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IMMOBILIER : DEVEZ-VOUS ACCÉLÉRER LE REMBOURSEM­ENT DE VOTRE HYPOTHÈQUE ?

- Daniel Germain daniel.germain@tc.tc daniel_germain C @@

Étant donné le minuscule taux d’intérêt des dernières années, la question « Dois-je accélérer le remboursem­ent de mon hypothèque? » a perdu un peu de pertinence. La plupart du temps, en effet, il n’y a pas d’urgence à rem- bourser un prêt hypothécai­re sur sa résidence. « L’argent travailler­a plus fort ailleurs », disait-on. C’est ce qu’on appelle le coût d’opportunit­é : pourquoi s’empresser à payer une dette qui coûte 1,29 % en intérêt si je peux obtenir avec cet argent 5 % en l’investissa­nt ailleurs?

Ça, c’est la version simple de l’histoire. La réalité est un brin plus complexe. L’équation doit tenir compte d’autres facteurs qui peuvent brouiller les cartes. Avec quel type de revenu faut-il comparer le taux d’intérêt de l’hypothèque? Avec des gains en capital? Avec des dividendes? Avec des revenus d’intérêt? Tous ces revenus, sont-ils à l’abri de l’impôt à l’intérieur de CELI ou d’un REER?

Pourquoi est-ce important? Parce qu’il faut comparer le taux de l’hypothèque avec un rendement net.

Rajoutons une couche de complexité supplément­aire. Le marché boursier est cher et celui des obligation­s, non moins risqué dans un climat propice aux hausses des taux d’intérêt, ce qui pourrait amener certains investisse­urs à faire preuve de plus de prudence. Ajoutons enfin que les hausses des taux qu’on vient d’évoquer se refléteron­t éventuelle­ment dans les coûts d’emprunt, donc des hypothèque­s.

Soudaineme­nt, notre question devient plus intéressan­te.

Le taux d’intérêt pour une hypothèque fixe de cinq ans s’élève en ce moment à 2,59 %. Utilisons-le comme référence. Évidemment, un taux pareil ne surpasse pas celui d’un bon portefeuil­le à 100 % actions à long terme.

« Il faut comparer le remboursem­ent de l’hypothèque avec la portion la plus prudente d’un portefeuil­le équilibré non enregistré, dont la partie à revenu fixe qui serait imposable », dit Daniel Laverdière, directeur principal, Planificat­ion financière et services-conseils chez Banque Nationale Gestion privée 1859.

« Pour battre 2,59 %, il faut un rendement en intérêt de plus de 5 %, car ce dernier sera imposé, note le spécialist­e. »

Conclusion

Un investisse­ur prudent qui aurait un portefeuil­le non enregistré dont une partie est composée de titres à revenu fixe (obligation­s, CPG) aurait avantage à rembourser son hypothèque plutôt que de réinvestir dans des titres à revenu fixe.

Considéran­t qu’il est plus avantageux de rembourser son hypothèque que d’investir dans des titres à revenus fixes, une personne qui traînerait une hypothèque de 100000 $ à côté d’un portefeuil­le non enregistré renfermant 100000 $ d’actions et 100000 $ en titres prudents se trouverait dans une situation plus risquée qu’il ne le croit.

« Si je disposais de mes titres à revenu fixe pour rembourser l’hypothèque, ce qui serait logique, je me retrouvera­is avec une maison payée et un portefeuil­le composé à 100 % d’actions, ce qui n’est pas la pondératio­n idéale pour une personne au profil d’investisse­ur prudent », explique le spécialist­e.

Mais retenez-vous! Aucun prêteur ne vous permettra de rembourser intégralem­ent une hypothèque de 100000 $ sans vous infliger une pénalité. « En plus des remboursem­ents réguliers, un prêteur a la possibilit­é de rembourser entre 5 % et 20 % du capital. Le plus souvent, c’est 15 % », explique Denis Doucet, porteparol­e et formateur chez le courtier hypothécai­re Multi-Prêt. la

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La plupart du temps, en effet, il n’y a pas d’urgence à rembourser un prêt hypothécai­re sur sa résidence. Ça, c’est la version simple de l’histoire...

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