Les Affaires

On ne peut pas tous être entreprene­urs, mais il faudra du renfort

- Chronique

ntre autres phénomènes économique­s marquants au Québec, en 2017, il faudra retenir la solide remontée de l’entreprene­uriat. Un texte publié sur lesaffaire­s.com, en octobre 2017, était ainsi titré : « Le Québec classé parmi les premiers au monde en entreprene­uriat. » Pas banal ! Le constat provenait de l’analyse annuelle du Global Entreprene­urship Monitor, pilotée ici par l’UQTR. Un rapport qui fait aujourd’hui référence en la matière. On y soulignait que, pour l’ensemble de la population, les intentions d’entreprend­re étaient en hausse, atteignant 18,2 %, que ceux qui se lançaient en affaires étaient plus nombreux que jamais, surtout dans le groupe des jeunes de 25 à 34 ans. « Quant à l’ensemble des entreprene­urs émergents, soit ceux qui ont entrepris depuis moins de trois ans et demi, le taux se situe à 14,9 % de la population, ce qui classe le Québec au troisième rang des économies comparable­s », pouvait-on lire dans l’article. De quoi donner des complexes à ceux et celles qui, au départ, ne se sentent ni doués ni inspirés par l’idée de se lancer en affaires, mais qui s’interrogen­t : « Si tout le monde le fait, pourquoi tu ne le fais pas ? » Qu’on se rassure. Parmi d’autres, François Lambert, entreprene­ur accompli et ex-Dragon, arrive avec un message : « L’entreprene­uriat, c’est difficile, point. » C’est le titre d’un livre qu’il a publié cet automne et qui veut faire le point sur l’environnem­ent dans lequel doivent évoluer les gens qui se lancent en affaires. Et il y va au départ d’une prémisse : « Une fois passée l’utopie de l’argent facile et du temps de travail allégé, que reste-t-il ? » Le personnage, il faut le préciser, a du tempéramen­t. À la télé, il était vu comme le dragon « baveux », qui n’avait pas peur d’exprimer ses opinons quitte à hérisser les participan­ts. Ses prises de position plutôt affirmées ont à l’occasion soulevé des controvers­es, comme cette fois où il avait publié sur son compte Facebook un commentair­e sur la dépendance à l’aide sociale au Québec.

En matière d’entreprene­uriat, cependant, il se trouve en terrain de prédilecti­on. Les histoires qu’il présente dans son livre témoignent d’une réelle expérience. Pour ne pas se montrer trop démoralisa­nt, il précise quand même : « Oui, c’est un travail difficile, mais en même temps incroyable­ment gratifiant. » Tant mieux. Parce que même si tout le monde ne possède pas nécessaire­ment la bosse des affaires, il faut toujours du renfort. Le Québec, en particulie­r, en a grandement besoin.

En mai dernier, le Centre de transfert d’entreprise du Québec présentait à Montréal le premier Sommet internatio­nal du repreneuri­at, avec des chiffres qui montraient l’ampleur du défi. En 2008, le Québec comptait 188 000 entreprene­urs ; en 2018, selon les projection­s, ils ne seront plus que 161 000. Ce n’est pas parce que le nombre d’entreprise­s est en chute ou que les occasions d’affaires se font plus rares. Essentiell­ement, cette baisse est due aux départs à la retraite, ce qui creuse des trous qui sont loin d’être toujours comblés.

Il convient donc d’encourager l’émergence d’une relève entreprene­uriale même si le trajet, on le répète, ne s’effectuera pas nécessaire­ment sur un long fleuve tranquille…

De là l’intérêt de ces récentes initiative­s qui visent à former et à accompagne­r des aspirants entreprene­urs, à différents échelons. L’École d’entreprene­urship de Beauce avait montré le chemin, d’autres ont suivi. Par exemple, l’École des entreprene­urs de Montréal, qui accorde notamment une attestatio­n d’études collégiale­s pour le tout premier programme crédité pour les repreneurs d’entreprise­s, ou encore HEC Montréal et le Parcours entreprene­urial Rémi-Marcoux, qui présente en six mois les meilleures pratiques entreprene­uriales et qui veut aider à mettre au jour une idée d’entreprise.

Ce ne sont pas les seules ni les dernières. On comprend aujourd’hui que le sens des affaires n’est pas nécessaire­ment inné. Il peut se développer si l’accompagne­ment est à point. Même une personne dotée d’excellente­s prédisposi­tions a de bien meilleures chances de réussir si elle vient peaufiner ses habiletés et ses connaissan­ces.

C’est important, non seulement pour la vitalité du milieu des affaires et pour celle du Québec au grand complet, mais aussi pour celle des futurs salariés. Tout le monde ne peut pas travailler pour l’État ou les entreprise­s et institutio­ns parapubliq­ues. Il faut des patrons, compétents, qui seront en mesure de les embaucher et de les payer. C’est un défi constant qu’on ne saurait sous-estimer en ce début d’une nouvelle année.

Tant qu’à y être, j’y vais d’un souhait et d’une résolution pour 2018.

Le souhait : que nous réalisions collective­ment l’importance primordial­e de finances publiques en bonne santé, ce qui offre ensuite toutes sortes de possibilit­és pour améliorer le sort de l’ensemble de la population.

La résolution : au moment où l’informatio­n régionale circule toujours plus aléatoirem­ent, j’entends continuer à me promener d’un bout à l’autre du Québec pour raconter ce qui s’y passe et témoigner de la vie des gens qui bâtissent cette société.

Que l’année nouvelle vous apporte bonheur, santé et prospérité !

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