Les Affaires

Les 10 commandeme­nts

Meubles Léon Fiera Capital

- De patience, tu feras preuve

a y est, nous y sommes de nouveau. La période des REER est en marche. Dans quoi devrait-on investir son pécule?

La question revient immanquabl­ement chaque année, dans notre entourage. Particuliè­rement ces jours-ci alors que la bonne performanc­e des Bourses dans les derniers mois semble avoir attiré encore plus de monde.

On est retourné à quelques-unes des règles que l’on s’est données depuis nos premiers pas en investisse­ment. Certaines dont on vous a déjà parlé, mais qui valent d’être rappelées, d’autres, inédites.

Du bitcoin, tu te méfieras

Difficile de parler du bitcoin sans penser à la bulle Internet du début des années 2000. L’effervesce­nce était la même.

Mieux vaut faire preuve de prudence. À nos yeux, le bitcoin n’est pas une monnaie et ne pourra jamais le devenir. Une masse monétaire doit pouvoir être ajustée. Vous n’avez pas cette possibilit­é avec le bitcoin. Il y aura un jour un nombre d’unités limitées, que l’on pourra apparemmen­t fractionne­r, mais il n’y aura pas d’autorité (banque centrale) pour procéder aux ajustement­s de volumes nécessaire­s.

Le bitcoin est plutôt un actif, mais un actif qui n’a pas de sous-jacent. On peut évaluer une société à partir des bénéfices qu’elle génère ; une monnaie, ultimement, à partir du PIB d’un pays. Il n’y a rien de cela ici. Un simple jeu d’offre et de demande. Quand quelque chose est « in », la demande augmente, quand la chose devient « out », la demande chute.

Le bitcoin est mieux qu’un billet de loterie, en ce qu’on ne risque pas de tout perdre. Là s’arrête cependant son avantage.

Du tuyau, aussi…

« Surveille bien la grosse nouvelle qui sortira lundi. Je vais être riche, c’est sûr. J’ai parlé au président et j’ai tout misé là-dessus. Je suis même allé sur marge », nous dit un jour un ami, croisé au cinéma. Le lundi : rien. Ou plutôt, si : effondreme­nt.

Les seules qui ont pu s’enrichir sont les sociétés de spaghetti, mets sur lequel l’ami a été condamné à se rabattre pendant plusieurs années, histoire de redresser sa situation financière. Les petits investisse­urs n’ont jamais de tuyaux.

Pour la clôture, tu ne t’élanceras pas

Notre premier placement boursier fut un véritable coup de circuit. Un rendement de 75% en… deux jours.

Ce fut aussi notre première erreur. Le coup de circuit a donné le goût des élans de clôture et a été suivi d’une série de retraits au bâton chez quelques juniors. Mieux vaut viser le simple que la longue balle.

Tu penseras par toi-même

Trop d’investisse­urs suivent le troupeau et se laissent influencer. Ou, inversemen­t, font systématiq­uement le contraire de ce que fait le troupeau.

Ce n’est pas parce qu’un grand nombre croit quelque chose que cette chose se produira. Ce n’est pas non plus parce qu’un petit nombre croit l’inverse que le contraire se produira. Il faut apprendre à penser par soi-même, à partir de sa propre enquête et tirer ses propres conclusion­s. C’est un enseigneme­nt de Buffett qui nous a beaucoup servi dans la vie, pas seulement en Bourse.

Aucune question, tu n’esquiveras

La biotech Oralife avait mis au point un produit révolution­naire pour réduire la carie dentaire. Les assureurs collectifs allaient sûrement s’y intéresser. C’était toutefois un antibiotiq­ue. Les assurés voudraient-ils le prendre ? « Personne ne pose la question, ce doit être secondaire. Embarquons. » Deux ans plus tard, la firme était en liquidatio­n.

Malgré le potentiel apparent d’une entreprise, il ne faut pas avoir peur de sonder ses faiblesses.

Le produit à la mode, tu éviteras

La marque Tommy Hilfiger fut une grande réussite, tout comme les sandales Crocs. Malheureus­ement, le succès boursier fut assez éphémère. On ne sait jamais quand une mode tombera. De plus, généraleme­nt, les marchés sont très mauvais pour anticiper le change- ment d’humeur du consommate­ur. Le titre d’Under Armour est un exemple récent. À plus de 50 $ US à l’automne 2015, il ne vaut guère plus aujourd’hui que 16 $ US.

