Les Affaires

POUR MISER SUR UN MARCHÉ BAISSIER

Des distorsion­s à long terme pour les fonds à levier

- FNB BetaPro S&P 500 Haussier quotidien 2x (HSU) 8,28 S&P 500 TR USD Index ** Performanc­e depuis sa création le 17 juin 2008 jusqu’au 28 février 2018 Source: Horizons

Vous craignez que le marché haussier ait rendu son dernier souffle. Les FNB inversés peuvent vous permettre de miser sur une baisse des indices-vedettes. Ce pari est toutefois à vos risques et périls.

À long terme, le rééquilibr­age des contrats à terme fait en sorte que les variations du FNB s’éloignent du rendement inversé de l’indice de référence, prévient Ian Gascon. « Le problème, c’est que ça fonctionne pour une seule journée. Ce ne sont pas des investisse­ments à long terme. »

Outre les distorsion­s liées aux produits dérivés, M. Gascon pense que de parier contre les marchés est une stratégie contre-productive. « C’est possible que vous ayez raison pendant un mois ou trois mois, mais plus vous tentez de timer le marché, plus vous vous exposez à la possibilit­é de vous tromper. C’est difficile de prévoir la prochaine baisse. C’est loin d’être une solution optimale. La meilleure stratégie est de se diversifie­r et de ne pas prévoir les mouvements de la Bourse à long terme. »

Les rendements historique­s de ces fonds semblent donner raison à M. Gascon. Le FNB Betapro S&P/TSX 60 inversé (HIX) affiche un rendement annuel composé de -11,85 % depuis sa création en mars 2009. Pour le fonds inversé comparable du S&P 500 (HIU), le rendement annuel composé est de -14,63 % depuis 2010. Bref, à long terme, votre investisse­ment aurait été réduit comme une peau de chagrin.

La prévision

Il reste encore du chemin à faire pour le marché haussier américain, croit Martin Roberge. On se trouverait en ce moment en fin de cycle. Il estime donc qu’il reste encore un an de rendements modestes pour le marché, à moins d’une montée plus rapide des évaluation­s qui viendrait rapprocher l’échéance.

« C’est une période où la croissance des bénéfices est suffisante pour compenser l’effet

En plus du risque propre aux marchés boursiers, l’investisse­ur canadien qui achète des actions étrangères ajoute une diversific­ation de devise à l’équation. Vaut-il la peine de se protéger ? Les Canadiens sont très au fait du risque de devises, constate Daniel Straus. La plupart des fonds étrangers viennent maintenant avec une version protégée contre le risque de devise.

Évidemment, les produits utilisés pour réduire l’effet des variations des devises ont un coût qui s’ajoute aux frais de gestion, mais celui-ci est raisonnabl­e, juge M. Straus. « Ces produits dérivés sont très sécuritair­es, selon nous. Ils n’ajoutent pas vraiment de risque comme les autres fonds qui détiennent des produits dérivés. Ceux-ci sont bien compris par les gestionnai­res qui les utilisent. » En prenant une couverture contre le risque de devise, l’investisse­ur canadien renonce à une forme de diversific­ation utile à long terme, juge Ian Gascon, président de Placements Idema. Être surexposé au dollar canadien est une autre forme de risque. « Ça augmente notre exposition aux ressources naturelles. À long terme, des investisse­ments non couverts viennent réduire la volatilité du portefeuil­le. »

Prévision des devises

À quoi peut-on s’attendre pour les grandes devises ? Clément Gignac pense que le marché baissier pour le dollar américain par rapport aux grandes devises se poursuivra. « Les États-Unis sont en situation de déficits jumeaux, et présentent un important déficit budgétaire et commercial. Le cycle économique est très avancé aux États-Unis par rapport à l’Europe et au Japon, où la détente monétaire est plus présente. En plus, l’approche protection­niste va augmenter le prix des produits locaux aux États-Unis et la hausse des salaires va réduire la compétitiv­ité des entreprise­s. » Pourtant, le consensus économique anticipe de trois à quatre hausses du taux directeur par la Réserve fédérale (Fed). Une augmentati­on des taux n’est-elle pas favorable à la devise ? « Si les autres ne bougeaient pas, ce serait vrai, répond M. Gignac. Une simple attente de changement des politiques monétaires au Japon ou en Europe en raison d’une économie qui s’accélère fait en sorte que ce lien est beaucoup moins clair. D’ailleurs, en 1994-1995, la Fed augmentait plus rapidement ses taux que l’Allemagne, en même temps la valeur du dollar baissait. »

Pour le dollar canadien, M. Gignac est plus optimiste. L’incertitud­e entourant la négociatio­n de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) pèse sur le huard, qui s’échange sous sa valeur d’équilibre, croit l’économiste. Une fois que l’incertitud­e sera dissipée, notre devise devrait reprendre du tonus par rapport au dollar américain et à l’euro, selon lui.

L’année 2018 en sera une de stabilité pour le rapport entre le dollar américain et canadien, prévoit Martin Roberge, stratège et analyste quantitati­f de Canaccord Genuity. Pour les deux prochaines années, il croit, lui aussi, que le billet vert sera sous pression en raison des déficits jumeaux, notamment. Il est moins optimiste que M. Gignac pour le huard, par contre, parce que l’économie canadienne devrait moins bien performer qu’aux États-Unis, selon lui. « Le gros mouvement risque de se voir dans le rapport entre le dollar canadien et l’euro ou la livre sterling. Pour vos lecteurs, c’est le temps d’y penser, s’ils veulent aller en Europe, car ça risque de coûter plus cher dans deux ans. »

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