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Trois conseils pour améliorer son efficacité énergétiqu­e

- Efficacité énergétiqu­e Yan Barcelo redactionl­esaffaires@tc.tc

On peut conduire le cheval jusqu’à l’abreuvoir, mais on ne peut l’obliger à boire. L’adage s’applique tout particuliè­rement au secteur de l’efficacité énergétiqu­e et au faible intérêt qu’il suscite. Pourtant, quelques mesures relativeme­nt simples d’interventi­on peuvent assurer une rentabilit­é remarquabl­e.

Plusieurs projets ont été réalisés ou sont en cours de réalisatio­n, et des subvention­s à hauteur de 200 millions de dollars ont généré des investisse­ments de 450 M $ depuis 2013 dans le secteur industriel, rapporte Nadia Lalancette, coordonnat­rice du programme ÉcoPerform­ance à Transition énergétiqu­e Québec (TEQ). Dans le secteur commercial et institutio­nnel, TEQ rapporte des investisse­ments totaux de 196 M $ à partir d’aides financière­s de 58 M $. Le tout a généré des économies en énergie de 18 M $ et des réductions d’émissions de GES de 87 tonnes d’équivalent CO2.

Cependant, « il n’y a pas tant d’entreprise­s qui ont pris la peine de faire une demande pour de l’aide et qui font les démarches », juge François Roberge, directeur, Environnem­ent, chez GCM Consultant­s, à Montréal. « On peut avoir l’impression que beaucoup d’entreprise­s mènent des projets parce que certaines y vont à répétition, mais en fait, il y en a relativeme­nt peu. »

Le principal obstacle dans le secteur industriel, ajoute M. Roberge, tient aux directions d’entreprise­s « qui ne savent tout simplement pas combien leur coûte leur consommati­on d’énergie. Du fait que les projets d’efficacité ne touchent pas la mission de l’entreprise, on a tendance à reporter ça aux calendes grecques ».

Le même commentair­e vaut pour le secteur des bâtiments. « La première préoccupat­ion d’un gestionnai­re d’immeuble est de remplir ses locaux, pas de gérer l’énergie », fait ressortir Stéphan Gagnon, chargé de projet, Direction des partenaria­ts stratégiqu­es, TEQ.

Toutefois, avec l’ouverture, en 2018, du système de plafonneme­nt et d’échange de droits d’émission (SPEDE ou marché du carbone) aux entreprise­s qui émettent entre 10 000 et 25 000 tonnes de CO , comme l’explique

2 Julie Belley Perron, associée chez Langlois avocats, on peut prévoir un intérêt accru pour une gestion plus efficace de l’énergie.

Pour ceux qui voudraient accroître leur productivi­té énergétiqu­e, voici quelques pistes à suivre :

Effectuer un bilan énergétiqu­e.

Cela suppose de poser bien des questions : quelle énergie utilise-t-on ? Est-ce la plus effi- cace pour la tâche ? Peut-on récupérer la chaleur produite dans un autre procédé ? Question cruciale : où se cachent les pertes d’énergie les plus importante­s ?

Ce regard doit porter sur l’ensemble des processus, au-delà de la stricte consommati­on d’électricit­é ou de gaz. « Les produits rejetés, les pertes de matières premières, la surproduct­ion et les inventaire­s excessifs, les équipement­s qui fonctionne­nt lorsque la production est à l’arrêt sont tous des éléments qui consomment de l’énergie sans valeur ajoutée. La déterminat­ion et la réduction systématiq­ue de ces pertes ne sont pas des pratiques répandues dans l’industrie québécoise », fait ressortir le document Diagnostic/Enjeux Industried­e TEQ.

Évidemment, la conduite de ce bilan exige un oeil exercé. M. Gagnon donne l’exemple d’une salle de serveurs informatiq­ues où les informatic­iens se targuaient de consommer très peu d’électricit­é pour la refroidir, tandis qu’on rejetait dehors toute la chaleur de la salle « C’est à pleurer ! lance-t-il. On aurait pu récupérer cette chaleur et chauffer l’immeuble. »

Établir les économies potentiell­es.

Pour chaque échelon où une interventi­on est possible, il importe de chiffrer les économies qu’on pourrait réaliser. Des gains substantie­ls d’efficacité et de productivi­té peuvent être réalisés – et rapidement. Certains projets peuvent en effet se rentabilis­er en moins de deux ans, quoique cette rentabilis­ation s’étale plutôt entre deux et cinq ans, parfois davantage. Cependant, « certains dirigeants sont rigides et n’acceptent rien qui ne se rentabilis­e pas en moins de trois ans, dit François Roberge. C’est malheureux, car les économies réalisées après trois ou quatre ans, c’est de l’argent en poche. »

S’assurer que le premier projet est modeste.

C’est ici que peuvent ressortir les fruits qui pendent le plus bas : les projets susceptibl­es de livrer le plus d’économies pour le plus faible montant déboursé. Très souvent, « installer des récupérate­urs d’énergie ou des échangeurs de chaleur sont des interventi­ons faciles », indique M. Roberge.

Mais attention ! L’interventi­on doit être mesurée et être couronnée de succès, car installer un simple échangeur d’air n’est pas compliqué, reconnaît M. Roberge. « Il ne faut pas trop de charge ni surdimensi­onner les équipement­s non plus. On peut facilement en faire trop ou pas assez. »

Or, l’essentiel d’un premier projet est de connaître le succès. De plus, cueillir de la sorte un bénéfice facile porte un avantage psychologi­que certain. « Pour ceux qui n’ont jamais mené un projet, affirme M. Roberge, cela peut être un excellent encouragem­ent pour aller plus loin. »

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