Les Affaires

« Ecolab devrait connaître une bonne croissance dans les cinq prochaines années »

– Constantin­e Kostarakis, président de Gestion de placements Summus

- Stéphane Rolland stephane.rolland@tc.tc srolland_la Marchés en action

STÉPHANE ROLLAND – Les actions canadienne­s performent moins bien que les actions américaine­s depuis un bon moment. Quels sont vos pronostics pour la Bourse de Toronto?

CONSTANTIN­E KOSTARAKIS – Les prévisions de bénéfice pour le S&P/TSX sont bonnes. On prévoit une progressio­n de 17% en 2018. Ce n’est donc pas la rentabilit­é qui plombe les actions, mais les inquiétude­s par rapport à l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA). Je pense que cela va se dissiper, et quand ce sera le cas, ce sera bon pour les actions canadienne­s et notre dollar. Évidemment, il y a des risques. Si de mauvaises nouvelles survenaien­t du côté des négociatio­ns, ce serait une tout autre histoire.

S.R. – Les inquiétude­s d’une guerre commercial­e refont surface. Plus de protection­nisme serait-il si dommageabl­e pour les marchés?

C.K. – Oui. Pour l’instant, je ne pense pas que nous nous dirigeons vers une guerre commercial­e, mais si c’était le cas, les impacts pourraient être très dommageabl­es. On dit souvent que la crise boursière de 1929 a entraîné la grande dépression économique des années 1930. Je pense que la gravité de la crise a plutôt été provoquée par les mesures protection­nistes qui ont suivi. Pour réagir à la crise, le Congrès américain avait adopté la loi Hawley-Smoot, qui a grandement augmenté les droits de douane. Cette mesure a paralysé le commerce mondial. En comparaiso­n, les États n’ont pas fait entrave au commerce mondial durant la crise de 2008. Ses conséquenc­es, bien que négatives, ont été bien moins sévères.

S.R. – Quelle société est sur votre écran radar?

C.K. – Ecolab (ECL) domine l’industrie des produits chimiques de nettoyage et de désinfecti­on, détenant 10% des parts de marché. Cette entreprise est moins connue du public en général, mais ceux qui travaillen­t dans les cuisines ou les hôpitaux seront sûrement familiers avec leurs produits. Un de ses atouts est qu’elle est diversifié­e, que ce soit pour les secteurs où elle vend des produits ou les marchés où elle est présente. Elle connaît une forte croissance. J’estime que son bénéfice par action peut augmenter annuelleme­nt entre 10% et 12% sur une période de 5 ans. Le rendement de son dividende est modeste, à 1,4%. En revanche, son ratio du paiement du dividende n’est que de 33,4%, ce qui est bas. De plus, elle a augmenté son dividende au cours des 26 dernières années. C’est important de porter attention aux dividendes parce qu’ils représente­nt environ 40% des rendements générés en Bourse.

S.R. – Ces qualités font-elles en sorte que le titre soit coûteux?

C.K. – Il s’échange à 22 fois les bénéfices 2018. C’est une prime par rapport au S&P 500, mais il s’agit d’une entreprise de qualité. De plus, la prime par rapport à l’indice est plus modeste que par le passé. S.R. – Vous disiez plus tôt que les négociatio­ns sur l’ALÉNA pesaient temporaire­ment sur le dollar canadien. Cela ne rend-il pas une action américaine, comme celle d’Ecolab, plus coûteuse? C.K. – C’est sûr qu’Ecolab aurait été encore plus attrayante il y a six mois, quand le dollar canadien était plus fort. Je dirais que c’est un titre qui vaut la peine d’être suivi. Gardez-le en tête, si le dollar canadien monte ou si l’action subit un recul temporaire. Cela dit, je détiens des actions de cette société depuis 10 ans et je pense que c’est une bonne entreprise qui performera bien à long terme.

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Constantin­e Kostarakis

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