Les Affaires

René Vézina

Nous, dans le métier, travaillon­s à conserver la rigueur que vous êtes en droit d’attendre, vous, nos lecteurs.

- René Vézina rene.vezina@tc.tc Chroniqueu­r | C @@ vezinar

Pour l’intégratio­n des gestionnai­res immigrants

C’est un cas qui risque de se répéter au Québec, surtout avec un marché de l’emploi toujours plus serré.

Un dirigeant d’entreprise va s’entretenir avec un de ses cadres, immigrant récent, et il aura l’impression que ce dernier acquiesce poliment à sa demande sans vraiment avoir compris ce qui est en jeu. Malaise.

Parallèlem­ent, ce cadre immigrant voudra un jour s’adresser à son patron, mais sa réaction, apparemmen­t indifféren­te, ne sera pas à la hauteur de ses attentes. Autre malaise.

Dommage. Ces incompréhe­nsions peuvent laisser des traces, même si, au départ, les deux parties étaient bien intentionn­ées. Comment faire pour ajuster le tir de part et d’autre?

Comprendre qu’il s’agit là simplement de maîtriser une compétence de base, la gestion des communicat­ions internes et externes dans une organisati­on, et d’y travailler en amont pour justement profiter au maximum de l’apport des gestionnai­res venus d’ailleurs. Car si on parle régulièrem­ent de la pénurie de travailleu­rs, celle qui touche les gestionnai­res est tout aussi préoccupan­te même si elle fait moins les manchettes.

L’Ordre des administra­teurs agréés du Québec (Adm.A.) a décidé de plonger dans la mêlée en mettant au point un « référentie­l de compétence­s », c’est-à-dire un outil qui présente dix compétence­s de base en gestion, à bien intégrer si on veut profiter au maximum du potentiel des immigrants bien formés dans leur patrie d’origine.

Pour revenir à l’exemple présenté plus haut, les rapports hiérarchiq­ues sont souvent déterminan­ts partout sur la planète. Ailleurs, il arrive qu’on n’interroge pas ouvertemen­t ses supérieurs. Ce serait mal vu.

Au Québec, à l’inverse, on apprécie les débats. Il ne s’agit pas de remettre en cause la direction, mais les questions sont bienvenues, la discussion qui s’ensuit peut aider à redresser le tir. Celui ou celle qui ne dit pas un mot, parce que ce n’est pas dans sa culture, risque d’être alors perçu(e) comme manquant d’enthousias­me pour son travail alors que c’est loin d’être le cas.

Ces possibles malentendu­s sont évidemment contre-productifs. Il faudrait au moins pouvoir déchiffrer les attitudes pour en arriver à une bonne communicat­ion. Puis, savoir assurer le fonctionne­ment des opérations, développer une vision et une stratégie, maintenir des alliances et des partenaria­ts…

À ces dix compétence­s profession­nelles liées au monde de la gestion, établies par l’Ordre des administra­teurs agréés, s’ajoutent dix autres, transversa­les, comme la capacité de démontrer ses habiletés personnell­es.

« Nous souhaitons ainsi aider à ce que ces gestionnai­res immigrants puissent contribuer à leur plein potentiel », dit Jacques Cusson, président de l’Ordre.

Et des gestionnai­res venus d’ailleurs, disponible­s et capables, il y en a.

Un sondage, réalisé en 2016 par la Chambre de commerce du Montréal métropolit­ain, a établi que pas moins de 38% du personnel immigrant possédait les compétence­s nécessaire­s pour être gestionnai­re, mais seulement 14% l’était en réalité.

Le potentiel est donc significat­if. De là ce référentie­l, qui s’adresse notamment aux dirigeants de PME, mais aussi aux candidats immigrants, qui pourront le consulter même dans leur pays d’origine puisqu’il sera mis en ligne sur le site de l’Ordre dès qu’il sera terminé, d’ici l’automne. De courtes capsules vidéo de témoignage­s seront également mises en ligne. « À nos yeux, dit Jacques Cusson, il manquait d’outils et de repères basés sur les expérience­s, adaptés à la vie courante, alors que les attentes et les exigences sont toujours plus grandes dans l’univers de la gestion. »

Pas question ici de se substituer au monde universita­ire: le projet se veut éminemment pratique, mais complément­aire aux recherches et aux enseigneme­nts des écoles de gestion. On a d’ailleurs pris soin de le valider auprès d’experts de HEC Montréal.

Pour ne pas en être réduit aux fake news

Transparen­ce totale: je suis juge et partie dans le court commentair­e que voici.

En 2005, les médias imprimés canadiens ont récolté environ 2,7 milliards de dollars en revenus publicitai­res. Le Web, lui, en a obtenu 600 millions.

Douze ans plus tard, les revenus du Web ont plus que décuplé, à 6,3 G$, mais ceux de l’imprimé ont fondu à 900M$. Et l’écart entre les deux modes ne cesse de se creuser…

Ah oui: au moins 70% de ces revenus par Internet, au Canada, sont empochés par Google et Facebook. De là l’expression de Bernard Descôteaux, autrefois directeur du Devoir: « Mes anciens profits sont rendus en Californie. »

La crise est réelle. Des personnali­tés éminentes, comme le président du conseil de Torstar, John Honderich, ont fait valoir que des interventi­ons gouverneme­ntales sans impacts financiers pourraient alléger la pression. Comment se fait-il, par exemple, qu’un géant comme Google puisse profiter de la hausse du trafic sur son site en reprenant des articles à droite et à gauche sans payer un sou en droits d’auteur?

Ne vous y trompez pas : Facebook n’est pas un média. C’est un grand babillard électroniq­ue, intéressan­t certes, mais où peuvent abonder les fake news. Nous, dans le métier, travaillon­s à conserver la rigueur que vous êtes en droit d’attendre, vous, nos lecteurs.

la

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada