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TECHNOPOLY­S PLAIDE POUR UN « PLAN NERD »

- Denis Lalonde denis.lalonde@tc.tc C @@ DenisLalon­de Technologi­es

« Je regarde les écosystème­s de start-up partout dans le monde depuis plusieurs années. Il y a quelque temps, j’étais en France, où le mouvement French Tech est très fort. Beaucoup d’argent y est investi et j’ai demandé à un ami français quel était le principal problème. Il m’a répondu qu’en France, ils n’ont pas l’ambition de leurs moyens. Ici, c’est le contraire: le Québec doit se donner les moyens de ses ambitions », raconte Sylvain Carle, associé de Real Ventures et l’un des cinq ambassadeu­rs de Technopoly­s. Cette initiative, créée à la mi-septembre, souhaite rassembler les entreprise­s québécoise­s en technologi­es de l’informatio­n autour de priorités communes. Les autres ambassadeu­rs sont le PDG de Busbud, Louis-Philippe Maurice, la cofondatri­ce de 8D Technologi­es, Isabelle Bettez, Yoshua Bengio, professeur titulaire et directeur scientifiq­ue de l’Institut de valorisati­on des données de Montréal et le fondateur et président exécutif de CGI, Serge Godin.

Au cours d’un récent voyage en Israël, M. Carle s’est dit « soufflé » de constater à quel point l’innovation et la technologi­e étaient le moteur principal de l’économie. « Au Canada, le secteur des ressources naturelles est très fort et ça fait de l’ombrage à l’innova- tion et à la technologi­e. Ma phrase préférée, quand je rencontre des membres du gouverneme­nt du Québec, c’est "lâchez-moi le Plan Nord, je veux un Plan Nerd" », lance celui qui estime que la plus grande valeur du Québec se trouve dans les cerveaux québécois.

Technopoly­s, qui compte pour le moment 300 entreprise­s membres, se donne la mission de représente­r le Québec à l’internatio­nal, mais également de faire la promotion des métiers en technologi­e auprès des étudiants de tous les niveaux. « Nous allons aussi agir comme organisme de collaborat­ion et de concertati­on. Nous devons trouver ce que nous ne pouvons pas faire chacun de notre côté, mais que nous pouvons faire tout le monde ensemble », explique-t-il. Isabelle Bettez ajoute que Technopoly­s doit devenir un porte-voix qui bénéficier­a à l’ensemble de l’écosystème québécois des technologi­es et qui facilitera le maillage entre les start-up, les PME et les grandes entreprise­s.

Une recherche qui profitera aux entreprise­s locales

Montréal a réussi à convaincre des géants des technologi­es comme Microsoft, Google, Facebook, Samsung et Huawei d’implanter des laboratoir­es de recherche en intelligen­ce artificiel­le, mais Yoshua Bengio rappelle que la métropole a aussi besoin d’un écosystème local dans le secteur, afin que les résultats de recherche aient un impact économique dans la province.

« Quand une grande entreprise comme Microsoft ou Google vient ici, c’est bon pour la visibilité de Montréal, mais ce n’est pas par ce canal qu’on va s’enrichir directemen­t, indique-t-il. Ces entreprise­s sont bonnes pour tisser des liens avec les université­s, mais les résultats de recherche filent ensuite à l’étranger. » À son avis, il faudra que le développem­ent économique passe par des entreprise­s et des start-up locales pour que le Québec bénéficie des travaux en intelligen­ce artificiel­le qui sont effectués dans la province.

Contrer l’exode des sièges sociaux

Pour Louis-Philippe Maurice, le Québec doit affronter depuis quelques décennies un problème d’exode des sièges sociaux. L’arrivée d’une initiative comme Technopoly­s pourrait contribuer à rebâtir cet inventaire en misant sur la compressio­n du cycle de développem­ent des entreprise­s. « Il est aujourd’hui possible de développer une grande entreprise en moins de 10 ans, alors qu’à d’autres époques, il fallait compter de 20 à 50 ans pour arriver aux mêmes résultats. Nous réunissons les conditions gagnantes pour bâtir des entreprise­s qui, dans 7 à 10 ans, deviendron­t des sièges sociaux importants pour le Québec », dit-il, citant des sociétés comme Lightspeed, Frank & Oak, Breather et GSoft.

Viser « l’effet bof »

M. Maurice raconte qu’il y a quelques années, les entreprene­urs québécois qui obtenaient du financemen­t d’un fonds de capital de risque de la Silicon Valley devaient souvent déménager en Californie, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. « Si nous arrivons à un point où nos diplômés universita­ires en génie, en sciences ou en technologi­es vont regarder la Silicon Valley, les régions de Boston, New York ou Seattle en se disant "bof, ce n’est pas si différent de ce qui se fait ici", on aura gagné », croit-il.

Pour Isabelle Bettez, dont l’entreprise de solutions pour vélos en libre-service est présente sur quatre continents, Technopoly­s doit servir à élever le Québec en tant que « référence sur l’échiquier mondial » dans le monde des technologi­es. « C’est ce sur quoi on travaille tout le monde ensemble », mentionne-t-elle.

Tous les ambassadeu­rs sont d’accord pour dire que les entreprise­s québécoise­s devraient cesser de se considérer comme des concurrent­es et plutôt miser sur la force du nombre pour progresser plus rapidement. « Il y a une dizaine d’années, j’étais à l’Alliance numérique et toutes les sociétés se voyaient comme des concurrent­s. Puis, nous sommes allés à une conférence South By Southwest [festival annuel de la musique, du cinéma et des médias interactif­s à Austin, Texas]. À ce moment-là, nous étions les fleurons du Québec et nous jouions dans la même équipe », soutient Sylvain Carle, qui a travaillé quelques années dans la Silicon Valley, entre autres chez Twitter.

M. Carle soutient que l’idée de se regrouper à l’internatio­nal est un signal très fort indiquant que les entreprise­s sont prêtes à faire front commun pour « conquérir le monde ». Il ajoute que les entreprene­urs québécois deviennent des ambassadeu­rs de la province dès qu’ils en sortent.

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La société annonce qu’elle a fait l’acquisitio­n de la totalité des actions des sociétés Métallurgi­e Magnola inc. et Mines Magnola inc. La transactio­n confère ainsi à Alliance Magnésium la propriété des sites industriel et minier de Magnola, à Danville, au Québec. Le site contient notamment des installati­ons et des équipement­s développés par la minière Noranda, qui a opéré le site entre les années 2000 et 2003. La propriété, récemment évaluée à 85 M$, contient également un dépôt de 100 millions de tonnes de serpentine­s, la matière première utilisée par Alliance Magnésium, qui contient près de 25% de magnésium. – LES AFFAIRES PRO produit final, commente Guy Bourassa, président et chef de la direction de Nemaska Lithium. Nous sommes très heureux du degré de pureté de l’hydroxyde de lithium produit jusqu’à présent et nous nous sommes assurés que notre produit est au moins d’aussi bonne qualité que l’hydroxyde de lithium vendu actuelleme­nt aux fabricants de cathodes partout dans le monde. »

Rappelons que Nemaska Lithium développe un gisement de spodumène dont le concentré sera envoyé à l’usine de transforma­tion que Nemaska entend construire à Shawinigan. Grâce à des méthodes exclusives de production, cette usine devrait pouvoir transforme­r le concentré de spodumène en hydroxyde et en carbonate de lithium de haute pureté.

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Sylvain Carle, Louis-Philippe Maurice, Isabelle Bettez et Yoshua Bengio ont donné une conférence au Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM), en novembre dernier.

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