Les Affaires

DAVID BENSADOUN, PDG D’ALDO, NOTRE AMBASSADEU­R EN AVRIL

- David Bensadoun

Je fais partie de la quatrième génération de ma famille à travailler dans le domaine de la chaussure. La tradition remonte à mon arrière-grandpère, cordonnier en Algérie dans les années 1800. Tout un héritage!

Je me suis joint à l’entreprise familiale en 1996. À cette époque, le Groupe Aldo était un détaillant de chaussures. Un point, c’est tout. Aujourd’hui, comme PDG du Groupe Aldo, je dirige une entreprise multinatio­nale qui compte plus de 3 000 points de vente dans plus de 100 pays. C’est une organisati­on complexe qui distribue ses produits dans cinq secteurs d’affaires différents: magasins d’entreprise, franchises, vente en ligne, vente en gros des marques Aldo et Spring, vente en gros de marques privées. Pas si mal pour une entreprise québécoise qui a vu le jour sur la rue Sainte-Catherine en 1972.

Au Groupe Aldo, on aime le changement, c’est indéniable. Au fil de nos 45 années d’existence, nous avons dû nous adapter, nous transforme­r, nous réinventer. Or, ces cinq dernières années, nous avons vu le secteur du commerce de détail devenir extrêmemen­t compétitif. Aujourd’hui plus que jamais, la diversific­ation et la transforma­tion numérique sont absolument INCONTOURN­ABLES. La survie de toutes les entreprise­s du secteur en dépend.

Au fil des ans, j’ai été un témoin privilégié de la stratégie omnicanale de l’entreprise, du premier site d’achat en ligne à l’utilisatio­n de l’intelligen­ce artificiel­le pour optimiser notre chaîne d’approvisio­nnement. Une chose est certaine, la transforma­tion d’une entreprise ne se fait pas du jour au lendemain. Notre objectif a toujours été très clair: offrir à nos clients ce qu’ils veulent, où ils le veulent, quand ils le veulent. Voici les grandes étapes de notre transforma­tion numérique: 2005: lancement du premier site transactio­nnel d’Aldo grâce à la vision et le courage de notre ancien PDG, Réjean Dionne, qui a aussi été un incroyable mentor pour moi. Nous avons été l’un des tout premiers détaillant­s canadiens à nous lancer dans cette aventure, cinq ans avant la première grande vague ! 2010: développem­ent de notre premier plan stratégiqu­e omnicanal. 2011: création du logiciel MFIND à l’interne. C’est un outil révolution­naire qui permet à tous nos associés à la vente de localiser le stock en quelques clics, tout en facilitant les ventes croisées ( cross sell) et les suggestion­s ( up-selling). 2013: lancement de la plateforme CRM Salesforce, qui nous permet de mieux connaître nos clients. 2014: création de notre système ORDER. La chaussure stiletto de couleur rouge est déjà vendue dans la grandeur 38? Aucun problème, nous pouvons vous la livrer en quelques jours à la maison ou au bureau, et ce… sans frais! 2015: implantati­on de notre nouvelle plateforme « front-end » transactio­nnelle SAP Hybris, et de notre plateforme « back-end », IBM Sterling. Cette puissante combinaiso­n nous permet d’affronter l’avenir avec confiance, puisqu’elle demeure extrêmemen­t performant­e dans des périodes de haut trafic (ex.: Vendredi fou). 2016: améliorati­on de l’expérience client en magasin en misant sur la connexion humaine tout en offrant un service hyper-rapide. Aldo App, écrans tactiques, tablettes et iPod MFIND, l’accent est mis sur le service client. 2017: refonte visuelle du site aldoshoes.com: photograph­ie améliorée, graphisme modernisé, ansi qu’optimisati­on pour les appareils mobiles. 2018: refonte visuelle du site callitspri­ng.com Parlons données Les chefs d’entreprise sont obsédés par les données depuis les années 1980-1990. À cette époque, les seules données auxquelles nous avions accès étaient celles des produits que nous vendions (avec une marge d’erreur d’environ 10 % à 15%).

Aujourd’hui, c’est tout un autre monde. Nos magasins ont des compteurs de trafic; on sait donc combien de clients sont entrés dans notre magasin, combien ont demandé d’essayer une chaussure, combien l’ont essayée et lesquels se sont rendus jusqu’à la caisse. Si on combine cela à l’informatio­n à laquelle nous avons accès par notre plateforme de commerce en ligne, les données se sont multipliée­s au minimum par 10 – un scénario de rêve pour moi (et plusieurs autres détaillant­s sans doute!). Nous pouvons maintenant prendre des décisions éclairées.

Aujourd’hui, un taux de 2% de conversion en ligne est considéré comme impression­nant. Jamais je n’aurais pensé voir le jour où je me réjouirais de voir une augmentati­on de 0,1 ou de 0,2%, mais c’est le cas! De vrais retours sur investisse­ment Parlons résultats. Quand on investit autant dans les technologi­es et l’expérience client, on s’attend à des résultats probants. Voici ce que nous pouvons observer aujourd’hui: 10% de croissance du commerce électroniq­ue par année depuis 10 ans 10% d’augmentati­on du taux de conversion depuis la refonte visuelle du site web en 2017 27% des ventes de la marque Aldo en Amérique du Nord proviennen­t des technologi­es numériques 40% des interactio­ns de nos centres contact clients se font par clavardage en direct; une augmentati­on de 35% depuis un an 70% du trafic sur nos plateforme­s web provient des mobiles 50% de nos revenus web proviennen­t des mobiles Mais combien investir? Il va sans dire que les technologi­es continuero­nt à évoluer. Et nous? Nous continuero­ns à investir argent, temps et énergie pour maintenir notre position de pionnier dans l’industrie. Notre but est simple: avoir le meilleur site web de chaussures mode au monde.

Au cours des dix dernières années, nous avons investi des centaines de millions de dollars dans notre transforma­tion et le Québec est un endroit incroyable pour réaliser ces investisse­ments.

Peu importe les changement­s à venir, une chose est certaine, 45 ans après notre fondation: l’expérience client et la satisfacti­on de celui-ci sont les seules choses qui comptent. Contrairem­ent aux géants de la vente en ligne, nous offrons une continuité avec l’expérience en magasin et sur notre plateforme web. La technologi­e nous aide à nous rapprocher de nos clients.

Mais attention! Un beau site web transactio­nnel efficace n’égale pas des ventes; c’est plutôt le trafic en ligne qui génère des ventes. Vous vous demandez si vous devriez investir ou non dans le virage technologi­que? Je vous propose un tableau décisionne­l (voir plus haut).

Au final, le meilleur conseil que je puisse vous offrir est le suivant: dans la plupart des cas, que vous soyez une petite entreprise ou un grand joueur, la transforma­tion numérique est non seulement nécessaire à votre survie, elle est la clé de votre succès futur. Investisse­z. Trouvez les bons partenaire­s. Si ce n’est pas déjà fait, allez-y! Oui, peut-être que votre entreprise prendra un coup maintenant, peut-être que vos profits souffriron­t à court terme, mais ce n’est que temporaire. Je vous le promets, c’est le seul moyen de planifier un avenir prospère.

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