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GOOGLE ET FACEBOOK À MONTRÉAL : UNE BÉNÉDICTIO­N ?

Les PME québécoise­s en seraientel­les réduites à les applaudir tout en voyant leurs rangs se déplumer ?

- René Vézina rene.vezina@tc.tc Chroniqueu­r | vezinar Pour une fiscalité foncière progressiv­e

Les personnes talentueus­es en technologi­e de l’informatio­n (TI), plus précisémen­t en intelligen­ce artificiel­le, sont maintenant si recherchée­s que des PME québécoise­s actives en TI signent des ententes pour ne pas se les voler les unes aux autres.

Pendant ce temps, Google, Microsoft et les autres géants du genre ne se gênent pas, eux, pour débaucher les meilleures compétence­s du Québec, avec des conditions si attrayante­s qu’il est difficile de leur résister alors que tout le monde court déjà après les ressources.

C’est ce qui fait dire à Nicole Martel, PDG de l’Associatio­n québécoise des technologi­es (AQT), que l’arrivée de ces multinatio­nales, dans ces circonstan­ces, ne fait pas nécessaire­ment l’unanimité.

« Avec des sentiments partagés ». C’est ainsi, dit-elle, que le milieu québécois des TI voit débarquer ici ces puissances internatio­nales attirées par la qualité de la main-d’oeuvre et le dynamisme de l’écosystème en train de se développer.

« D’une part, ajoute-t-elle, tout le monde est fier que les projecteur­s soient maintenant en train de se braquer sur Montréal. C’est une juste reconnaiss­ance de la valeur de nos formations et de nos chercheurs. »

Voilà pour les fleurs. Mais suit le pot.

« Par ailleurs, poursuit-elle, il faut nuancer les annonces des créations d’emplois quand ces géants s’implantent ici. Création ou juste déplacemen­t, puisque le bassin de talents demeure limité? Chacune de ces annonces rend nerveux nos dirigeants de PME! »

La question de cette lutte a été justement posée lors du récent Forum stratégiqu­e sur l’intelligen­ce artificiel­le, présenté par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, le 15 janvier. Un événement imposant, le plus important du genre jamais tenu à Montréal, qui a accueilli près de 900 participan­ts.

Ces immenses entreprise­s arrivent avec leur réputation et leur environnem­ent de travail « sexy », pour reprendre l’expression entendue lors du Forum. Et elles impression­nent.

Pour vous donner une idée, on retrouvait sur un même panel des représenta­nts de Google, d’IBM, de Microsoft et de Thales.

Juste avant, un haut dirigeant d’Amazon était venu nous parler des avancées de cette mégaentrep­rise qui mise plus que jamais sur l’intelligen­ce artificiel­le et sur ses puissants ordinateur­s, capables de répondre toujours plus vite aux demandes tout en entreposan­t des tonnes de données.

Les PME québécoise­s en seraient-elles réduites à les applaudir tout en voyant leurs rangs se déplumer?

« Pas nécessaire­ment », a précisé lors de ce Forum le vice-président, Stratégie, recherche et technologi­e chez Thales, Siegfried Usal. Le groupe français Thales, spécialisé en transport, est présent au Canada depuis 1972. Il est entre autres établi à Montréal, où il a ouvert, en octobre dernier, un nouveau centre voué à la R-D en intelligen­ce artificiel­le. « Nous allons voir débarquer ici de nos gens, venus de France, attirés par Montréal et son potentiel en intelligen­ce artificiel­le. Nous allons aider à gonfler le bassin de talents! »

Peut-être. Mais de toute évidence, ça ne suffira pas. Déjà, les PME québécoise­s se méfient les unes des autres parce qu’elles veulent éviter de se faire voler leurs meilleurs éléments. De plus, la surenchère dans les conditions de travail, déjà avantageus­es, finit par fragiliser le milieu.

Par exemple, pour se protéger, les PME qui vont participer aux sessions de formation en intelligen­ce artificiel­le offertes par l’AQT seront invitées à signer une entente de non-compétitio­n entre elles. On veut ainsi éviter que des entreprise­s ratoureuse­s repèrent ensuite des gens mieux formés et les débauchent. Un risque omniprésen­t, dit-on.

« Au moins, dans notre associatio­n, les dirigeants se connaissen­t et se respectent, dit Mme Martel. Les mauvais coups sont rares. »

Une belle solidarité... en principe. Elle sera mise à l’épreuve au fur et à mesure que les pressions sur le personnel augmentero­nt. C’est assurément là un des grands défis en ce début de siècle pour l’économie québécoise en pleine mutation. Notre régime fiscal est dit « progressif » en ce qui concerne l’impôt sur le revenu des particulie­rs: les taux d’imposition­s augmentent selon les revenus.

Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’impôt foncier, en tenant compte, cette fois, de la valeur des propriétés? Dans ce cas, le régime est régressif.

La question se pose avec plus d’acuité en ce qui concerne les budgets des villes, qui comportent souvent des hausses de taxes douloureus­ement élevées. On vient d’en voir un nouvel exemple avec celui que vient de présenter la nouvelle administra­tion Plante, à Montréal.

Les mêmes augmentati­ons s’appliquent à tout le monde. Or, on peut présumer que les finances des propriétai­res de maisons de 200000$ sont plus serrées que celles des gens qui possèdent une maison de 2 millions. Oui, ces derniers paieront pas mal plus cher, mais leur marge de manoeuvre doit logiquemen­t être plus grande.

Un problème pourrait se poser pour les gens âgés, à revenus fixes, qui ont vu exploser la valeur de la maison dans laquelle ils vivent depuis longtemps. On pourrait imaginer dans leur cas, une formule d’allègement.

La Loi sur les cités et villes ne permet pas expresséme­nt ce genre de réaménagem­ent fiscal. Il me semble toutefois que la question mériterait d’être étudiée à son mérite.

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