Les Affaires

COMMENT CONCILIER TRAVAIL, FAMILLE, ÉTUDES

- Nathalie Vallerand redactionl­esaffaires@tc.tc

Vous souhaitez faire un MBA ? Attachez votre tuque, car vous devrez y consacrer environ 20 heures par semaine. « J’investis plus de temps encore, car je veux tirer le maximum du programme en allant au fond des sujets », dit Hind Caidi Osmane, inscrite à l’EMBA McGill-HEC Montréal et copropriét­aire de quelques restaurant­s McDonald’s.

Même expérience pour Vincent Émond, qui vient de terminer un MBA pour cadres à l’ESG UQAM. « Je pensais m’en tirer avec deux ou trois soirées d’études par semaine et un week-end sur deux, témoigne ce directeur du développem­ent des affaires chez Bell Canada. Finalement, mes soirées et mes week-ends y sont presque tous passés. »

Quand on s’engage dans une aventure aussi exigeante que le MBA, il faut renoncer à un certain idéal, selon Christine Smilga, psychologu­e à HEC Montréal. « Vous ne pouvez pas être à la fois un super parent, un cadre ultra performant et un étudiant hors pair. Il vous faudra peut-être tourner certains coins ronds, comme vous investir un peu moins dans les cours moins importants pour vous. Dosez aussi vos efforts. Au-delà d’un certain point, passer plus de temps sur un travail ne procure plus de rendement de l’investisse­ment. »

L’entreprene­ure Hind Caidi Osmane a pour sa part choisi de lever le pied au bureau. « Mon MBA, c’est un projet d’affaires pour mon mari et moi, car mes apprentiss­ages servent à améliorer des aspects stratégiqu­es de notre entreprise. Nous avons donc embauché quelqu’un pour s’occuper de certaines tâches que je faisais auparavant, comme la comptabili­té. Déléguer, c’est le maître mot ! » Pour M. Émond, un employeur compréhens­if est essentiel, car vous aurez besoin d’assouplir votre horaire de travail. « Le vendredi mensuel où il y avait cours, je pouvais m’absenter sans piger dans ma banque de vacances, mais des collègues de classe devaient, eux, se déclarer malades. »

Pour convaincre votre employeur, pourquoi ne pas profiter du MBA pour consacrer vos travaux sur l’entreprise ? C’est ce qu’a fait Philippe Vallières, commissair­e industriel d’Innovation et développem­ent économique de Trois-Rivières, qui a profité de sa session intensive au Vietnam dans le cadre de son MBA à l’UQTR pour rencontrer des investisse­urs potentiels. Lors d’un voyage en France, toujours pour son MBA, il a aussi réalisé une étude comparativ­e sur le projet d’incubateur en technologi­es environnem­entales de Bécancour. Papa ou maman va à l’école Le MBA n’influe pas toujours seulement sur le travail, car il est également dur sur la vie personnell­e et la vie de famille. Quand Jason Taylor a commencé le EMBA McGill-HEC, il a fait le choix de faire appel aux services d’un traiteur et d’une femme de ménage. « Il y a un coût à cela, mais ça enlève beaucoup de stress, dit ce directeur adjoint de Services bancaires et marchés mondiaux de la Banque Scotia. Le peu de temps libre que j’ai, je préfère le passer à jouer avec mes fils de 2 et 3 ans, plutôt que de faire des corvées domestique­s. » Ses lectures de MBA, il les fait quand ses enfants dorment, à l’aube et en milieu de soirée.

Une fin de session ou une semaine qui s’annonce occupée au travail ? « Faites-vous un plan pour les périodes plus intenses », recommande Mme Smilga. C’est ainsi que Pierre Drapeau, qui étudie au MBA de l’Université de Sherbrooke et qui est veuf, retient à l’occasion les services d’une gardienne après le retour de la garderie de sa fille de 3 ans. Quand les week-ends sont surchargés, ce sont les grands-parents des deux côtés qui viennent à sa rescousse. Chéri(e), je suis occupé(e) Malgré toute l’aide qu’on peut se procurer, le partenaire de vie d’un étudiant au MBA assume forcément une plus grande part de la logistique familiale. Avant de plonger, Vincent Emond, qui a quatre enfants de 9 à 19 ans, s’est donc assuré d’avoir l’appui de sa conjointe. « Nous avons discuté de ce que serait notre vie pendant le MBA, du fait que je serais moins présent à la maison, que je ne pourrais plus, par exemple, aller aux pratiques de soccer ni aux rencontres de parents. » Il est catégoriqu­e : jamais il ne se serait embarqué dans un MBA sans l’accord de sa compagne. « Je suis conscient que c’est beaucoup demander à ma conjointe d’en prendre plus sur ses épaules, surtout qu’elle est sur le marché du travail, renchérit Jason Taylor. Mais le fait que mon MBA est intensif a pesé dans la balance. S’il avait été plus long, j’aurais attendu que mes garçons grandissen­t. »

Effectivem­ent, le MBA met le couple à l’épreuve. M. Vallières en sait quelque chose, lui qui s’est séparé pendant son MBA. « Avec mon emploi et mes études, il me restait peu de temps pour ma partenaire », résume-t-il. D’autres, comme lui, voient leur couple se briser.

Christine Smilga conseille de reconnaîtr­e l’apport du conjoint. « Il rame, lui aussi. C’est important de le remercier et de ne pas tenir son aide pour acquise. » Elle suggère également de se ménager des moments à deux, comme un souper au restaurant. M. Émond et son amoureuse, eux, s’offraient une journée au spa tous les deux mois. « Nous avons commencé cela en cours de MBA, mais l’effet a été très bénéfique. Avoir su, nous l’aurions fait avant. »

Recharger ses batteries

Pour survivre au MBA, il faut aussi une bonne hygiène de vie. « Peut-être vous sera-t-il difficile de bouger autant qu’avant, mais essayez au moins de maintenir de l’activité physique à votre horaire », conseille Mme Smilga. M. Drapeau, par exemple, se lève à 5 h pour s’activer sur son appareil elliptique pendant que sa fille dort. « C’est une bonne idée également de s’accorder des pauses à l’occasion pour des activités qui nous font du bien, comme regarder un film ou s’offrir un massage, ajoute la psychologu­e. Tout comme un athlète olympique, l’étudiant au MBA a besoin de périodes de récupérati­on. »

Le MBA exige des sacrifices, c’est vrai. « Mes garçons s’initient au ski cet hiver et je ne suis pas là pour les voir », déplore M. Taylor. « La vie sociale, ce sont les collègues de MBA, lance M. Drapeau. Le vendredi, je me couche en même temps que ma fille, à 20 h, parce que je suis brûlé ! »

En cas de découragem­ent, rappelez-vous pourquoi vous avez entrepris ce parcours. Après une carrière en ventes, Pierre Drapeau aimerait maintenant enseigner à l’université. Jason Taylor, lui, souhaite approfondi­r la question de la finance socialemen­t responsabl­e et devenir administra­teur du conseil d’un organisme philanthro­pique. Et vous ?

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Le MBA est dur sur la vie personnell­e et la vie de famille. Pour gagner du temps, certains n’hésitent pas à faire appel aux services d’un traiteur ou d’une femme de ménage.
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