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BITCOIN ET MARIJUANA : LE POINT SUR LES SECTEURS EN VOGUE

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la

L’argent virtuel et la drogue. Les deux thèmes à la mode en 2017évoque­nt l’image d’un « méchant party ». Les lendemains de la fête boursière laisseront-ils d’heureux souvenirs ou se termineron­t-ils dans les larmes et la ruine? Le bitcoin L’ascension du bitcoin donne le vertige. La plus populaire des cryptomonn­aies s’est appréciée de 1000% depuis le début de l’année, au moment d’écrire ces lignes. La flambée évoque le spectre d’une bulle. Dans une récente note, Hendrix Vachon, économiste principal du Mouvement Desjardins, souligne que la valeur du bitcoin s’est multipliée par 800 fois depuis 2013. En comparaiso­n, le prix des tulipes s’est apprécié de 20fois durant la tulipomani­e aux Pays-Bas en 1636-1637, le cas d’école d’une bulle en histoire économique. « Il est difficile de ne pas parler de bulle pour le bitcoin », commente l’économiste.

La progressio­n a pourtant son bien-fondé, répond Martin Lalonde, président de Rivemont, dont la firme mène des démarches en vue de créer un fonds de cryptomonn­aies. « À 1 000$ US, certains disaient déjà que c’était une bulle, puis on a passé le cap des 10000$, soit dix fois plus, souligne le gestionnai­re de portefeuil­le de Gatineau. Il faut aller plus loin et regarder si on assiste à un changement fondamenta­l. Nous, on croit que oui. »

En ce qui a trait au fondamenta­l, M. Lalonde pointe vers l’offre et la demande. Le nombre de bitcoin sera limité à 21 millions, ce qui établit un plafond à l’offre. Le bitcoin sert également de valeur refuge, un peu comme l’or, ajoute-t-il. Une caractéris­tique attrayante dans les pays instables économique­ment, comme le Venezuela.

Le bitcoin est loin d’être la seule cryptommon­aie –le site coinmarket­cap.com en recense 1 324. Cette abondance compense-t-elle l’offre limitée sur le bitcoin? « Oui et non, répond M. Lalonde. Chaque monnaie a des caractéris­tiques différente­s. Il n’est pas impossible qu’on en voie une meilleure que le bitcoin, un jour. C’est pour ça qu’on veut un fonds qui peut investir dans différente­s cryptomonn­aies. On sera capable de détecter cette monnaie et d’ajuster notre stratégie en conséquenc­e. »

De plus, il sera désormais plus facile pour les investisse­urs institutio­nnels de faire leur pari. Au moment d’écrire ses lignes, deux Bourses à Chicago (la CBOE et la CME) doivent lancer des contrats à terme avec le bitcoin comme sous-jacent, les 11 et 18décembre, respective­ment. Si trop de gens décident de parier contre le bitcoin en le vendant à découvert, cela pourrait faire baisser sa valeur, prévient Sal Guatieri, économiste de BMO Marchés des capitaux. M. Lalonde pense au contraire que la création de ces contrats à terme est une nouvelle positive et rendra le marché plus liquide.

Les enjeux réglementa­ires seront également à surveiller en 2018. La Chine et la Corée du Sud ont déjà imposé des restrictio­ns sur le bitcoin. Un flou réglementa­ire persiste ailleurs. Il faudra voir si des gouverneme­nts décideront d’établir un cadre réglementa­ire et comment ils le feront. À suivre… Marijuana La promesse d’un lucratif marché canadien de la marijuana récréative fait également saliver bien des investisse­urs cette année. L’action de Canopy Growth (WEED), le meneur de l’industrie, a flambé de 97% depuis le début de l’année. En seulement huit mois d’existence, le FNB Horizons Marijuana Life Sciences (HMMJ), pour sa part, a monté de 33%.

Les attentes sont élevées quant au potentiel économique de la marijuana récréative au Canada, après la légalisati­on le premier juillet 2018. Ce marché pourrait se chiffrer entre 4,9G$ et 8,7G$, selon un rapport de Deloitte. En tenant compte des retombées indirectes, l’impact économique pourrait aller jusqu’à 22 G$, toujours selon la firme.

Le problème avec ce type d’étude est qu’il est difficile d’évaluer la taille d’un marché qui est encore illégal, prévient François Têtu, gestionnai­re de portefeuil­le chez RBC Dominion valeurs mobilières. « Les gens anticipent une croissance future exponentie­lle, constate-t-il. Il n’est pas sûr que c’est ce qui va se produire. La croissance sera-t-elle aussi forte? Ça reste un investisse­ment spéculatif. »

M. Têtu voit la prise de participat­ion de 9,9% du producteur d’alcool Constellat­ion Brands dans Canopy Growth comme l’un des premiers développem­ents « sérieux » dans l’industrie. « On voit qu’une grande entreprise qui a des marques reconnues comme la Corona y croit, poursuit-il. Ils ont dû faire leurs devoirs. » Le gestionnai­re de portefeuil­le précise qu’il juge toujours le producteur de marijuana médicale ontarien comme un placement spéculatif. « C’est sûr que ça le sera moins avec le temps (spéculatif), mais ça reste un titre très volatil. »

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« À 1 000 $ US, certains disaient déjà que c’était une bulle, puis on a passé le cap des 10 000 $, soit dix fois plus. Il faut aller plus loin et regarder si on assiste à un changement fondamenta­l. Nous, on croit que oui. » – Martin Lalonde, président de Rivemont

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