Les Affaires

Start-up : grandir ensemble

- Anne-Marie Tremblay redactionl­esaffaires@tc.tc Stages en entreprise

Quand il a fondé Genetec, en 1997, Pierre Racz était accompagné de deux stagiaires. Tous deux travaillen­t encore dans cette entreprise qui compte plus de 900 employés et une dizaine d’antennes dans le monde entier. L’entreprise, spécialisé­e en développem­ent de logiciels de sécurité, a toujours carburé à l’innovation. Accueillir des étudiants lui a donc permis d’avancer et de dénicher de la main-d’oeuvre sur mesure dans ce domaine en pénurie, explique Mathieu Vigeant, coordonnat­eur, recrutemen­t universita­ire. Un nombre qui a bondi de 27 à 150 par année durant la dernière décennie. « Plusieurs d’entre eux joignent ensuite nos rangs, alors que nous prévoyons embaucher près de 300 personnes d’ici la fin de 2018. Un plan assez ambitieux. »

Une formule gagnante

Si l’exemple remonte à quelques années déjà, travailler avec des stagiaires pour construire son entreprise n’est pas si rare, constate Alain Tremblay, directeur général du service des stages et du placement à l’Université de Sherbrooke. Bien qu’il soit difficile d’évaluer combien de start-up font réellement appel à des étudiants en formation, il estime qu’il s’agit d’une formule gagnante. « Cela permet aux entreprise­s d’aller chercher une expertise complément­aire à la leur, ce qui est d’autant plus intéressan­t quand elles sont toutes petites. Et les étudiants sentent qu’ils font une véritable différence et peuvent mener un projet de A à Z. »

C’est le cas chez Immune Biosolutio­ns, entreprise de biotechnol­ogie de Sherbrooke qui produit des anticorps à partir d’oeufs et de poulets. Quelques mois après sa fondation, en 2012, l’entreprise a accueilli ses premiers stagiaires, des étudiants au postdoctor­at. Depuis, une quinzaine d’étudiants de tous les niveaux sont passés par ses laboratoir­es. « On choisit des stagiaires qui peuvent apporter un nouvel angle à ce qu’on fait, explique Frédéric Leduc, président et directeur général. Par exemple, nous avons beaucoup de futurs ingénieurs, parce qu’ils nous permettent d’apporter une

Un développem­ent conjoint

Une façon de faire qui est parfaiteme­nt dans la philosophi­e des qui sont, comme les étudiants, en période d’apprentiss­age. « Les stagiaires ont certaineme­nt eu un impact sur l’évolution de notre entreprise, affirme M. Leduc. Est-ce qu’on se serait rendu quand même ? Oui, mais sûrement moins vite et avec plus d’erreurs ! Leur apport nous permet d’accélérer beaucoup de projets, d’aller plus loin et de valider des idées que nous avions déjà. »

Même son de cloche du côté de Rum&Code, jeune pousse installée dans un incubateur de Shawinigan. Cette entreprise qui développe des solutions logicielle­s pour les entreprene­urs qui veulent se lancer en affaires a ouvert ses portes à cinq stagiaires depuis sa création, en juin 2016. « Le principal atout, c’est que cela nous a offert de la latitude en recherche et développem­ent », soutient Félix-Antoine Huard, cofondateu­r de l’entreprise.

En effet, alors que la petite équipe se consacrait uniquement sur les produits pour ses clients, faute de temps, les stagiaires ont plutôt planché sur un projet maison. Ainsi, ils ont jeté les bases d’un logiciel spécialisé que Rum&Code aimerait vendre aux musées ou aux sociétés d’histoire. « Ils ont réussi à établir une preuve de concept qui est suffisamme­nt solide pour aller chercher des partenaire­s prêts à nous appuyer dans cela », précise M. Huard.

Investir dans la relève

L’accueil de stagiaires a aussi permis à Rum&Code de mieux comprendre ses propres processus de gestion. « Nous avons pu tester comment nous étions capables d’encadrer une équipe de recherche et développem­ent, comment s’imbriquent les départemen­ts des services et des produits, comment on fonctionne pour la formation, etc. Bref, ça a été l’occasion de voir comment on les intègre dans notre équipe », ajoute M. Huard.

« Peu importe la contributi­on sur le plan technologi­que, il y a un apport humain indéniable au passage d’un stagiaire, poursuit-il. En tant que jeune entreprise, on apprend toujours quelque chose, que ce soit au chapitre de nos processus, de nos façons de gérer les ressources, etc. On épouse la philosophi­e de plusieurs entreprise­s québécoise­s voulant proposer le meilleur environnem­ent travail au monde et cela nous aide à nous adapter. »

L’expérience est si concluante que Rum&Code réfléchit à une manière d’élargir son offre de stages. « C’est un devoir, en tant que citoyen d’entreprise, soutient M. Huard. Même si nous n’avions que peu de liquidités, nous avons décidé d’investir dans la relève parce qu’on y croit. C’est important, surtout dans un domaine comme le nôtre qui fait face à une pénurie de main-d’oeuvre. » C’est aussi une façon de contribuer à propager le « #ShawiLove », un mouvement pour mettre Shawinigan sur les radars auquel l’entreprise adhère, ajoute-t-il.

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