Les Affaires

S’exiler pour faire son MBA

- Nathalie Vallerand redactionl­esaffaires@tc.tc en France diplômée de l’INSEAD,

Il faut être déterminé pour se lancer dans un MBA. Certains audacieux poussent encore plus loin en quittant leur emploi et en vidant leur compte de banque pour étudier à l’étranger.

Comme Josée Carignan, 28 ans, et François Savage-Fournier, 35 ans, respective­ment diplômés de l’INSEAD, en France, et de l’Université de Hong Kong–London Business School. Après avoir travaillé pour Exportatio­n et développem­ent Canada, MmeCarigna­n voyait le MBA comme un moyen de prendre de l’expérience à l’internatio­nal et d’accélérer sa carrière.

De son côté, M. Savage-Fournier, alors directeur principal à la Banque de développem­ent du Canada, voulait se réorienter vers le conseil en management. Il souhaitait aussi s’exposer à un environnem­ent d’affaires différent et se bâtir un réseau à l’internatio­nal. « Comme je tenais à sortir de ma zone de confort, j’ai décidé de faire mon MBA en Asie », dit-il. Mais dans quelle école? Les deux ont épluché les grands classement­s des programmes de MBA. « J’ai choisi celui de l’Université de Hong Kong parce que The Economist le classe premier en Asie depuis huit ans, mais surtout pour son partenaria­t avec la London Business School, explique M. Savage-Fournier. J’ai pu ainsi étudier neuf mois à Hong Kong et huit à Londres et obtenir un double diplôme. » En plus d’occuper le premier rang du classement duFinancia­l Times, l’« INSEAD est l’école la plus internatio­nale, affichant une moyenne de 90 nationalit­és par cohorte et des campus en France, à Singapour et à Abu Dhabi, indique pour sa part Mme Carignan. J’aimais aussi le fait que la connaissan­ce d’une troisième langue est exigée pour obtenir le diplôme. » Bain multicultu­rel En matière de diversité culturelle, les deux diplômés n’ont pas été déçus. « Faire des travaux d’équipe avec des Japonais, des Chinois, des Indiens, des Argentins, des Canadiens, c’est à la fois motivant et compliqué, constate M. Savage-Fournier. Il y a la barrière de la langue, car tous n’ont pas le même niveau d’anglais, et il y a les différence­s culturelle­s. Si, en Amérique du Nord, chacun fait sa part du travail pour atteindre un résultat, dans d’autres cultures, il faut négocier davantage. La perception du temps n’est pas la même non plus. J’ai beaucoup amélioré ma capacité d’adaptation culturelle. »

À ce contexte s’ajoute une charge de travail énorme. Le MBA d’INSEAD est condensé sur dix mois, à raison de six cours par période de deux mois. « J’étudiais presque sept jours par semaine, raconte Mme Carignan, qui a suivi le programme au campus de Fontainebl­eau, près de Paris. Dans un cours sur la restructur­ation d’entreprise­s en difficulté, je recevais même des appels la nuit pour simuler des urgences. »

Les activités connexes sont aussi très prenantes, note celle dont le conjoint a décidé de l’accompagne­r en France. « J’ai assisté à des conférence­s, visité des start-up à Berlin, participé à un comité pour stimuler les candidatur­es féminines au MBA. Ça demande vraiment beaucoup de temps. » Pour cette même raison, M. Savage-Fournier a préféré vivre l’expérience sans son amoureuse. « J’ai une conjointe extraordin­aire qui m’a permis de me concentrer sur mes études. » Une chance que Skype existe, toutefois! Investir dans sa carrière Le MBA de l’Université de Hong Kong coûte 552000 dollars de Hong Kong (environ 91000$) et celui de l’INSEAD, 82000 euros (environ 124000$). Sans compter le logement et les autres frais de subsistanc­e.

M. Savage-Fournier a obtenu une bourse de l’Université, qui a couvert environ 20% des frais de scolarité. Il a financé le reste avec ses économies personnell­es et une marge de crédit. Tous frais inclus, il estime son MBA à 180000$. Quant à Mme Carignan, elle a décroché deux bourses : 15000 € du fonds des diplômés de l’INSEAD, destiné aux femmes, et 6 000$ de Desjardins. Elle a payé le reste avec ses économies, un prêt étudiant du Québec et un emprunt bancaire.

Avec des montants pareils, il est évident que les diplômés espèrent un rendement de l’investisse­ment, tant sur le plan financier qu’en matière de défis profession­nels. « On fait un MBA à l’étranger pour être meilleur, pas plus riche », souligne toutefois M. Fournier qui a terminé le sien en novembre 2016. Selon lui, il faut de trois à cinq ans pour mesurer les retombées de ce diplôme. Néanmoins, il a déjà atteint son objectif de faire de la consultati­on en management, lui qui travaille pour une grande firme comptable.

Diplômée en 2015, Mme Carignan est aujourd’hui responsabl­e de la stratégie et du développem­ent des affaires chez Exonetik, une jeune pousse de Sherbrooke en haute technologi­e. Elle est convaincue que les compétence­s en gestion d’équipe et de la diversité acquises lors de son MBA la propulsero­nt plus rapidement vers un poste de haut niveau.

la

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada