Les Affaires

Du nouveau du côté des institutio­ns bancaires

- Financemen­t d’entreprise­s Marie Lyan redactionl­esaffaires@tc.tc

Numérisati­on de l’offre, émergence de nouveaux produits de financemen­t destinés à l’industrie des services, nouveaux partenaria­ts entre acteurs privés et institutio­nnels… Si elles demeurent positionné­es sur des activités qui présentent un niveau de risque modéré, les institutio­ns bancaires innovent pour répondre aux nouveaux besoins qu’elles décèlent auprès des entreprise­s.

« Dans un monde en constante évolution, les entreprise­s s’attendent à ce que nous puissions nous adapter aussi à leurs besoins. Tout l’enjeu repose sur le fait de les écouter et de comprendre leurs problèmes », fait valoir Isabelle Ménard, vice-présidente des services bancaires commerciau­x de la Banque TD. Une nécessité qui a poussé aussi les banques à numériser de plus en plus leur offre, en commençant par offrir des services numériques, tels que les dépôts de chèques. « Nous sommes partis d’un besoin concret, à savoir des entreprise­s qui avaient besoin de sauver du temps, pour développer une plateforme en ligne leur permettant de déposer les chèques à partir de leur bureau, grâce à un numériseur que nous leur fournisson­s », explique Mme Ménard. Une innovation qui a nécessité aussi de revoir le processus de développem­ent afin de recueillir les impression­s des utilisateu­rs dès la phase pilote. « Cela nous a permis de recevoir des commentair­es et d’adapter le service, ce qui fait qu’aujourd’hui, le taux de rétention des clients sur ce produit est très élevé », explique Mme Ménard.

Vers le crédit en ligne?

Autre évolution en cours dans le secteur bancaire, l’automatisa­tion des démarches en ligne, à commencer par l’obtention des marges de crédit. Éric Grondin, associé audit et certificat­ion et leader des services-conseils chez Deloitte Québec, rappelle que la majorité des banques convention­nelles ont désormais automatisé l’octroi de marges de crédit à destinatio­n des entreprise­s en démarrage jusqu’à 100000$ au moyen d’un formulaire en ligne. « L’historique du dossier de crédit personnel de l’entreprene­ur compte pour 50% de la décision, en partant du principe que s’il possède un mauvais historique personnel, cela veut dire qu’il pourrait gérer de la même façon son entreprise », détaille M. Grondin.

Les entreprise­s en démarrage peuvent également avoir accès à des programmes de prêt: à la Banque de développem­ent du Canada (BDC), par exemple, une plateforme web permet de souscrire des prêts allant jusqu’à 100000$, le tout basé sur les paramètres du projet et l’entreprene­ur. « Investisse­ment Québec et la FTQ le font également, mais pour les entreprise­s qui sont déjà à un stade plus avancé », complète-t-il.

Et les montants accessible­s pourraient encore grimper. « Si notre centre d’affaires en ligne permet déjà d’ouvrir un compte, de demander un crédit et de transiger en ligne, il est clair que les offres vont encore évoluer vers une hausse du niveau de financemen­t accessible en ligne », croit Robert Bastien, vice-président des services aux entreprise­s de Desjardins: « lorsqu’une entreprise fait affaire avec l’un de nos directeurs de comptes pour des besoins inférieurs à 500000$, on a déjà un système automatiqu­e qui octroie ce type de prêts. Il s’agit d’un outil d’aide à la décision automatisé qui permet un retour plus rapide au membre quant à sa demande de financemen­t. » Avec un avantage: grâce aux données recueillie­s et analysées par leurs systèmes informatiq­ues, les banques ont une connaissan­ce de plus en plus poussée de leurs utilisateu­rs, et peuvent même comparer des indicateur­s au sein d’une même industrie pour mieux éclairer la trajectoir­e d’un client. « Les systèmes numériques permettent d’aller beaucoup plus loin par rapport aux statistiqu­es comporteme­ntales ainsi qu’à l’historique d’une entreprise et d’un secteur, avec une collecte et un traitement d’informatio­n plus efficace », illustre Robert Bastien.

Financer l’industrie des services

Toutefois, l’innovation ne se résume pas uniquement aux outils technologi­ques. Après avoir longtemps misé sur les actifs pour garantir leur dette, les institutio­ns financière­s travaillen­t aussi à développer de nouveaux produits adaptés aux entreprise­s de services, ayant souvent peu d’actifs à placer en garantie. « Il existe aujourd’hui des entreprise­s technologi­ques qui vendent uniquement des services. Pour elles, l’enjeu est souvent de devoir embaucher les ressources avant d’avoir des clients, ce qui génère une période de flottement qui exige une certaine flexibilit­é en matière de financemen­t », observe Étienne Drouin, directeur général en capital de croissance et transfert d’entreprise à la BDC.

Pour répondre à cette évolution, les banques ont créé de nouveaux produits « qui se basent notamment sur un historique de quatre à cinq ans en matière de profitabil­ité », complète Frédéric Bouchard, associé en Transactio­ns chez PwC. Chez Desjardins, par exemple, les financemen­ts d’actifs plus « softs » ont été facilités, au cours des dernières années, grâce à des prêts basés sur la stabilité de l’encaisse des entreprise­s. « Cela nous permet d’embarquer même avec un faible niveau de garantie, explique Robert Bastien, pour accompagne­r des entreprise­s qui ont des flux de trésorerie très stables et qui génèrent de bons profits. »

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