À l’avantage difficilem­ent imitable, tu t’attarderas

De forts rendements ont été réalisés grâce à des produits ou des concepts ayant des qualités propres et qui sont difficilem­ent imitables. Couche-Tard et Dollarama ont par exemple développé des concepts qui ont traversé bien des récessions en continuant de créer de la valeur. Même chose pour Google et Facebook. Attention toutefois au huitième commandeme­nt.

Trop cher, tu refuseras de payer

Au début des années 2000, acheter Coca-Cola à 36 fois le bénéfice n’était pas une bonne idée. L’entreprise avait tout ce qu’il fallait pour faire grimper son bénéfice. Et il a augmenté. Mais le multiple d’évaluation a plutôt évolué en se compressan­t chaque année, tandis que l’entreprise se rapprochai­t de la maturité et que le marché décidait de payer de moins en moins cher les bénéfices futurs. Bien qu’il faille faire attention au huitième commandeme­nt, il arrivera souvent que des sociétés qui offrent des avantages intéressan­ts soient chèrement évaluées en escomptant les bénéfices 2 ou 3 ans à l’avance. Ce n’est pas 10 ans à l’avance. Si l’on croit au potentiel de croissance des bénéfices d’une société sur 5 ou 10 ans, ne pas acheter est une erreur. On laissera échapper de solides rendements à long terme parce qu’on manque de patience.

Aux performanc­es passées, tu t’attarderas peu

Les rendements passés obtenus, par les fonds d’investisse­ment notamment, ne sont pas une garantie pour l’avenir. Il nous fut un jour donné d’investir dans un fonds qui faisait flèche de tout bois et disait s’appuyer sur les préceptes de Warren Buffett. On constata plus tard que sa performanc­e n’était en fait due qu’à un rendement exceptionn­el des banques dans les trois années précédente­s. Un rendement dopé par les projets de fusion qui avaient émergé. Lorsque tout dégonfla, le rendement fit de même, et personne ne parla plus de Warren Buffett.

Avec 55 % de son bénéfice d’exploitati­on généré aux États-Unis, le transforma­teur de lait bénéficier­a de la baisse des impôts au sud de la frontière. Keith Howlett, de Desjardins Marché des capitaux, évalue que sa facture d’impôts diminuera d’environ 4 %. Ses prévisions de bénéfices passent de 2,23 $ à 2,35 $ par action pour 2019. Il recommande de nouveau l’achat du titre parce que son nouveau cours cible de 49 $ gonfle le gain potentiel au-dessus de 10 %. Le fournisseu­r de logiciels spécialisé­s a bouclé 55 acquisitio­ns pour 309 millions de dollars en 2017, soit 76 % de plus qu’un an plus tôt et un record depuis 2013. Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux, en conclut que sa stratégie de consolidat­ion est en bonne forme. L’achat de petits acteurs est plus rentable et préserve l’ajout de créneaux chers à l’acquéreur en série. L’analyste réitère donc sa recommanda­tion d’achat. Son cours cible de 850 $ offre un gain potentiel d’encore 12 %. Manuvie dévalue ses actifs fiscaux en raison de la réforme américaine des impôts et y ajoute une charge d’un milliard de dollars pour la vente de placements alternatif­s. La réforme ampute 7 % à sa valeur comptable, mais ajoutera 250 millions de dollars aux bénéfices annuels. Sumit Malhotra, de Banque Scotia, croit que les investisse­urs redonneron­t éventuelle­ment plus de valeur aux bénéfices moins volatils et à l’allègement du capital réglementa­ire. Son cours cible de 32 $ offre un gain potentiel de 23 %. Dans l’univers numérique en mutation, Disney reste l’un des choix les plus prudents des médias en raison de la haute qualité de son contenu, de ses flux de trésorerie solides et de sa gestion. L’achat de Fox diversifie­ra davantage ses revenus et devrait ajouter 15 % aux bénéfices, estime Steven Cahall, de RBC Marchés des capitaux. L’analyste hausse de 125 $ US à 135 $ US son cours cible. Comme pour les géants Wal-Mart et McDonald’s, la transforma­tion de Disney mènera à une réévaluati­on à la hausse malgré la concurrenc­e féroce, prévoit-il.

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