Aller au-delà de l’intelligence artificielle et du jeu vidéo
On en parle depuis dix ans : en 2018, il y aura une crise de la main-d’oeuvre dans le secteur technologique québécois. Ces derniers mois, la mutation du secteur du jeu vidéo montréalais et l’émergence de l’intelligence artificielle n’ont pas fait grand-chose pour prévenir le phénomène. Selon les plus récentes données sur le sujet, les entreprises technologiques québécoises auront besoin de 6 000 professionnels cette année. Pendant ce temps, les écoles de la province ne produiront qu’entre 4 000 et 5 000 nouveaux travailleurs.
Ceux qui pensent en profiter pour se trouver un métier d’avenir en IA ou en jeu vidéo devront toutefois y réfléchir à deux fois, avertit Josée Lanoue, directrice générale de TechnoCompétences, un organisme sectoriel qui craint depuis longtemps cette pénurie anticipée de main-d’oeuvre. « Le domaine du jeu vidéo représente environ 10 000 des 200 000 professionnels en technologie au Québec. Ils font une excellente promotion de leur potentiel pour une future carrière, mais c’est tout le secteur des TI qui est à développer. Quant à l’IA, cette année, ce ne sera même pas un véritable débouché pour les nouveaux travailleurs, puisque ce ne sont pas des finissants dont ce secteur a besoin, ce sont des chercheurs de pointe lourdement diplômés. »
Des plans de carrière éclatés
TechnoCompétences a fait en janvier le point sur l’état de l’emploi dans les TI, et s’il y a une tendance lourde à souligner, c’est que les entreprises spécialisées dans ce domaine subissent une concurrence inédite d’autres secteurs autrefois plus cloisonnés. L’éclosion des technologies financières, la robotisation grandissante du secteur manufacturier, les biotechnologies : tous ces nouveaux débouchés attirent désormais plus de spécialistes (51 %) que les entreprises propres au secteur technologique.
« C’est un défi de taille pour de nombreuses PME en TI, puisqu’elles doivent rivaliser avec de grosses entreprises qui offrent de meilleurs salaires. L’écart entre deux postes similaires peut parfois atteindre 10 000 $ par année, ce qui est plus difficile à payer pour une entreprise de moins de 50 employés que pour une institution bancaire », explique Vincent Corbeil, analyste du marché du travail pour l’organisme québécois.
Naturellement, certaines des plus petites entreprises du secteur technologique ont pour leur part les moyens de bien payer leurs employés : il s’agit de ces start-up qui bossent sur des services souvent nichés, mais promis à un bel avenir, ce qui convainc souvent des investisseurs privés à les financer adéquatement. Ce modèle d’affaires incite bien des professionnels des TI à travailler à leur compte, une formule qui se répand d’ailleurs dans l’ensemble de l’industrie. Le serviceconseil, qui a pour fonction de faciliter la prise de décision, est plus souvent confié à des consultants externes, engagés à titre de travailleurs autonomes.
Le travailleur « agile »
Empruntant une expression populaire en gestion d’entreprise, Randstad, le géant des ressources humaines, croit que les prochaines années seront fastes pour les « professionnels agiles », ces travailleurs capables de sauter d’un contrat à un autre. Considérant la montée de l’économie des petits boulots ( gig economy), la multinationale néerlandaise estime qu’entre 20 % et 30 % des travailleurs canadiens cumulent déjà des boulots « non traditionnels », et que les entreprises migreront graduellement vers ce modèle elles aussi.
Dans un sondage effectué l’an dernier, Randstad a découvert que 85 % des employeurs canadiens voyaient d’un bon oeil le fait de miser sur une « maind’oeuvre agile », puisque ça leur permet à leur tour d’être plus souples et de s’adapter aux changements, souvent de nature technologique, dans leur industrie. « Cette lutte pour attirer le talent permet aux employés d’obtenir plus de la part de leur futur employeur », explique Marc-Étienne Julien, PDG de Randstad Canada : plus d’argent, certains avantages « hors rémunération », un meilleur équilibre travail-famille… Même si ça peut parfois se traduire par une moins grande sécurité d’emploi. L’intérêt jusqu’ici peu manifeste des jeunes femmes pour les études en sciences, en technologie, en génie ou en informatique est un autre boulet à la cheville du marché de l’embauche en TI au pays. D’une année à l’autre, les institutions scolaires redoublent d’efforts pour convaincre leurs futurs élèves que le spécialiste en technologie n’est pas nécessairement « un geek à lunettes ».
