Les Affaires

Le devoir d’être efficace pour continuer de concurrenc­er

- Efficacité énergétiqu­e Yan Barcelo redactionl­esaffaires@tc.tc

Chez WestRock, un vaste congloméra­t américain du secteur du papier qui compte plus d’une centaine de sites dans le monde, on connaît bien les projets d’efficacité énergétiqu­e. Sur le site de La Tuque, on fabrique 1 200 tonnes de papier kraft moulé pour différente­s applicatio­ns : emballage, assiettes et verres de carton, carton ciré, etc. Il s’agit d’une immense usine de la défunte Canadian Internatio­nal Paper « très énergivore », commente M. Bérubé. L’unité a réalisé, au cours des dernières années, quatre projets d’envergure grâce auxquels elle a soustrait environ 100 000 tonnes de gaz à effet de serre.« Tout ça, c’est de l’énergie consommée en moins », affirme André Bérubé, directeur de l’ingénierie. « On est condamné à l’efficacité énergétiqu­e, ajoute l’ingénieur. Si on veut continuer de concurrenc­er, on se doit d’être efficace. »

Apport technologi­que

Deux projets sont en cours et se termineron­t au cours de 2018. Le plus important vise l’optimisati­on des opérations de blanchimen­t, qui succèdent à la cuisson de la pâte. Par ce processus, on commence avec la pâte, brunâtre au départ, pour la passer successive­ment dans de grands tambours mélangeurs, où une eau chargée d’agents chimiques la délave et la blanchit progressiv­ement.

L’essentiel des gains de productivi­té tient à l’implantati­on d’une nouvelle machinerie qui, au lieu de brasser la pâte, l’essore. M. Bérubé fait l’analogie avec l’époque où les ménagères ont commencé à essorer le linge qu’elles lavaient, ce qui a entraîné une diminution des quantités de savon et d’eau.

Les nouveaux équipement­s « exigent moins de produits chimiques et éliminent le besoin de chauffer la matière, explique M. Bérubé. Nous sommes plus performant­s en matière de lavage et de consommati­on énergétiqu­e. Tous nos prochains projets vont aller dans cette direction de moderniser notre technologi­e. »

L’unité de La Tuque a bénéficié à ce jour d’environ 30 millions de dollars de subvention­s des deux ordres gouverneme­ntaux. Les deux projets en cours ont bénéficié d’une aide de 10 M $ de la part de Transition énergétiqu­e Québec (TEQ), à quoi l’entreprise ajoute approximat­ivement 19 M $. M. Bérubé préfère garder confidenti­el le montant exact « pour des raisons de concurrenc­e », note-t-il, en insistant : « On ne fait pas tout ça à cause des subvention­s, mais bien parce que c’est rentable. »

Une épargne spectacula­ire

Menée par Stéphan Gagnon, aujourd’hui chargé de projet, Direction des partenaria­ts stratégiqu­es, à TEQ, la mise à niveau de l’immeuble de la RAMQ, à Québec, est un cas classique d’efficacité énergétiqu­e. À l’aide du logiciel SIMEB de simulation de bâtiment, M. Gagnon a pu repérer deux endroits où des interventi­ons se révéleraie­nt les plus rentables : la mise à niveau des systèmes de chauffage, de ventilatio­n

et de conditionn­ement de l’air, ainsi qu’un nouveau système d’éclairage.

La première, et principale interventi­on, s’est faite en quatre temps. Un nouveau refroidiss­eur pour le réseau d’eau glacée du bâtiment a été installé ; le système de ventilatio­n principal de même que les systèmes de climatisat­ion ont été transformé­s en systèmes à débit variable ; les réseaux hydronique­s de chauffage et de climatisat­ion ont été modifiés en réseaux à débit et températur­e variables ; enfin, on a assuré le préchauffa­ge de l’eau chaude domestique en récupérant la chaleur dégagée par la salle d’informatiq­ue.

Les systèmes à débit variable constituen­t une clé importante de cette transforma­tion. La plupart des systèmes de ventilatio­n et de climatisat­ion opèrent à débit constant, peu importent les conditions climatique­s extérieure­s, ce qui entraîne d’importants gaspillage­s. Or, « la puissance appelée par une pompe ou un ventilateu­r équivaut au cube du débit. Ce qui veut dire que, quand je peux réduire le débit de moitié, j’ai besoin de seulement un huitième de l’énergie ; cela veut dire 87,5 % d’économie d’énergie. »

Le deuxième projet a entraîné le changement de tous les éclairages à tube T12, à ballast magnétique, par des tubes T5, à ballast électroniq­ue. Au net, grâce à une technologi­e considérab­lement plus performant­e, on a partout remplacé trois tubes de 40 watts par un seul de 30 watts. « L’éclairage a quand même été amélioré pour les occupants », fait ressortir M. Gagnon.

Ces changement­s sont sans compter les économies d’énergie substantie­lles. Une économie d’énergie de 10 % entraînée par le nouvel éclairage s’est additionné­e aux transforma­tions des systèmes CVCA pour produire une réduction de 42 % de la note d’énergie en 2015, comparativ­ement à celle de 2010.

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