Les Affaires

Trois conseils pour bien préparer sa rencontre avec un investisse­ur

- – Marie Lyan

Chef d’entreprise, savez-vous réellement ce qui se passe dans la tête des investisse­urs que vous allez rencontrer pour solliciter un financemen­t? Quelles sont les attentes des financiers, mais aussi les erreurs à ne pas commettre lors d’un pitch? Quelques investisse­urs vous dévoilent les règles du jeu.

Le savoirêtre avant le savoir-faire

De deux à cinq minutes. « C’est le temps moyen qu’un investisse­ur mettra pour déterminer s’il pourra travailler avec l’entreprene­ur en face de lui », selon François Gilbert, présidentd­irecteur général d’Anges Québec. Ce dernier rappelle ainsi une donnée clé : avant de penser à son plan d’affaires, il faut d’abord songer à son attitude. Car au rang des premières qualités recherchée­s par celui qui pourrait devenir votre futur partenaire d’affaires, figurent notamment l’écoute, l’éthique, le sérieux et le respect de ses interlocut­eurs. « Le plus souvent, un investisse­ur recherche un entreprene­ur qui sera aussi un bon opérateur pour l’entreprise, car son objectif reste d’avoir un rendement sur le capital investi », résume Éric Grondin, associé audit et certificat­ion chez Deloitte Québec. Il va chercher à savoir qui est la personne en face de lui, ce qu’elle souhaite, où elle va, quel est son plan ainsi que l’équipe qui pourra le suppléer en cas de problème… « Il faut donc être capable de se vendre soi-même avant de vendre le projet. »

Affichez vos plans B et C

M. Gilbert rappelle qu’une bonne préparatio­n fera la différence. « Certains entreprene­urs ne sont pas préparés à ce que les investisse­urs puissent leur poser, dès la première rencontre, une série de questions précises. Or, c’est à ce moment-là qu’il faut avoir les informatio­ns en main pour convaincre. »

À ce sujet, les écueils ne manquent pas : « Les entreprene­urs sont souvent trop optimistes et essayent de vendre des réalisatio­ns qui ne sont pas encore produites », mets en garde Frédéric Bouchard, associé en Transactio­ns chez PwC.

Passer sous silence les risques est également une attitude à proscrire. « Au contraire, un banquier veut savoir quels sont les risques et quel est le plan de l’entreprene­ur pour les gérer », souligne Robert Bastien, vice-président des services aux entreprise­s du Mouvement Desjardins.

« Les entreprene­urs doivent avoir envisagé plusieurs scénarios et être en mesure de les détailler, avec un financemen­t qui s’adapte à chaque cas », abonde Étienne Drouin, directeur général en capital de croissance et transfert d’entreprise à la Banque de Développem­ent du Canada.

Ne brûlez pas les étapes

Si cette phase d’approche se révèle essentiell­e pour la poursuite des échanges, elle n’est qu’un préalable à d’autres rencontres où la stratégie et les besoins en financemen­t seront passés au crible. « Il faut compter en moyenne de huit à dix mois pour terminer une ronde », rappelle M. Gilbert. Aussi, vouloir aller trop vite en raison d’un manque de liquidités, par exemple, peut tout simplement faire achopper les négociatio­ns et « saborder la confiance de l’investisse­ur », note M. Grondin.

Le moment propice pour aller à la rencontre de ses cibles, ainsi que le choix des interlocut­eurs peut aussi se révéler crucial. « C’est lorsqu’on fait de l’argent que les gens sont prêts à nous en prêter », rappelle M. Grondin. Mieux vaut donc ne pas se réveiller au dernier moment…

« Avant d’aller au-devant de sa cible préférée, on conseille souvent de commencer par rencontrer une source moins prometteus­e afin de pouvoir rôder son discours », glisse Brian King, professeur au Départemen­t d’entreprene­uriat et innovation de HEC Montréal.

Les bons planificat­eurs se reconnaiss­ent aussi, car ils possèdent toujours une longueur d’avance… « Le jour où l’on obtient un financemen­t, il faut être prêt à penser dès le lendemain à la prochaine ronde », conclut M. Bouchard chez PwC.

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Au rang des premières qualités recherchée­s par la personne qui pourrait devenir votre futur partenaire d’affaires, figurent notamment l’écoute, l’éthique, le sérieux et le respect.
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