Les Affaires

Attention, fragile

- Julie Cailliau Rédactrice en chef, Groupe Les Affaires julie.cailliau@tc.tc @julie140c

Le Plan économique 2018-2019 du gouverneme­nt du Québec prévoit 103 millions de dollars pour les proches aidants et les aînés. Ne nous emballons pas, le montant s’étale sur cinq ans. On parle donc plutôt d’environ 20 M$ par année à compter de l’exercice 2018-2019.

Avec cette somme, on prévoit offrir un répit aux aidants naturels, reconnaîtr­e la contributi­on de la relève bénévole, mieux équiper les aînés pour qu’ils conservent le plus possible leur autonomie, et encourager la cohabitati­on multigénér­ationnelle.

Autrement dit, on veut faire beaucoup de choses avec 20 petits millions. À défaut d’avoir la capacité de guérir, la mesure a le mérite de prendre acte des maux du vieillisse­ment, ceux de la dépendance, à nos proches et au système de santé.

Les publicités pour les prothèses auditives et les maisons de retraite peuvent bien présenter des couples aux cheveux d’argent, tout sourire, marchant au grand air, l’oeil pétillant... en pratique, vieillir est moins glamour (euphémisme).

Pour cette grand-mère de ma connaissan­ce, vieillir, c’est un lit médicalisé, une marchette qui prend la poussière depuis qu’elle a été remplacée par un fauteuil électrique, utilisé presque uniquement à l’heure des repas, pris dans un grand réfectoire où on n’entend que les bruits de fourchette, parce que les résidents ont abandonné l’idée de se parler depuis longtemps, la majorité n’entendant plus grand-chose; c’est une sonde urinaire, des médicament­s pour la pression artérielle, le choléstéro­l, la neuropathi­e; c’est un téléphone cellulaire adapté à commande vocale pour garder le contact avec la famille et les amis, qui viennent souvent, mais jamais aussi souvent que l’infirmière et le physio (très gentils, au demeurant); c’est une unité (traduction: une chambre avec salle de bains attenante) dans une seniorerie médicalisé­e avec un joli parc qu’on ne visite bien souvent que par la baie vitrée.

Le poids démographi­que des Québécois de 65 ans et plus passera de 15,7% en 2011, à 25,2% en 2031, selon le scénario de référence envisagé par l’Institut de la statistiqu­e du Québec (et jusqu’à 32,8% en 2061). Puisque vieillir, c’est un tas de besoins particulie­rs, il y a de la place pour des entreprene­urs comme celui en manchette de ce numéro, Réal Bouclin, à la tête du promoteur immobilier Réseau sélection, spécialisé dans les résidences pour aînés.

L’important sera de se souvenir que le marché gris n’est pas un marché comme les autres. Il est dépendant ou en • voie de l’être. Vulnérable. À servir avec soin.

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