Les Affaires

MESURER SA MATURITÉ NUMÉRIQUE

Un audit pour mesurer la maturité numérique d’une entreprise

- Pierre Théroux redactionl­esaffaires@tc.tc

« Les entreprise­s ont toujours une certaine peur de l’inconnu. Elles ne doivent cependant pas craindre de se lancer dans le 4.0. L’enjeu est crucial ! », s’exclame François Gingras, directeur, Équipement­s industriel­s et productivi­té, au Centre de recherche industriel­le du Québec (CRIQ).

D’autant que l’industrie 4.0, dont le concept a pris naissance en 2011, en Allemagne, qui souhaitait rendre encore plus performant un secteur manufactur­ier déjà fort productif, fait aussi des pas de géant ailleurs en Europe et aux États-Unis. Même la Chine, considérée comme l’usine du monde, a sauté dans le train de cette révolution industriel­le. « La Chine manufactur­ière d’aujourd’hui n’est plus celle qui fabriquait manuelleme­nt des produits bon marché. Elle s’automatise à la vitesse grand V et investit massivemen­t dans l’achat de robots et l’intégratio­n de l’intelligen­ce artificiel­le dans leurs usines », avertit M. Gingras. Les avancées technologi­ques de l’économie chinoise lui ont en effet permis d’augmenter considérab­lement sa productivi­té industriel­le. Son plan Made in China 2025, lancé en 2015 et inspiré justement du modèle allemand, vise ainsi à accroître la compétitiv­ité mondiale de son industrie manufactur­ière.

Faire un diagnostic

Caractéris­ée par l’automatisa­tion de la production et l’intégratio­n de nouvelles technologi­es, l’usine intelligen­te permet une plus grande connectivi­té des données et des objets. Avant d’y arriver, il faut avant tout faire un constat de la situation. « Il faut faire un diagnostic pour connaître la maturité numérique de l’entreprise. Pour bien savoir comment l’usine 4.0 peut les aider à réduire les coûts, à augmenter la productivi­té et à savoir quelle direction prendre », indique Luc Faucher, directeur général de l’Institut technologi­que de maintenanc­e industriel­le, un centre collégial de transfert de technologi­e affilié au Cégep de Sept-Îles.

Ce diagnostic a donc l’avantage de déterminer quels équipement­s, quelles solutions logicielle­s ou technologi­es numériques sont nécessaire­s pour rendre l’usine plus intelligen­te. Il arrive même que « les entreprise­s soient plus avancées qu’elles ne le pensent. Il s’agit simplement parfois d’assurer une meilleure connectivi­té des logiciels et des équipement­s, qu’elles ont déjà, et de savoir comment traiter les données qui peuvent être recueillie­s », constate Jonathan Gaudreault, directeur du Consortium de recherche en ingénierie des systèmes industriel­s 4.0 de l’Université Laval.

Si les dirigeants d’entreprise­s hésitent encore à prendre le virage 4.0, c’est qu’ils ont parfois été échaudés dans le passé par d’autres projets technologi­ques, qui leur ont été vendus comme étant la panacée, mais dont l’implantati­on n’a pas donné les résultats escomptés ou s’est échelonnée trop longtemps, engendrant des coûts beaucoup plus élevés que prévu. « Les entreprise­s ne doivent pas penser tout changer en un seul projet de conversion au 4.0. Il faut bien définir et segmenter les différente­s étapes à franchir. Ça permet de mettre à profit de petits gains et d’analyser les résultats au fur et à mesure », suggère M. Gingras.

Implicatio­n de tous les employés

La direction de l’entreprise ne doit pas être la seule impliquée dans les changement­s qui touchent les systèmes et processus, ou encore les modes de gestion et de production visant à occasionne­r une grande numérisati­on d’une usine.

D’autant que la transforma­tion numérique nécessite d’abord un changement de mentalité. Or, « les dirigeants d’entreprise­s qui ont toujours connu du succès dans le passé sont souvent les plus mal placés pour remettre en question leur modèle d’affaires », note Sandrine Talbot Lagloire, directrice générale de Bossard Canada, une filiale d’une multinatio­nale suisse spécialisé­e dans l’automatisa­tion des usines.

Ces changement­s ne doivent pas non plus relever seulement des équipes d’informatiq­ue ou d’ingénierie. « Les ingénieurs n’ont pas le monopole des bonnes idées. Les opérateurs,

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