t, indique-t-il. Si on arrive à créer une toile avec des “points lumineux synergique­s” un peu partout, on va finir par créer un tout qui sera plus grand que la somme de ses parties. »

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