Il y a deux ans, seulement 20 % des diplômés canadiens dans ces secteurs généralement liés aux technologies étaient des femmes.
Cette statistique est revue à la hausse chaque année (le taux de diplomation des femmes en science et technologie a crû de 41 % depuis 2012, indique TechnoCompétences), mais la proportion demeure encore insuffisante.
La situation mène certaines institutions à être plus créatives afin de
résoudre le problème. L’automne dernier, la Faculté de génie Lassonde de l’Université York, à Toronto, a ainsi lancé un défi aux écoles de génie du pays qu’elle souhaite bien relever elle-même : devenir la première à décerner la moitié de ses diplômes à des femmes. « Notre objectif n’est pas seulement de stimuler la diversité, mais d’utiliser cette diversité pour innover et aller au-delà de la simple conformité en prêchant par l’exemple », explique Marisa Au-delà d’une inscription à un programme de formation à l’école, les experts du marché du travail ne manquent pas de bons conseils pour vous aider à décrocher un boulot sur mesure dans le secteur des technologies. En voici trois.
Autoformation
Un des enjeux provoqués par une pénurie de main-d’oeuvre est la rétention du talent et de l’expertise. Dans un domaine aussi changeant que les nouvelles technologies, cette question s’avère tout un casse-tête dont la solution se trouve peut-être dans… les nouvelles technologies. Les programmes de formation en ligne, les séminaires, les conférences et les nombreuses rencontres organisées plus ou moins formellement par des experts reconnus dans des champs précis sont autant de sources d’information qui peuvent être consommées en rafale ou à son propre rythme afin de garder un niveau de productivité élevé, explique Vincent Belliveau, vice-président de Cornerstone OnDemand, une société californienne spécialisée sans Sterling, doyenne adjointe de la Faculté.
Mme Sterling constate qu’il est difficile pour les jeunes étudiantes de rêver à une carrière dans un secteur qui ne leur paraît pas accueillant au premier abord. En faisant plus de place aux femmes, l’Université York espère les convaincre du contraire et, du même coup, aider à combler la pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur technologique, un phénomène qui est loin d’être exclusif à une seule province…
la
Centraide du Grand Montréal a récolté 56 165 000$ lors de sa campagne 2017. L’annonce a été faite en marge d’une soirée pour la remise des prix Solidaires (six du milieu communautaire, neuf du milieu des affaires) et d’un prix Coup de coeur, qui salue l’engagement des milieux de travail et des organismes communautaires pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion. Les lauréats du milieu des affaires sont Saputo, Rolls-Royce Canada, CAE, Cogeco, Investissement Québec, TechAide, les syndicats (SCFP-FTQ: Sections locales 1500, 5735, 2000, 4785, 957, 4250; SPIHQ , SPSI) et les associations (APCPNHQ, APRHQ) d’Hydro-Québec, Mario Di Bernardo, directeur, succursale Place Portobello, RBC Banque Royale, Josée St-Onge, associée, Leader Risque et conformité Québec PwC. Le prix Michèle Thibodeau-DeGuire, qui souligne l’apport exceptionnel d’un grand bénévole au rayonnement de Centraide du Grand Montréal, a été donné à Paul Desmarais Jr. Québecor a remis un don de 15M$ à la Fondation du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM). Cette contribution représente le plus grand engagement philanthropique pris à l’égard de la Fondation depuis sa création en 1998. En guise de reconnaissance de ce don, l’amphithéâtre du CHUM portera le nom de Pierre Péladeau, fondateur de Québecor. L’inauguration de cet élément architectural est prévue pour 2021. Stefanka, une entreprise montréalaise spécialisée en logiciels de recommandations de vêtements, a été sélectionnée par la 21e édition du South by SouthWest (SXSW) Interactive Innovation Awards, à titre de finaliste pour la catégorie New Economy. Une seule autre entreprise du Canada est représentée cette année et il s’agit de Moment Factory, pour l’illumination du pont Jacques-Cartier. La catégorie New Economy honore ceux qui redéfinissent l’échange de biens et de services, de l’économie de partage à la monnaie virtuelle, en passant par la microfinance, les systèmes de paiement pour appareils mobiles et bien au-delà. Stefanka en sera à sa deuxième présence au SXSW, mais à sa première expérience à titre de finaliste pour ce concours. SXSW est un événement international qui aura lieu à Austin, au Texas, du 9 au 18 mars, et rassemble les acteurs innovants du numérique, de la musique, du film et de la vidéo.