Les Affaires

La réputation des avocats s’améliore... peut-être

- Dossier Simon Lord redactionl­esaffaires@tc.tc

« Quelle est la seule chose que les avocats n’ont pas volée ? Leur réputation ! » Les avocats sont la cible de plaisanter­ies depuis belle lurette. Will Rogers, un humoriste américain né en 1879, disait : « Faites que le crime paie... devenez avocat. » Au Québec, en 1939, La Bolduc chantait, pour sa part, sa chanson des avocats : « Ça fait deux ans passés qu’mon procès a commencé, si ça continue comme ça, ça va aller tout aux avocats. » La profession pourrait toutefois bientôt ne plus prêter autant aux boutades. La réputation des avocats semble s’être redorée. En 2011, seulement 30 % de la population faisait confiance aux avocats, selon le Baromètre des profession­s de Léger. En 2016, cependant, cette proportion grimpait à 52%.

La raison de cette hausse est difficile à cerner. Éloïse Gratton, associée au sein de Borden Ladner Gervais et récipienda­ire cette année de la distinctio­n Avocat émérite remise par le Barreau du Québec, observe dans sa pratique qu’à l’interne, les grandes entreprise­s ont plus d’expertise légale que jamais. Selon elle, en droit des affaires du moins, cela pourrait forcer les avocats à offrir des services à plus grande valeur ajoutée et pousser la qualité de service vers le haut. D’où une confiance plus élevée.

Pierre Noreau, professeur à l’Université de Montréal spécialisé en opinion publique et en sociologie du droit, croit plutôt que la hausse observée dans l’enquête pourrait être liée à... un problème méthodolog­ique. « Dans les milieux universita­ires, on ne reconnaît pas le caractère représenta­tif des échantillo­ns de sondages menés sur Internet, comme celui-là, dit-il. On voit, par exemple, dans le sondage, que la variation de la confiance augmente d’à peu près autant pour les avocats que pour plusieurs autres profession­s. »

Peut-être, donc, que les échantillo­ns plus récents sont simplement plus favorables à toutes les profession­s. Cette perception – que les services juridiques sont coûteux – a néanmoins peu changé. Selon une enquête d’INFRAS réalisée l’an dernier pour le ministère de la Justice, 69% des Québécois croient qu’ils n’auraient pas les moyens financiers de défendre et de faire valoir leurs droits devant les tribunaux, notamment à cause des honoraires des avocats, qu’ils ne pourraient pas se permettre de débourser.

« Je crois que le côté mal-aimé de la profession vient du fait que les avocats sont là quand ça va mal: crime, problèmes, divorces. Oui, c’est parfois coûteux. Je crois cependant que cette perception parfois négative n’est pas justifiée, dit Éloïse Gratton. Si la profession n’amenait pas de valeur ajoutée, le téléphone arrêterait de sonner. »

Les avocats comptent d’ailleurs parmi eux des personnali­tés illustres comme Barack Obama ou, plus près de nous, Louise Arbour. Pas surprenant, donc, que malgré tout, 76% des gens sondés par Léger encourager­aient un jeune à faire carrière dans la profession.

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