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LE COMMERCE DE DÉTAIL, UN SECTEUR TOUT EN NUANCES

À l’évidence, l’optimisme côtoie le pessimisme dans le secteur du détail. Et il n’y a pas de vision unique sur ce qui guette chacun en cette période de grande transforma­tion.

- François Pouliot françois.pouliot@tc.tc Chroniqueu­r | @@ f_pouliot

Survivra, ne survivra pas? À moins que ce ne soit une prochaine étoile? Le comporteme­nt des titres du secteur du détail est étonnant. Doit-on y porter attention ou battre en retraite?

On a été étonné, il y a quelques jours, lorsque le détaillant Aritzia (ATZ, 13,74$) a dévoilé ses résultats du troisième trimestre. Quelques analystes se sont mis à hausser leur cible en appliquant à leur prévision de bénéfice des multiples de 23, et même de 25 pour l’exercice à venir.

À titre comparatif, le S&P 500 se négocie autour de 18,4 fois l’anticipati­on pour l’exercice 2018. Les multiples utilisés pour Aritzia sont à première vue énormes.

Pendant ce temps, Dick’s Sporting Goods (DKS, 33,54$ US), un détaillant sportif américain qui s’apparente à Sports Experts – dont on vous a déjà parlé quelques fois et dont on est personnell­ement actionnair­e –, est à 11 fois le bénéfice, après être descendu sous les 10 fois. C’est un multiple de grande misère.

À l’évidence, l’optimisme côtoie le pessimisme dans le secteur du détail. Et il n’y a pas de vision unique sur ce qui guette chacun en cette période de grande transforma­tion.

Est-il plus avantageux d’investir dans un titre à fort multiple pour lequel le marché attend une forte croissance des bénéfices? Ou plutôt dans un titre à faible multiple pour lequel le marché n’attend rien de bon, côté croissance des bénéfices?

La question nous taraude depuis longtemps, mais particuliè­rement ces jours-ci dans le secteur du détail.

Personnell­ement, on préfère la deuxième option.

Dans le premier cas (multiple élevé, attentes élevés), le risque est que les profits ne se présentent pas conforméme­nt aux anticipati­ons. Le multiple est alors à risque de fortement compresser, et l’action, de chuter.

On préfère la seconde option parce que, souvent, les attentes sont faibles et la probabilit­é que les anticipati­ons soient battues est intéressan­te. Si celles-ci sont fortement battues sur quelques trimestres, on gagne en outre sur deux tableaux : le titre avance parce que les bénéfices progressen­t plus que prévu, et le multiple prend généraleme­nt du tonus sous l’effet d’une augmentati­on de l’optimisme, ce qui permet un deuxième pas en avant.

Il n’y a cependant pas de garantie. Il demeure toujours possible que les bénéfices déçoivent et que le titre recule. La chose nous est d’ailleurs arrivée avec Dick’s. Notre méthode était bonne il y a deux mois, avec une action à 25$ US, mais elle l’était moins à l’été avec une action à 38$ US.

Des titres à surveiller pour lesquels se pose avec particuliè­rement d’acuité la question « force du multiple/ force des anticipati­ons ». On en a repéré quatre.

Voici nos impression­s sur chacun.

Dans la catégorie à faibles multiples

Bed Bath & Beyond (BBBY, 23,68$). Le titre de la société de décoration intérieure est à 7,7 fois le bénéfice anticipé dans 12 mois et 6,5 fois le dernier. C’est probableme­nt le plus faible multiple du secteur. On connaît mal la société et, par conséquent, on resterait prudent. Elle perd des parts de marché au profit des vendeurs du Net. Dans un autre sous-secteur, elle pourrait peut-être compenser en récupérant les parts de marché de compétiteu­rs en faillite, mais il ne semble pas y en avoir beaucoup. Le brouillard est dense.

Dick’s Sporting Goods (DKS, 33,54$ US). On reste dans le titre. C’est difficile dans le créneau sportif alors que les Nike, Adidas et Under Armour songent toutes à augmenter leurs ventes directes en ligne au consommate­ur. Cela dit, il y a certaines nouveautés que l’on voit passer chez ces marques, dans la chaussure sport notamment, et que le consommate­ur préférera à notre avis essayer en magasin. Les nouveautés des grands noms ont dans le passé agi en bons catalyseur­s pour les détaillant­s sportifs. L’économie va bien, le consommate­ur est confiant. Quelque chose nous dit que la probabilit­é de surprise est favorable. On verra bien.

Dans la catégorie à plus forts multiples

Aritzia (ATZ, 13,74$). Les neuf analystes qui suivent le titre sont à « achat », et ont des cibles qui se situent à plus de 20$. On aime bien le modèle d’affaires de la société qui, en bonne partie, dessine ses propres vêtements. Le plan de croissance table sur l’ajout de boutiques et des gains de parts de marché en ligne. La chose devrait se produire. À près de 21,5 fois le dernier bénéfice, l’évaluation semble cependant laisser peu de place à l’erreur.

Roots (ROOT, 11,68$). Probableme­nt le titre qui nous plaît le plus. À 18,5 fois le bénéfice actuel, il affiche un multiple qui n’est pas faible, mais s’appuie sur une croissance des bénéfices de 21,7% par année dans les trois dernières années. Son plan stratégiqu­e vise pendant ce temps une croissance des profits de 20% dans chacune des trois prochaines années. Roots n’a que 116 magasins au Canada et 4 aux États-Unis. Elle croit pouvoir pénétrer le marché de l’Oncle Sam. Ses capacités en ligne sont bien développée­s. L’achalandag­e dans ses magasins comparable­s est aussi en augmentati­on. Les Olympiques qui s’amènent ne devraient pas nuire.

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