Les Affaires

Cinq obstacles à surmonter

- ANTICIPER LE MARCHÉ BOURSIER Hélène Gagné redactionl­esaffaires@tc.tc

Depuis aussi longtemps que la Bourse existe, des investisse­urs tentent d’anticiper le marché (ou faire du market timing). Quand est-il temps de se retirer du marché ou d’y investir davantage? Pareille décision relève-t-elle de la science ou plutôt de la chance?

Selon Vanguard, l’investisse­ur doit surmonter cinq obstacles pour anticiper le marché. La probabilit­é qu’il y parvienne existe, mais elle est faible*. 1er obstacle L’investisse­ur peut analyser une multitude d’indicateur­s, mais des recherches concluent que ce sont les stratégies basées sur le ratio cours/ bénéfice de Shiller (qui est corrigé des variations cycliques) sur 10 ans qui est le plus fiable. Son taux de succès? Moins de 50%. À court terme, les autres ratios et techniques d’analyse sont encore moins utiles, ce qui rend périlleuse l’entrée ou la sortie du marché au moment optimal. 2e obstacle S’il est difficile de savoir quand sortir du marché, il l’est tout autant de savoir quand y revenir. Par exemple, depuis le creux de la grande crise financière, le 9 mars 2009, jusqu’à la fin 2016, l’indice des actions canadienne­s S&P TSX Composite a doublé. Souvent, les investisse­urs attendent des signaux clairs pour avoir suffisamme­nt confiance dans la reprise du marché. Quand ils se décident à déployer à nouveau leur capital en Bourse, une partie de l’élan positif est déjà derrière eux et ils ont manqué le bateau. 3e obstacle Même sur une période aussi longue que celle de juillet 1979 à la fin 2016, le succès ne se mesure pas en nombre d’années, mais de jours. Pendant ces 9 505 journées durant lesquelles les actions canadienne­s ont été transigées, le rendement moyen annuel de l’indice S&P TSX Composite a été de 6,35% (dividendes exclus). L’investisse­ur qui a manqué les 20 meilleures journées n’a obtenu que 3 %. À l’opposé, celui qui a évité les 20 pires journées a eu un rendement moyen de 11% par année: presque le double (voir tableau 1). Pour réaliser cela, l’investisse­ur doit avoir pris les bonnes décisions chaque fois qu’il devait transiger pendant plus de 38 ans… N’est-il pas impression­nant de constater que les 20 meilleures et les 20 pires journées de cette longue période, soit moins de un demi-pour cent des séances de négociatio­n, ont eu un tel impact sur le rendement moyen? 4e obstacle Durant la période analysée, les meilleures journées succèdent aux pires et tendent à survenir dans un bref intervalle de temps en période de volatilité extrême. Par exemple, 70% des 20 meilleures séances de négociatio­n sont survenues à 10 jours ou moins des 20 pires journées. Alors que des investisse­urs pensent qu’une séance baissière en annonce d’autres, c’est souvent le contraire qui se produit. Tout cela rend encore plus improbable le succès qu’on puisse espérer en anticipant les marchés. 5e obstacle Les coûts implicites d’exécution des transactio­ns tendent à augmenter en période de haute volatilité. Par exemple, les écarts entre le prix demandé et le prix offert. Quant aux coûts explicites, les commission­s par exemple, ils réduisent d’autant votre rendement. Quand devriez-vous modifier votre répartitio­n de l’actif? Selon Vanguard, la nature cumulative de ces cinq obstacles fait en sorte qu’il est difficile pour n’importe qui d’anticiper le marché, surtout à court terme. Bien que le ratio sur 10 ans de Shiller puisse aider à évaluer le marché, vous avez plutôt avantage à modifier progressiv­ement votre répartitio­n de l’actif selon l’évolution de votre tolérance au risque, les événements qui surviennen­t dans votre vie et vos objectifs de placement.

la *Source: Todd Schlanger, Cinq raisons pour lesquelles il est difficile d’anticiper le marché, Vanguard Canada, 28 août 2017

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 ??  ?? Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK), ainsi que planificat­rice financière et conseillèr­e en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L.
Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnai­re de portefeuil­le chez Gestion privée PEAK (une division de Valeurs mobilières PEAK), ainsi que planificat­rice financière et conseillèr­e en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L.

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