Une politique bioalimentaire muselée par la réglementation
eaucoup d’espoirs sont fondés dans la politique bioalimentaire que vient d’annoncer le gouvernement du Québec. Les objectifs sont louables, mais les moyens sont limités. Il faudra compter sur le dynamisme des entreprises agricoles et les milieux liés à l’alimentation pour obtenir les résultats espérés.
Cette politique comprend quatre grandes orientations : 1. Diversifier l’offre de produits pour les consommateurs d’ici et de l’étranger en améliorant leur qualité, en les valorisant et en les faisant mieux connaître ; 2. Appuyer le développement et l’efficacité des entreprises en les encourageant à investir dans leurs infrastructures de production et de transformation, l’innovation, le développement des compétences, la recherche et les chaînes de valeur ; 3. Rendre les entreprises plus attrayantes pour la main-d’oeuvre et plus soucieuses de la santé, de la sécurité, de la protection de l’environnement et du bien-être animal ; 4. Valoriser les territoires agricoles en les protégeant, en les pérennisant et en mettant en valeur leurs spécificités.
Les sommes consacrées aux intitiatives qui soutiendront ces objectifs sont plutôt modestes: 349 millions de dollars en cinq ans. Or, comme le budget du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) n’a pas connu d’augmentation pendant quelques années, force est d’admettre qu’une partie de ces nouveaux crédits constitue une forme de rattrapage.
Selon le gouvernement, cet appui devrait permettre à l’industrie d’investir 15 milliards de dollars d’ici cinq ans, d’accroître les exportations bioalimentaires de 6 G$, d’ajouter 10 G$ dans de contenu québécois dans nos assiettes, de doubler à 90000 hectares les superficies de production biologique et d’améliorer la valeur nutritive des aliments transformés au Québec.
Ces résultats sont peut-être optimistes, mais on peut penser qu’ils seraient bien supérieurs si cette politique était accompagnée d’une certaine déréglementation des pratiques de l’industrie agricole, comme l’avait recommandé il y a dix ans le rapport Pronovost, du nom de Jean Pronovost, président de la commission qu’il a présidée sur l’avenir de l’agriculture québécoise.
L’essentiel de ce rapport a été oublié, car il mettait en cause le monopole de l’UPA, l’intouchable et puissant syndicat des producteurs agricoles, qui a autant d’influence que le MAPAQ sur la gouvernance de l’agriculture au Québec.